MARINA JACARE.
En début d'après-midi le jour de notre arrivée un représentant de la marina nous aborde en annexe. Il m'invite à monter à bord et me conduit jusqu’aux pontons. Il me montre une place afin que je lui valide l'emplacement pour Graoully. Je monte sur le catway et mesure au pas la largeur. Un peu plus de 7 grands pas soit un peu plus de 7,00 mètres. Nous mesurons 7,40m ! Un peu juste mais je pense que ça ira et je valide.
Le temps pour nous d'installer les haussières aux quatre angles du bateau, de mettre des défenses tout autour et nous nous rendons au moteur au dit emplacement.
Je me place bien dans l'axe, fais une manoeuvre de rotation sur place et nous reculons à très petite vitesse jusqu'au ponton. La largeur est effectivement bonne, il reste environ 30 cm de chaque coté.
Marie lance les haussières qui sont fixées au ponton par un marin. Je remets la marche avant pour tendre les amarres arrières et Marie va à la proue pour lancer les haussières avant à un autre marin qui les fixe à des pendilles fixées au fond de l'eau. Nous complétons par des gardes latérales et ça y est nous sommes enfin amarrés pour quelques mois !
Nous nous rendons au bureau de la marina où nous faisons connaissance avec Karina, la Femme de Nicolas qui lui est absent quelques jours et dont nous ferons la connaissance plus tard.
Notre première impression sur la marina est très positive. Le grand espace commun est convivial et permet de nombreuses et belles rencontres avec les autres navigateurs. Une quinzaine de bateaux Français sont à quai et nous faisons rapidement connaissance ou retrouvons avec plaisir certains que nous avions connus à Mindelo comme Mathieu et Inès du bateau Agapé.
Nous prenons du repos les premiers jours car nous avons vraiment besoin de récupérer de notre traversée et mis à part quelques courses au supermarché carrefour nous passons principalement notre temps à dormir ou à lire. Marie-Claire rattrape son retard sur son carnet de voyage et moi je fais de même avec le blog qui est encore enlisé au cap vert !
Le dimanche nous faisons la connaissance de Nicolas le patron de la marina rentré de son voyage en France qui nous propose de réserver un taxi pour le lendemain afin que nous puissions aller faire nos formalités qui doivent être faites dans les 72 heures de notre arrivée.
Nous ne sommes plus guère habitués en Europe avec ces formalités que nous avons plus ou moins oubliées mais ailleurs elles sont bien présentes et souvent laborieuses à réaliser en navigation. L'occasion de faire un petit point sur les différentes procédures selon les pays lorsqu'on arrive en bateau.
En Europe tout est simple, si l'on est ressortissant Européen, aucune déclaration à faire sauf aux canaries où nous avons dû à Las Palmas remplir un formulaire d'entrée et sortie du port auprès des autorités policières portuaires sans que le passeport ne soit tamponné.
Au Maroc après un bref passage au bureau des douanes de la marina pour contrôle des passeports, tout se passe ensuite au bateau où police, douanes, et brigade canine de contrôle de stupéfiants, montent à bord pour fouiller, interroger, renifler, confisquer éventuellement avant de tamponner nos passeports.
Le cap vert restera une exception tant les formalités sont simples et l'accueil par les autorités extrêmement sympathique. Ce qui nous permet de constater que le travail de l'immigration et de la police peut-être fait sérieusement sans afficher une tête de bouledogue en colère comme c'est très très souvent le cas ( y compris en France lors de contrôles inopinés) mais au contraire avec un sourire et un "bienvenue au Cap Vert" jovial !
Lorsque nous sommes entrés au Brésil par San Fernando de Noronha il faut reconnaitre que les formalités ont été simples et surtout réalisées au même endroit quelque soit l'autorité concernée. Là aussi l'accueil a été très agréable et souriant.
A Jacaré Nicolas nous propose donc de prendre un taxi, le chauffeur qu’il connait bien nous conduira à Joao Pessoa pour rencontrer les autorités concernées. Le taxi connait les intervenants ce qui simplifie bien les choses car si nous n'avons pas eu besoin de rencontrer le service de l'immigration puisque nous avions fait notre entrée à San Fernando, par contre il nous a fallu nous rendre tout d'abord à la Receita fédérale pour enregistrer l'entrée du bateau sur le territoire de l’état du Paraïba puis à l'autre bout de la ville la police maritime pour l'enregistrement des personnes à bord de Graoully, du code de notre balise de détresse Epirb, et de notre numéro MMSI. Nous sommes partis à 9H et sommes rentrés à 11H30. Nos amis mathieu et Ines ont mis quant à eux 7 heures pour tout finaliser.
C’est souvent un vrai parcours du combattant d’autant plus quand on ne comprend pas la langue du pays et que les interlocuteurs ne parlent pas anglais. Par chance ce ne fut pas notre cas et nous avons pu échanger en anglais avec les deux instances concernées !
Nous prenons notre rythme dans cette marina et nous apprécions d’avoir du temps pour nous. Nous passons plusieurs heures par jour à échanger avec d’autres navigateurs dans le vaste espace central.
On s’inquiète de ceux qui ne sont pas encore là, on s’étonne du changement de programme de certains, bloqués aux Canaries ou ailleurs, on récupère aussi des informations pour aller visiter le Brésil. On récupère les bonnes adresses pour les achats, le marché, les loueurs de voitures…
On puise des connaissances dans les histoires et aussi dans les yeux pétillants de ceux qui finissent leur tour du monde, partis il y a 4-5 ans parfois beaucoup plus et qui s’apprêtent pour certains à rentrer en France ou pour d’autres à repartir pour une nouvelle boucle car le retour à terre leur fait désormais peur… ! Peur de l’ancrage terrestre, peur des limites, peur de ne plus reconnaitre l’autre naguère si proche… Nous écoutons Marie et moi toutes ces vies qui se content !
Le voyage façonne, transforme ! Qui serons nous à l’issue ? Serons nous encore reconnaissables ? Saurons nous encore reconnaitre ? Nous prenons conscience en écoutant tous ces gens que le voyage est bien plus qu’un voyage géographique c’est une machine à transformer les Etres !
Nous chargeons l’application Uber et nous déplaçons principalement avec ce moyen qui est très rapide cet peu cher
Nous en prenons d’ailleurs un pour nous rendre à la plage de Cabedelo sur laquelle nous marchons avec plaisir plus de deux heures. Nous observons beaucoup d’oiseaux que nous ne connaissons pas par chez nous. Des urubus noirs, charognards qui dépècent un cadavre de poisson rejeté par l’océan, des perroquets qui ont niché dans le tronc d’un cocotier cassé net à 7-8 mètres de haut. Ils sont beaux jaunes et bleus. Des frégates elles aussi en quête de quelques poissons morts. Des petits oiseaux gris et blancs qui nous font penser par leur comportement à des hirondelles. Quelques gravelots que nous rencontrons également en France qui, infatigables, suivent le mouvement va et vient des vagues de leurs petits pas rapides tout en mettant des coups de becs pour glaner quelques petits crustacés.
Nous faisons une pause à l’ombre de quelques cocotiers dans un petit bar de plage où nous consommons pour ma part un jus de maracuja dont je suis fan et Marie une eau de coco bue directement dans la coque.
Le capitaine du bateau sur lequel ils sont équipiers est bien original aussi. Spécialiste en informatique il a écrit une dizaine de livres sur le sujet, il en écrit un actuellement sur les équipiers en navigation. Il est sonneur Breton et pratique donc la flute, la cornemuse et le biniou en virtuose et fait de plus partie d’un groupe qui collecte tous les chants bretons anciens afin de les préserver de l’oubli.
Nous décidons de partager une ballade jusqu'à la Barra de Canau et Pipa. Nous y sommes conduits en 4X4 pas un Belge installé au Brésil depuis plus de 20 ans. Le coin est très joli et nous nous baignons dans des piscines naturelles avant de déjeuner dans un restau du bord de plage de très bonne qualité.![]() |
SINGES OUISTITIS DANS L'ECOPARC DE PIPA |
Un soir le 21 février pour être précis, Marie m'a préparé une petite surprise. Elle a proposé à tous les bateaux copains de partager un repas ensemble pour mon anniversaire! Bien sûr je n'étais pas informé et ce fut une très belle soirée d'autant plus que certains partaient pour la Guyane peu de temps après.
Arrivé sur site nous partons pour une marche de deux heures sur une petite route qui serpente le long de la côte. Nous y avons croisé des ouistitis et des oiseaux que nous ne connaissons pas.
Nous reprendrons un bac qui nous conduit à Cabédélo d'où nous sauterons dans un Uber.
Nous faisons la connaissance de Jules et Marion, un couple de jeunes Français très attachant qui repartira avec Dino, Sarah et Achille pour une première expérience en bateau après un long road trip en Amérique du Sud. Avant de partir Jules dessine sur le mur de la marina le logo du bateau sur lequel ils vont embarquer.
Après un mois à Jacaré nous décidons de bouger et d'aller visiter un peu un autre état. Nous avons défini notre parcours pour les prochaines semaines et je réserve sur le site Localiza (Groupe Hertz) une voiture SUV boîte auto que nous récupérons pour partir dès le lendemain.
Notre parcours d’environ 3.000km devrait nous faire découvrir une toute petite zone du Brésil, pays de la démesure puisque grand comme 15 fois la France !
Pour finir cette première partie sur Jacaré je joins les pages du carnet de voyage de Marie