DE SCANDOLA à ROCAPINA
L'équipage de cette année:
Marie-Claire et moi
Denis et Steph
Madeleine.
Tous les trois étaient déjà avec nous pour naviguer aux Antilles au début de l'année.
A noter que tous les textes sont mis à la première personne mais ils sont inspirés de notre journal de voyage tenu journellement et alternativement par chaque membre d'équipage.
Vendredi 22 Juin 2018
Partir en vacances, mots magiques ! Parenthèse tant attendue ! Attendre, préparer, rêver, c'est déjà partir.
Et puis voilà ça y est !
Aujourd'hui grand soleil et nous dévalons la France pour retrouver "Folie des Maire" le Lucia 40 de la famille Maire qui nous attend sagement dans sa darse.
La vie en bateau si différente de notre vie ordinaire va reprendre. Comme si c'était elle notre véritable existence entrecoupée de temps à terre!
La route avalée ( 9h00 de voiture ) il est 15h lorsque nous entrons chez Brise Marine notre loueur.
Nous faisons les dernières formalités administratives avec Karine et c'est le Papa de la famille qui fera le check-in du bateau avec moi, Florent étant en cours de convoyage d'un bateau depuis La Rochelle avec son autre soeur Gaelle.
Le bateau n'est pas dans la darse habituelle car celle-ci est en travaux et nous retrouvons le Lucia 40 que nous connaissons bien, à Saint Mandrier au ponton du port.
Pendant que je fais l'état des lieux, le reste de l'équipe achemine les bagages au bateau.
Pour nous remettre nous allons boire un coup au petit café juste en face du port puis nous partons pour le "grand plaisir" que tout le monde attend !! L'avitaillement !
Nous gagnons l'hyper le plus proche et repartons avec 5 caddies pleins: 100 litres d'eau, 10 litres d'eau pétillante, 4 cubis de rosé, 2 gros packs de bières et je ne parle pas de la nourriture !!
Retour au bateau et déchargement rangement pour les filles pendant que Denis et moi amenons nos voitures respectives dans le parking de brise marine. Nous avons pris soin de réserver un taxi pour le retour. Tout ça a pris beaucoup de temps et nous sommes de retour à 19h15.
Enfin nous pouvons sortir du port, puis de la rade de Toulon et prendre le chemin de la baie des langoustiers à Porquerolles.
En chemin nous croisons nos deux premiers dauphins.
Nous mouillons alors qu'il fait presque nuit, nous dinons vite fait, puis dodo car les paupières sont lourdes après cette journée bien dense.
Samedi 23 Juin 2018
Une belle journée s'annonce, ballade à terre puis 24 heures de navigation.
Nous mettons l'annexe à l'eau et gagnons le rivage sur la presqu'île du langoustier. Le concert des cigales vient de commencer et les effluves des différentes essences de la végétation ponctuent le chemin.
On chantonne "on dirait le sud" de Nino Ferrer.
Marie et Steph nous font redécouvrir thym serpolet, menthe poilue, myrte et autres eucalyptus... j'en oublie.
Marie et Steph nous font redécouvrir thym serpolet, menthe poilue, myrte et autres eucalyptus... j'en oublie.
Les filles en font de petits bouquets pour désodoriser les toilettes du bateau.
Avec Denis nous marchons devant jusqu'au fort où nous espérons débusquer notre première géocache des vacances mais nos recherches resteront vaines !
Au retour juste après l'apéro soit vers 11h30 nous nous régalons d'une salade de riz et d'une autre tomate-mozzarella.
Puis il est temps de se préparer pour la navigation et une fois le bateau prêt, à 13h30 nous levons l'ancre. L'objectif du séjour est de rejoindre la baie de Girolata en Corse, puis de descendre plus au sud de l'île.
La GV est levée et nous avons une belle brise qui nous fait avancer à 5/6 noeuds avec une houle formée pas très agréable, presque de face...
Les îles d'Or s'éloignent doucement. J'aime l'éloignement progressif que procure le bateau.
Nous avançons bien mais les estomacs de certains sont au bord des lèvres... à l'heure du gouter je donne l'alerte : des dauphins ! deux groupes pour plus de vingt individus. Ils se raprochent de nous et viennent nager, jouer dans les étraves. Le spectacle fait oublier les estomacs à l'envers !
Les prévisions annoncent une chute du vent puis de la houle. La première se fait rapidement sentir mais la houle persistera et durera trop longtemps au gout de certains !
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Je regarde une dernière fois l'évolution de la météo bientôt nous n'aurons plus de signal. |
Quoiqu'il en soit le vent étant tombé nous sommes contraints au moteur .
Le repas du soir ne tente pas grand monde, et le poulet colombo que Steph avait concocté avec amour n'a pas grand succès et d'ailleurs Denis en allant mettre sa tête à l'envers dans la cage d'escalier du carré pour allumer les feux de navigation ira ensuite rejeter son repas aux toilettes.
5 Heures, c'est l'heure !
Début du quart.
La lumière point à l'horizon.
Des phares s'éclairent.
Deux dauphins viennent me saluer
Premiers oiseaux
Bientôt la terre. Les larmes me montent aux yeux
C'est bon la vie
(Poésie - Marie-Claire)
Le soleil se couche et nous organisons les quarts pour la nuit, je prends le premier de 23 heures à une heure du matin avec Madeleine qui n'est vraiment pas dans son assiette ! Elle tente d'écrire quelques alexandrins pendant que je résiste non sans mal à dormir car mes paupières sont lourdes. Avec le moteur nous sommes en pilote auto et j'ai renvoyé les informations du gps du navire sur mon iPad au poste de barre. Avec l'AIS on est plus tranquilles en voyant quelques cargos passer au loin. C'est qu'ils vont vite les bougres !
Une demi lune nous éclaire et quelques étoiles s'accrochent au haut du mat. Bonheur simple des quarts de nuit.
Il est rapidement une heure et Marie prend le relai avec Steph. Je regagne la cabine pour deux heures de repos. Je m'endors tout de suite.
Madeleine nous racontera qu'à peine couchée le repas du soir n'est définitivement pas passé !! Elle nous épargne les détails.
Dimanche 24 juin 2018
A 3 heures mon alarme téléphone sonne et je prends le quart suivant avec Denis. Nous sommes emmitouflés pour nous protéger de la fraicheur nocturne et de l'humidité.
La lune s'est couchée et la nuit est noire désormais, on apperçoit quelques lucioles au loin, sûrement quelques feux de bateaux en navigation.
La grande ourse est dans notre dos et on aperçoit du plancton phosphorescent qui illumine notre sillage.
Nous sommes cap au 140 et côte à côte nous devisons tous les deux sur d'autres horizons, passés ou à venir.
L'est blanchit, rosit, blêmit, pas de verbe pour dire qu'il prend toutes les nuances de l'orange. La Corse commence à festonner ses pointes à l'horizon. Les lucioles s'éteignent au fut et à mesure que le jour se lève.
Et il est déjà 5H, l'heure de la relève. Je laisse ma place à Marie, nous échangeons quelques mots, un petit calin et tout comme Denis je regagne ma couche pour un dernier cycle de sommeil.
Le jour arrivant les petits déjeuner s'échelonnent suivant la récupération des uns et des autres, entre les fins de quart et les fins de repos alors que les côtes Corses sont bien visibles désormais mais tout est encore bleu, pas de couleur autre pour le moment.
Plus le soleil monte, plus la vaillance revient à l'équipage. L'Homme est diurne, la nuit il faut lutter si l'on veut rester éveillé et vigilant.
Le vent est complètement tombé la mer s'aplatit et s'étale.
Le Capo Rosso est repéré ainsi que la barrière rouge de Scandola. Plus loin dans les terres un
Des dizaines de dauphins viennent à notre rencontre pour nous souhaiter la bienvenue en Corse.
Des millions de pixels vont tenter d'immortaliser l'instant mais rien ne vaut les yeux et notre mémoire.
Au vieil Apache qui scrutait la plaine et à qui je demandais ce qu'il faisait, il me répondit : "je suis collectionneur d'images" raconte Tony Hillerman
A 17 heures ...le bateau s'anime autour d'un café et d'une tablette de chocolat aux graines de sésame grillées. Tout ceci se passe dans la cala Muretta où l'ancre a été jetée à la bermudienne. Cette anse est située dans la baie de Girolata. Chacun vaque à ses occupations laisse passer le temps au-dessus de nos têtes. Steph est partie glaner aux champs, Madeleine rapporte un casque de chantier de la plage, Marie et moi peaufinons une haussière à terre et Denis suçote du chocolat.
La première journée se termine ensuite par un très bel apéro dans un décor plutôt merveilleux.
Au lit car la journée et la nuit dernière furent longues.
Nous nous retrouvons autour du petit déjeuner qui s'éternise. Steph nous dit qu'elle adore, ça fleure bon les vacances.
Le soleil est bien présent et la chaleur monte tant et si bien que Marie et Madeleine vont faire une balade en kayak tandis que Denis , Steph et moi allons faire un tour en palmes-masque-tuba (PMT) le long des parois rocheuses
Les fonds au-delà du cap sont superbes. Il y a de profonds canyons avec des zones très profondes. Je vois une sorte de gobie rouge qui mimétise avec le fond de roches et de plantes ; impressionnant car c'est quasi instantané. Il y a aussi deux étoiles de mer et deux petites branches de coraux rouges dans une anfractuosité ! magique.
Les filles reviennent enchantées de leur ballade en kayak, chargées de quelques cochonneries qui trainaient de ci de là.
En fin d'après midi nous tentons une escapade en annexe pour Scandola mais le clapot au delà du cap est trop important, nous sommes vite trempés et rebroussons chemin. Au retour nous observons un balbuzard dont la tête dépasse de son nid.
Repas du soir et dodo.
Mardi 26 juin 2018
Debout à 6h30 pour une randonnée concoctée par Denis sur la réserve de scandola, coté terre.
Denis a collecté les points GPS de cette rando sur le site d'une personne qui l'a déjà faite.
Nous allons attaquer cette randonnée par le village de Girolata que nous rejoignons en annexe.
Que de bouées d'amarrage ici !!! il faut dire que ce coin paradisiaque n'est accessible que par la mer.
Succès garanti pour cette randonnée dès l'arrivée au port où l'on se fraye un passage entre les barcasses et autres gros bateaux.
On veut demander l'autorisation de laisser l'annexe mais la capitainerie est fermée. On s'installe en attendant à la terrasse du café sur la plage et buvons un petit café.
8h15 la belle employée de la capitainerie nous autorise à amarrer l'annexe sur la plage et à vider nos déchets à la déchèterie.
Denis et moi décidons de ne pas mettre de pantalon et Steph est bien contente d'avoir pris ses chaussures de marche.
On s'engage gaillards sur le chemin en pente mais plein de promesses : fleurs, paysages aussi différents qu'il y a de regards à donner.
Voici déjà la patte d'oie au niveau du chemin "maré et monti", le notre doit bifurquer à gauche vers les crêtes. Une petite grimpette et voici l'endroit pour larguer les sacs étanches sous un vieil olivier.
Bien vite notre sentier deviendra chemin de transhumance. Nous suivons les crottes de mulets qui semblent nous mener vers la cime. Que nenni ! nous voilà à quatre pattes, puis presque ventre à terre pour progresser dans le maquis !
Où sont les cairns, les traces humaines que nous devions suivre ? Parfois ici, soudain plus là !
"Nous ne sommes pas assez attentifs" dit Marie.
Pourtant nous ne sommes pas trop de cinq pour suivre le chemin, il est vrai que l'odeur enivrante de la myrte et de la ciste nous fait perdre le sens de l'orientation, aussi quand le premier perd le cap c'est le dernier de la file qui reprend la tête du convoi.
Nous sommes 250 mètres au-dessus de la mer, l'étage des romarins. Nous sommes fouettés à coup de branches chargées d'huiles essentielles et nous voici bientôt prêts à cuire au soleil de midi !
Après une merveilleuse tartine de fromage et jambon sous une falaise-porche avec vue sur la baie, nous entamons le retour avec en tête la promesse d'une bonne bière pour les uns et d'un gros magnum pour les autres !
Comme nous sommes décidés à ne plus ramper par terre, l'attention collective se met à rechercher activement les repères du chemin officiel. Bravo Denis nous voici à 14 heures devant notre planque à sacs bateau.
Une petite géocache en arrivant au village sur une ancienne aire de battage et nous voici comme prévu devant une Piétra bien fraiche (Piétra est le nom de la bière locale à la châtaigne).
et une glace pour Madeleine et Marie.Beaucoup de touristes à Girolata ... et autres convives ! |
De retour au bateau, nous avons un nouveau bateau-voisins, deux bateaux accrochés l'un à l'autre et des scarabées noirs visiblement ivres d'amour !
Baignade pour les Filles et activité culturelle pour les Hommes !! Et oui il y a foot en cette fin de journée : Suède/France 0-0 !
L'apéro dinatoire est comme le reste de la journée, divin !
Un fromage de chèvre exceptionnel avec confiture de figue et miel, le tout acheté sur cette plage de Girolata la belle! Face à cette côte magique que nous déchiffrons différente le matin et le soir, la lumière et nos moments partagés nous animent.
Mercredi 27 Juin 2018
Lever tôt à 6h30, nous irons prendre le petit déjeuner dans un endroit un peu plus solitaire. En effet si les deux gros bateaux à moteur qui mouillent presque contre nous depuis hier sont plutôt sympa, nous avons besoin d'un peu plus... d'authenticité...
Marie plonge à l'eau qui est un peu fraiche à cette heure pour décrocher la haussière fixée à la paroi dans un anneau naturel de roche.
Marie prend la barre et l'ancre relevée, nous partons direction la réserve de Scandola que nous visiterons en annexe aujourd'hui.
Départ au moteur car il n'y a pas un souffle de vent à cette heure. La navigation est courte et nous mouillons en solitaire dans la merveilleuse anse de Gattaghia qui est située au tout début de la réserve coté Girolata. C'est un mouillage de jour uniquement, tout mouillage de nuit étant interdit dans tout le parc marin.
La belle anse de Gattaghia |
C'est encore encore à l'ombre des grandes églises de roches roses qui nous entourent que nous prenons notre petit déjeuner. C'est dans ces décors grandioses que nous embarquons dans l'annexe après avoir fermé le bateau. Provision d'eau et réservoir d'essence de secours embarqués également. Nous nous sommes faits avoir une autre année en panne sèche...pas deux fois.
Nous remontons à petite vitesse les roches de la réserve. Que dire ? Les mots manquent pour transmettre les émotions. On ne sait où donner de la tête même si pour nous deux c'est la quatrième fois ! Nous ne nous lassons pas de cet endroit dantesque. L'appareil photo de Denis et l'instantané de Steph crépitent.
Les roches sont roses, briques, orangées, parfois vertes ou brunes. Les matières, lisses, granuleuses, fissurées, boursoufflées, grumeleuses, crevassées... les formes en pics, en pointes, en creux, en bosses... chacun y voit ce qu'il veut, des monstres, des animaux...!
Les fonds sont cristallins, plutôt sombres avec du bleu des mers du sud lorsque le fond est de sable et que le soleil est là.
Des trottoirs ceinturent les rochers au ras de l'eau, ponctués d'anémones rouges.
Au détour d'une petite baie trois ou quatre dauphins nous accompagnent un moment. Une famille peut-être ? Instants de grâce...Nous avons tous la banane et le regard qui pétille.
Nous croisons à l'extrémité de la réserve le rocher Lafayette qui imperturbable scrute l'horizon.
Lafayette qui scrute l'horizon. |
Des orgues basaltiques escaladent les rochers.
Pour clôturer ce circuit en beauté nous pénétrons une longue grotte au parois abruptes.
Le fond est rempli de galets ronds et foncés. Marie ne résiste pas et saute du bateau pour en ramasser deux puis repousse l'annexe avec les pieds pour nous permettre de repartir dans l'autre sens.
Un bateau de promenade entre quand nous sortons avec une musique traditionnelle Corse.
Un peu "to mutch" mais la magie opère quand même.
Retour à notre bateau puis nous nous baignons longuement en palmes masque tuba. A part Marie nous mettons notre petite combinaison 4mm car l'eau est un peu fraiche dans cette baie où le soleil n'arrive pas avant afin de la matinée.
Après le repas nous levons l'ancre pour rejoindre le capo Rosso tant aimé. Mais chut nos copains n'en savent rien...!
Nous hissons la grand voile et naviguons dans un peu de vent de travers à 3-4 noeuds de vitesse. Quelle douceur, quel calme. La mer est pratiquement plate, seule une très légère houle berce le bateau et invite Denis à la sieste.
Marie à la barre pousse un cri enthousiaste, elle a vu un espadon faire deux sauts ! le temps de lever la tête je ne vois que les éclaboussures. Marie n'en croit pas ses yeux ! Elle est sous le charme.
Vers 15 heures nous mouillons l'ancre dans la baie de Thurgio au pied du capo Rosso. Nous oringuons par sécurité, il y a beaucoup de roches dans le secteur et nous repérons moins bien les taches de sable qu'il y a trois ans avec Lolo et Dom. Si d'aventure la pioche était coincée notre orin facilitera sa remontée.
Au fond le Capo Rosso et ses 300 mètres de falaises abruptes. |
Les filles nagent jusqu'à la plage du fond de la baie. Nous sommes mouillés à 120 mètres de cette plage de galets.
C'est toujours aussi beau. Le land-art de Marie élevé il y a trois ans a disparu emporté sûrement par les tempêtes qui peuvent être violentes en Corse. D'ailleurs vers le coté EST de la baie un amoncellement énorme de galets qui n'existait pas il y a trois ans témoigne de cette puissance des flots en colère.
Au mouillage, seuls dans l'anse de Thurgio. |
Elle se fait chambrer mais comme elle dit ce n'est pas à 56 ans qu'elle va changer !
A leur retour, nous embarquons dans l'annexe pour visiter les grottes du capo Rosso. Nos amis, les yeux grands comme des soucoupes, découvrent arches, grottes, tunnels... c'est un festival.
Apres 20 heures, l'armada des bateaux promenades se tarit. Nous observons longuement les balbuzars
qui nichent non loin du cata.
Vidéo, traversée du porche
Madeleine et Steph décident de rester dormir dans le cockpit... Les sages gagnent leur cabines.! Tiendront-elles la nuit ?
Les couchants sont particulièrement exceptionnels au Capo Rosso.
Jeudi 28 juin 2018
La nuit a été bercée par le clapotis ambulant de l'orin qui s'est promené le long de la coque toute la nuit.
Finalement Madeleine et Steph sont retournées dormir dans leurs cabines respectives... à baroudeuse demi-baroudeuse ...!!
Mais tout de même, le lien entre elles est tissé et dès potron-minet elles décident de revisiter les grottes du capo Rosso en kayak.
Pendant ce temps Marie, Denis et moi observons les balbuzards au jumelles, les ballets des parents dans le ciel est superbe. Parfois on voit l'un des deux sur le nid pour nourrir les petits.
Nous levons l'ancre, mais retirer l'orpin n'est pas si simple car il s'est enroulé la nuit autour de la chaîne, ce qui oblige Marie à plonger avec un masque pendant que j'essaie sur ses conseils d'orienter au mieux le bateau ce qui n'est pas toujours aisé vu le fardage avec le vent qui est bien présent.
Néanmoins la sirène est efficace, l'orin est détaché, l'ancre remontée et Marie est à bord !
Nous partons pour les sanguinaires, le vent souffle à 15-20 noeuds mais malheureusement pleine face. Il fait plus frais aujourd'hui.
Alors une fois franchi le cap, nous titrons des bords. La navigation est agréable, rapide, mais nous n'avançons pas en terme de distance. En 4h30 avec tous ces zigzags nous n'avons parcouru en ligne droite que 7 MN.
Alors nous prenons la décision de passer la nuit dans l'anse de Chiuni, surtout qu'un orage menace au loin.
Nous mouillons dans une petite anse loin du club med.
Pour le reste de l'après-midi deux-groupes se forment. Le premier composé de Madeleine, Steph et Denis, décide d'aller marcher jusqu'à la pointe d'Omigna que Marie et moi avons déjà parcouru il y a quelques années. Le deuxième, nous deux décidons d'aller à la pointe d'Orchina. Les deux pointes étant en vis à vis.
Nous embarquons tous dans l'annexe, mouillons au milieu de la plage et le groupe se scinde en deux comme prévu.
Mais Marie et moi, alors que nous allons aborder le sentier côtier, entendons un gros coup de tonnerre. Nous nous retournons et voyons le ciel d'encre qui franchit la ligne de crête des montagnes proches.
Nous ne sommes pas rassurés, car les orages, quand ils viennent de la montagne, s'accompagnent souvent de gros coups de vents.
Nous préférons retourner au bateau et nous assurer de la bonne tenue du mouillage.
30 minutes plus tard effectivement l'orage déverse des trombes d'eaux et le vent forcit par fortes rafales mais l'ancre tient bien !
Nos amis ont poursuivi leur route, eux aussi sous les trombes d'eaux, mais en 2 heures ont atteint la tour.
Ce qui est impressionnant sur cette pointe ce sont les énormes boules de xénolithes qu'on croiraient être tombées du ciel.
Denis profite du retour pour débusquer le maximum de géocaches possibles.
Denis m'envoie un texto et je reprends l'annexe pour aller les récupérer sur la plage.
Au retour le ciel se déchire et le bateau rincé par les averses brille dans la lumière revenue.
Nous finissons notre repas avec un beau soleil couchant.
Vendredi 29 juin 2018
Ce matin après la baignade nous levons l'ancre pour les sanguinaires.
Le vent est faible mais sortis de la baie de Chiuni, nous hissons la grand voile qui se gonfle mollement, mais nous avançons tranquillement à 3-4 noeuds par vent de travers.
Nouvel éloge à la lenteur ! Nous aimons avancer ainsi lentement et voir défiler les paysages des cotes Corse surtout que les odeurs du maquis sont portées par le vent dans notre direction. Nous sommes doublés par pas mal de voiliers qui ont leur voiles mais aussi leur moteur. Ils semblent pressés, nous les regardons passer avec curiosité. Pour notre part nous sommes bien comptant de prendre notre temps.
Nous passons entre le cap Féno et la botte éponyme, et la passe des sanguinaires se profile au loin.
Nous croisons un pêcheur sur sa barquasse qui remonte son filet. J'en profite pour remettre une ligne de traine derrière le bateau, mais cette année encore je serai bredouille !
En début d'après midi nous vivons l'instant magique de franchir cette passe entre la pointe de la Parata et l'île de Porri.
Le vent nous pousse lentement et nous apprécions cet instant de beauté et de lenteur. Nous virons à tribord et allons nous placer devant la grande Sanguinaire. Un bateau quitte son mouillage, nous prenons sa place et plantons l'ancre dans une belle tache de sable. Il y en a peu dans ce coin.
Nous sommes superbement bien installés face à la Mezza Méru la plus grande de cet ensemble d'îles qui ne compte pas moins de 150 espèces végétales dont plusieurs endémiques !
Les sommets de l'île, couverts de lentisques, sont survolés en permanence par des nuées de goélands dont les cris incessants sont portés par le vent. D'où nous sommes, nous voyons bien le phare et l'ancien sémaphore, inhabités tous deux.
Dans le bas de l'Ile on distingue encore de vielles ruines qui étaient la structure d'un lazaret, car à une époque lointaine ces bâtiments étaient des bâtiments de quarantaine pour les pêcheurs de coraux qui revenaient de leurs campagnes sur les côtes d'Afrique.
A 18 heures alors que les bateaux promenades semblent s'être épuisés nous accostons l'annexe au bout d'un petit quai et remontons le sentier qui serpente jusqu'au pied du phare d'où nous surplombons notre mouillage.
Depuis la terrasse du phare, nous avons une vue grandiose sur d'un coté la pointe où est juché l'ancien sémaphore et de l'autre sur l'enfilade des îlots et la pointe de la Parata.
vue sur le sémaphore |
Installés sur le petit muret chauffé par ale soleil, nous sortons une bouteille de rosé bien fraiche et de quoi nous régaler les papilles (tsatsiki, rillettes, gressins...). Ce fût un grand moment dans ce cadre idyllique.
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Apéro avec vue sur la pointe de la Parata au delà de la passe. |
L'arrivée de deux navettes tardives sonnent pour nous l'heure du départ. Tandis que les bateaux vomissent leur cargaison de touristes bruyants venus voir le soleil se coucher, nous retournons à notre bateau.
Nous finirons la soirée en mangeant un peu, les goélands finissent par se taire à la nuit tombée.
Me revient en mémoire ce magnifique poème de Hérédia "Soleil couchant"
Samedi 30 juin 2018
10 heures : le bateau nomade reprend sa route.
Une colonie de goéland tournoie toujours et s'élève au dessus des sanguinaires, accompagnée par un milan royal qui parait encore plus royal au milieu de ces volatiles caquetant à tout va !
Le temps change de mesure depuis qu'on a levé l'ancre. C'est l'éloignement du phare des Sanguinaires qui marque le temps. La mer est calme, Marie à la barre et Marc à la pêche, Madeleine et Steph en lecture et moi (Denis) à la plume.
11h30 : l'heure de l'apéro mais nous attendrons d'avoir mouillé dans l'anse Cacao ou Cacou selon les cartes, car c'est là que nous trinquerons. Mais à peine arrivés, la chaleur et l'appel de l'eau font que nous délaissons nos verres quelques instants pour une bonne baignade.
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Baignade dans l'anse Cacao. |
Une heure plus tard nous repartons et nous mangeons en naviguant et en doublant la Punta Guardiola et le Capu di Mura. Marie nous met un peu de musique et les notes s'accordent à merveille avec l'ambiance. C'est Vanessa qui nous interroge en anglais, si nous avions vraiment dit non ? Personne n'a vraiment envie de lui répondre et on la laisse à ses questionnements existentiels...
On profite simplement du moment, on devise sur la légende des "Pink Floyd", on croque la salade à pleines dents et on fait glouglouter le rosé frais au fond de nos gosiers !
Que celui qui ose nous déloger fasse le premier pas...on le pendra haut et court en haut du gennaker que Marie et moi nous employons à monter. un peu plus tard.
Monter cette voile en navigant n'est pas vraiment le moment idéal, car il faut aller le fixer à l'extrémité du bout dehors, et comme dit Denis mon centre de gravité n'est plus tout à fait situé au même endroit qu'à mes 20 ans ! Et ce qui devait arriver est arrivé, je suis tombé à l'eau !!
Je passe sous le bateau entre les coques du cata, j'entends Marie crier "Homme à la mer", je vois le bateau s'éloigner heureusement lentement, nous n'avançons qu'à 3-4 noeuds sous voiles.
Je vois Madeleine me lancer la bouée, je nage jusqu'à elle et me cale à l'intérieur du demi cercle.
Pendant ce temps, Marie fait toutes les manœuvres utiles, et rapidement le bateau arrive pour me sortir du pétrin. Je ne suis pas très fier !! Heureusement que la mer était calme et la vitesse du bateau lente !
Ça ne m'arrivera plus !! parole de scout !
Toujours est-il que pour finir le gennaker se gonfle enfin et donne de la vitesse et de la beauté à notre bateau.
17h20 Compomoro et le cap du même nom sont en vue. Nous avions lu dans le guide nautique que des bouées étaient disponibles... trop peu en tous cas.
Nous finissons par mouiller sur ancre au milieu de beaucoup de bateaux.
Un peu plus tard nous allons à terre, boire une bière et finissons par manger au resto des amis.
Pas top du tout la cuisine ! Même si l'accueil et la vue sont sympas.
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Le mouillage de Compomoro par dessus les toits. |
Nous ne prendrons même pas de dessert que nous préférons déguster dans le bateau. Ce sera crème mont-blanc à la pistache.
Mais pour la première fois la crème anti-moustique est également de rigueur !
Le mot qui vient à la bouche en plus de "crème mont blanc" c'est "serein" !
Les aiguilles de Bavella se découpent à l'horizon, c'en est assez pour cette journée bien remplie et les uns et les autres regagnent leurs couchettes et basta !
Les superbes aiguilles de Bavella se découpent à l'horizon. |
Dimanche 1er juillet 2018
7 heures du matin et nous sommes déjà dans l'annexe pour un parcourt de Compomoro à Compomoro par le sentier côtier qui emprunte aussi pour moitié les terres et le maquis.
La traversée du village est pittoresque, lauriers, bignones, et de nombreuses autres essences méditerranéennes.
Notre sentier est bien marqué, nous décidons de le faire dans le sens inverse de celui préconisé car nous voulons faire la partie la plus pendue pendant la "fraicheur" du matin même si le sommet ne culmine qu'à 180 mètres d'altitude.
Notre chemin tortille entre les tamaris et les chênes verts.
Nous sommes vraisemblablement sur d'anciennes terres cultivées, le paysage est marqué d'enclos de murs en pierres sèches que Denis se complait à nous décrire : opus incertum à dos bombé.
Plus loin une belle aire de battage d'où nous avons une superbe vue.
Pas grand monde sur ce chemin à cette heure, si ce n'est un randonneur nudiste mais pudique et un joggeur bien transpirant. Encore une grimpette et nous voilà au sommet de la Punta Mulina point culminant de notre boucle.
La descente ensuite dans un ravin qui se jette à la mer est bien agréable alors que le soleil cogne fort cette fois. Nouvelle flore dans ce milieu humide, même des champignons.
A 10h nous arrivons à la Cala d'Aguilia, mi-chemin de notre parcours. Une longue baie estuaire peu profonde. Un bateau y est au mouillage. Petite trempette pour tout le monde mais sans plus... même si le site est très beau.
Nous reprenons la suite du chemin qui rapidement longe le bord de mer. Les uns cherchent du bois flotté dans les dépôts rejetés par les tempêtes, d'autres cherchent des géocaches, d'autres encore cueillent et confectionnent des bouquets de senteurs.
Marie nous dégotte un beau coin pour le picnic de midi où nous passons quelques instants à l'ombre d'un beau tamaris puis nous progressons presqu'à cloche pieds dans les étranges blocs de la plage.
Désormais les tafonis (rochers troués) vont être nos compagnons sur cette fin de route. Spectacle géologique garanti avec mélange de roches cristallines et gréseuses façonnées par le vent et la mer, des éléments capables de sculpter des statues géantes visibles des bateaux en mer.
C'est peut-être la langueur de nos huit jours en mer qui favorisent l'évasion de nos esprits qui interprètent des messages fantasmagoriques en regardant ces formes dantesques!
petit baleineau vu par Denis
Une petite série de photos dans un chaos de blocs photogéniques...
...et nous voici arrivés au village pour 13 heures. Il fait chaud, trop chaud! La bière Piétra et l'eau pétillante Orezza, nous abreuvent jusqu'à satiété au café des amis en ce dimanche Corse.
Nous en profitons pour faire quelques courses de frais et quelques achats locaux à ramener chez nous : confiture de clémentine, de figue, d'arbousier, du miel de garrigue... pour nos plaisirs de l'hiver prochain. Certains s'enfilent une glace.
De retour au bateau nous faisons un dernier plongeon entre les embarcations qui peuplent ce port qui à l'unanimité n'a pas laissé un sentiment de bon accueil à l'équipage.
Nous ne reviendrons plus à Compomoro, qui reste un beau site toutefois. Nous avions découvert ce village Marie et Moi il y a pas mal d'années peut-être 10 ans en arrière et n'avions pas eu ce sentiment désagréable à l'époque....
Nous larguons les amarres. Marie à la barre et le vent dans les voiles, nous emmènent jusqu'à notre nouveau mouillage dans la Cala Di Conca, dans l'anse d'Ana, entre la pointe d'Errica et de Sénétosa.
Nous sommes bien, quelques bateaux au mouillage mais nous avons tous de la place.Nous sommes en manque de PMT, alors ça nage, ça plonge...Les fonds sont bien sympa. (Oursins, bi-valves, murènes, poisson des sables, seiches...)
Ce soir nous prenons l'apéro sur le filet avant, face au couchant car les thermiques n'ont pas encore fait la bascule et soufflent encore de la mer. Mais nous ne voyons pas le soleil tomber dans la mer, la pointe de Sénétosa nous le cache.
La musique et le vin ont raison de nos limites d'Êtres humains...
C'est presque grasse mat ce matin lorsque nous immergeons de notre cabine, Denis et Steph ont déjà déjeuné ! Le soleil franchit la crête et les cigales commencent leur ritournelle.
Un voisin de bateau vient taper la discute après avoir enlevé la haussière qui tenait son bateau contre les rochers.
Il a quitté son boulot, acheté un Béluga 56 pieds de chez Fountain Pajot et fait de la location à la cabine. Il espère pouvoir faire ça jusqu'à la retraite.
Avec l'annexe je dépose Denis sur la plage qui veut marcher jusqu'au phare de Sénétosa en passant par la bergerie de Conca. Il est le seul à avoir envie de marcher car il fait déjà bien chaud. Il nous ramènera de belles images qui feront un peu regretté de ne pas s'être fait un peu violence !
Marie sort le kayak et armée d'un sac poubelle, elle se met en route pour une opération plage propre. Peu de gros déchets mais tout un fouchtra (comme dirait Steph) de lambeaux de plastiques, pailles multicolores, bouchons et autres...
C'est long et fastidieux !
Au retour elle s'équipe en PMT pour une reconnaissance de la rive nord tant vantée par Steph. Marie confirmera que les fonds sont les plus beaux de ceux que nous avons vus des vacances.
A presque midi nous sortons l'apéro quand Denis fait des grands signes depuis la plage. Je retourne le chercher avec l'annexe et il nous conte sa superbe ballade et même nous décrit avec passion une superbe maison de schtroumpfs, perdue dans le maquis au milieu des salsepareilles ! On rit bien en se demandant si le soleil ne lui a pas un peu tapé sur la tête !
Mais les photos prouveront qu'il n'avait pas halluciné.
Vers 13h nous levons l'ancre pour descendre toujours plus au sud jusqu'à la baie de Roccapina.
Pas de vent du tout, nous rallions notre point de chute au moteur et mouillons l'ancre vers 15h30 dans cette immense baie juste au sud, proche de la tour génoise.
Nous sommes accueillis par le lion de Roccapina qui surplombe cette plage de 1,5 km de long.
Le temps est un peu gris et une houle du sud-ouest qui entre dans la baie berce notre bateau et son équipage. Madeleine sensible au mal de mer, préparait une tarte aux légumes dans le carré et du coup la voilà toute barbouillée. Tous les autres bateaux quittent la baie un à un, je prends la météo et nous décidons de rester ici seuls au mouillage.
Vers 20h30 le ciel s'est encore assombri et nous préférons par précaution nous déplacer avant la nuit plus au nord de la baie, pour nous éloigner de la pointe sud et de ses rochers, si d'aventure on venait à déraper. Nous lâchons une bonne longueur de chaine (5X la hauteur d'eau) et allons nous coucher avec cette houle de travers qui nous endors rapidement.
Mardi 3 juillet 2018 :
Du haut de son rocher le lion de Roccapina nous appelle et une bien jolie randonnée à travers le maquis nous attend.
Mais d'abord hop hop hop tout le monde dans la baleinière avec chaussures et appareils photos dans les sacs étanches. L'arrivée sur la plage est un peu rock and roll avec cette houle qui persiste encore un peu !
Chemin de sable, maquis, roches, cigales, soleil dès huit heures, tout est favorable pour une belle ballade !
Deux heures pour contourner le lion et après une dernière bonne grimpette nous voilà là-haut au pied de la tour génoise avec une vue superbe.
A la montée nous longeons l'anse de Roccapina où nous avions envisagé de mouiller en première intention mais la houle m'avait fait suspecter qu'elle serait bondée ce qui est le cas ! Nous étions bien tout seul dans notre baie voisine.
L'arrivée à la tour génoise est spectaculaire par la vue qu'on y a.
Nous y avons d'ailleurs une vue superbe sur la baie où nous sommes au mouillage et on distingue à peine le petit point blanc au fond qui est notre bateau.
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Notre bateau au mouillage dans la baie de Roccapina. Seuls au monde ! |
Il est près de midi quand nous regagnons l'annexe et la mise à l'eau reste sportive. Marie nous aide à décoller de la plage, elle rentre en palmes dans un mer peu forte mais hachée.
Dès 13h nous quittons notre mouillage direction le Nord, eh oui la traversée retour est pour demain ! déjà !!
Dans les premiers milles un grand dauphin vient jouer dans l'étrave. A bord chacun s'occupe comme d'habitude. Marie qui est à la barre donne un cours de navigation à Steph. Elle est prête et fera le prochain virement de bord.
Ensuite, on file bien par vent de travers, on laisse la cala Conca à tribord, puis bien d'autres déjà croisées, puis Compomoro, puis enfin après un dernier cap, la baie d'Ajaccio s'ouvre à nous. Nous jetons l'ancre dans la première baie, l'anse Cacao où nous avions fait un arrêt de deux heures à la descente. Il est 19h30 !
Curieusement il n'y a pas d'amateurs pour un dernier bain Corse, du coup on passe à l'apéro et au repas.
Le soleil cligne des yeux, tout rond tout rouge là-bas, il nous nargue. Nous ne le verrons pas se coucher ni dans l'eau, ni derrière le rocher du cap. Il se laisse envelopper par les nuages et donne à l'horizon un beau camaïeu d'oranges et mauves.
Des échanges sur les lectures à ne pas louper, sur le sens de l'Humanité sur terre, la sauvegarde de la planète, sont suivie d'une méditation silencieuse sur fond de musique zen.
Demain lever à l'aube !
Mercredi 4 juillet 2018
La Corse a pourtant fait tout ce qu'il fallait pour nous retenir dans ses filets : tout à commencé ce matin un peu avant 6h, le petit déjeuner... panne de gaz !! on aura même pas un peu de café pour tremper les tartines !! L'équipage a la mine dépitée !
La Corse n'en a pas fini de ses vaines tentatives pour nous retenir, plus de courant électrique sur aucune des prises du bateau.
Après bien des recherches, Denis me dit : c'est normal le petit voyant rouge sur l'inverseur ?
je ne vois rien et lui dit avoir déjà regardé. Mais il insiste et oui bien sûr, avec mes lunettes de soleil polarisantes je ne voyais pas cette petite led fourbe !! Je ré-enclenche et miracle tout fonctionne !
Merci Denis !
Dernier tour de malice de la Corse, plus de rosé à bord !! Sous l'oeil vigilant et les mines renfrognées du groupe je partage le reste du breuvage avec la précision d'un coucou suisse !
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Adieu les côtes Corses |
Le reste de la traversée au moteur, car il n'y a pas un souffle de vent, ne sera que lectures, contemplations, rêveries, siestes et en prime des spectacles marins de toute beauté.
Pas de vent,
mer d'huile.
Le moteur ronronne
les côtes s'éloignent
Douceur, langueur,
le temps s'écoule lentement
Au revoir Corse bien aimée.
(Poésie Marie-Claire)
Le moteur ronronne
les côtes s'éloignent
Douceur, langueur,
le temps s'écoule lentement
Au revoir Corse bien aimée.
(Poème de Marie)
Nous croisons une raie qui passe sous le bateau puis un rorqual nous accompagnera un temps ! Et enfin ces farceurs de dauphins encadrent le bateau de leurs acrobaties aériennes et sous-marines.
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Mer d'huile pour cette traversée ! encore une fois !! |
Nous nous retrouvons tous à l'avant du bateau, non pas pour un dernier apéro, nous n'avons plus rien à boire, mais pour regarder le soleil se coucher et tourner la page d'une belle aventure commune.
Les quarts s'organisent pour la nuit d'une traversée paisible.
Fin de traversée
Le disque du soleil a surgit des flots
Il éclaire les îles au loin
se mire dans la mer d'argent
et chauffe ma joue encore froide
et humide de la nuit
Porquerolles nus voilà !
(Poésie-Marie-Claire)
The last day ! La traversée s'achève en douceur, les heures s'égrènent et l'aube arrive suivie du Soleil. Les paupières sont lourdes d'une nuit coupée de quarts de pilotage et de surveillance.
Nous atteignons le cap des Medes sur Porquerolles vers 9h et jetons l'ancre juste avant les rochers des deux frères en prévision du fort coup de vent d'ouest à venir !
Denis et moi sautons dans l'annexe pour aller faire quelques provisions à Porquerolles city.
Nous accostons derrière le sémaphore et partons à pieds avec les sacs à dos. Mais sous la chaleur il nous faudra quand même 1h15 pour rallier le village...! Porquerolles est surpeuplée de touristes qui se ruent chez les loueurs de vélos. Nous sommes un peu saoulés par tout ce monde !! On débusque le super U du coin pour le ravitaillement en rosé, fruits et une bouteille de gaz. Au retour nous sommes assoiffés et l'apéro est le bienvenu.
Le vent commence à souffler fort, mais où nous sommes nous sommes bien abrités.
Nous sommes attablés lorsque mon téléphone sonne, c'est Florent de chez Brise Marine, notre loueur, qui s'inquiète du fort coup de vent annoncé, et qui verrait d'un bon oeil notre retour dès cet après-midi alors que nous avions prévu de ne rentrer que demain matin. Je consulte la météo effectivement 35 noeuds demain matin, vent de face.
Après un débriefing tous ensemble, je rappelle Florent, lui confirme notre retour dans l'après-midi et q la nuit dans le bateau à quai.
Après le repas donc, nous levons l'ancre, direction Toulon.
Le vent est en fait déjà fort dès le départ, mais la mer pas encore formée, nous avons 25 noeuds et des rafales à 30.
Passé le langoustier la mer se creuse de manière significative, ça secoue fort avec le vent de face !
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Marie dans le grand manège. |
Nous entrons dans la rade vers 16h00 mais le plan d'eau reste très venteux. Heureusement le flesh étant plus court les vagues restent beaucoup plus basses.
Nous allons à la station essence faire le plein du bateau et du jerrican de l'annexe. A l'entrée de la darse où est la station service, le "Tonnerre", grand navire de guerre, fait rempart nous dévente totalement. Du coup la manœuvre est aisée et le pompiste sympa nous prend les haussières.
Nous quittons ensuite une darse pour en rejoindre une autre, celle où nous attend Florent. Nous passons sur le travers d'un gros paquebot amarré et lorsque nous le dépassons pour entrer dans la darse nous prenons de plein fouet de fortes rafales. le fardage est puissant.
Ca va être très chaud je ne sens pas bien la chose. Les espaces sont assez réduits. Entrer en marche arrière, entrer de face et faire demi-tour suggère Marie. Et c'est elle qui aura raison et de fait la manoeuvre est réussie ! Florent passe la haussière dans le taquet du quai avant que le fardage ne nous pousse en arrière. Ouf ça y est nous voilà déjà assurés ! Nous finissons l'amarrage renforcé en prévision du vent qui va encore forcir. Folie des "Maire" est ligoté de partout !
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Je fixe les dernières amarres. |
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Denis, moi et Florent de Brise Marine juste après l'amarrage. |
Cette fois les vacances sont bien finies ! Nous restons dans le bateau pour la nuit. Après un dernier apéro et un petit repas bien protégé du vent par le cockpit nous apprécions ces derniers instants de partage. La soirée sera courte car nous avons encore dans les pattes la traversée de la nuit dernière.
Le vent secouera les haubans et les drisses toute la nuit. Je me lève à 2h du matin pour bloquer quelques drisses sur le bas avec une sangle, le bruit s'atténue un peu.
Je pisse dans la darse par dessus les filières et regarde les étoiles bien moins visibles qu'en mer ou même qu'en Corse à cause des lumières parasites !
La grande Ourse me fait un clin d'oeil, je la salue et regagne ma couchette où j'achèverai ma nuit paisiblement.
Vendredi 6 juillet 2018
Lever matinal comme chaque jour, mais là après le petit déjeuner, branle bas de combat, rangement des affaires ! Tout le monde s'active !
Les sacs qui étaient remisés au fond des placards sont ressortis et remplis, puis transportés à la chaine jusqu'au bout du ponton où nous pourrons les charger plus tard dans les voitures. On dirait un campement de gitans !
Florent arrive pour le check out du bateau. Tout se passe bien, nous n'avons pas eu de souci particulier.
Nous chargeons les voitures retrouvées et nous remontons vers le nord vetrs notre Lorraine natale.
Nous avons passé deux semaines très sympa avec des navigations quasi quotidiennes entre 3 et 5 noeuds de vitesse par des petites brises thermiques de 6 à 8 noeud.
Un jour ou deux avec un vent un peu plus soutenu mais parfois aussi avec une pétole totale.
Le gennaker dans ces petites brises thermiques a d'ailleurs été top et nous avons vraiment apprécié son usage !
Denis et Steph quant à eux, étaient enchantés par ce mariage terre-mer.
Quant à Marie et moi nous sommes impatients de repartir !
Ce voyage s'achève avec un total de 330 MN parcourus.
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Folie des "Maire" à quai ! fin du voyage... |
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