dimanche 11 septembre 2022

SEPTEMBRE 22 LE TOUR DU MONDE DE GRAOULLY: VERS GIBRALTAR (suite) - GIBRALTAR - TRAVERSEE DU DETROIT - ARRIVEE A TANGER MAROC

Jeudi 16 Septembre Traversée du détroit de Gibraltar.

 

Je passe une très mauvaise nuit, il est 3h du matin et le réveil sonnera à 5H ! 

je repasse en boucle dans ma tête tous les paramètres de la prochaine traversée, horaires de marée, courants , traversée du dispositif de séparation de trafic au milieu du détroit avec la circulation intense des cargos, la sortie de nuit de la marina  avec ce vent qui n’arrête pas d’augmenter qui ne va pas être évident … bref même si je sais que la nuit les craintes se transforment en peur, j’ai du mal à relativiser !  Pour Marie c'est la même chose, me confiera t-elle !

 

5H30 on allume les moteurs, le vent souffle à plus de 15 noeuds, j’appréhende un peu la sortie de notre place car juste en face de nous il y a un vieux grément avec une belle proue qui s’avance loin dans le chenal.

 Marie largue la dernière amarre, dès que nous dépassons le catway sur lequel nous étions amarrés, je fais presqu’un stop et en utilisant les deux moteurs, babord avant et tribord arrière, nous tournons sur place.

 Le vent nous pousse vers les bateaux d’en face comme je le craignais mais nous avons de la marge, nous ne trainons pas et repartons en marche avant à petite vitesse, ça y est nous avons quitté notre allée et embouquons le chenal principal, je vise le milieu de la sortie avec les feux rouge et vert des balises comme repères. Tout se passe bien. Premier obstacle passé sans problème. 

 

Nous sommes désormais dans la vaste baie d’Algésiras, il y a des cargos au mouillage partout Ils nous éblouissent dans la nuit, éclairés comme des sapins de noël ! 

Pour sortir de la baie, il nous faut zigzaguer entre les pétroliers et les méthaniers pendant une bonne demi-heure. Certains sont en mouvement venant du détroit, ils entrent dans la baie et selon leur destination portuaire leur cap est très variable ce qui ne nous facilite pas la tâche. 

Néanmoins après une bonne heure nous laissons la punta del Camero puis de la Punta secreta à tribord, nous quittons enfin la baie d’Algésiras et prenons un cap au 230 en prenant soin de laisser les rochers de La Perla bien à tribord. Deuxième épreuve franchie !

 

Nous longeons la côte pendant encore une bonne heure. Le soleil pointe à l’horizon, le ciel est superbe et les côtes Espagnoles et d’Afrique s’illuminent de roses et d’oranges mêlés !  

Côté ouest le ciel est noir comme de l’encre. Le contraste entre l’Est et l’Ouest est saisissant. 

 







Malgré la beauté du spectacle, nous ne sommes pas très versés à la contemplation car toute notre concentration va à la traversée du DST (Dispositif de Séparation du Trafic) qui est une sorte d’autoroute à deux voies qui permet d’éviter tout risque de collision entre les navires entrant de l’atlantique et ceux sortant de méditerranée. Entre les deux voies une zone neutre d’environ un kilomètre dans la laquelle les cargos ne circulent pas. 

 









Il ne fait pas très chaud et nous portons nos vestes  et pantalons de quart.

 Depuis 5 mois c'est le premier jour où nous portons de nouveau un pantalon ! ça fait tout drôle !





Nous avons calé notre départ en fonction de la pleine mer, une carte du détroit donne le sens et la force des courants heure par heure en fonction de cette marée haute. Pour l’instant le long de la côte le courant est comme prévu favorable et très faible. Il ne perturbe pas la houle (50 cm) qui vient de l’atlantique et qui est moins forte que prévue (1,50m).

 




Nous entrons dans le premier couloir des cargos, nous partons en biais et naviguons à tribord de deux cargos en nous rapprochant de plus en plus d’eux. Ils vont plus vite que nous  à 15 nœuds alors que nous n’avançons qu’a 5. Dès que le deuxième est passé nous traversons franchement le chenal  qui fait un peu plus de 1,5 Mille nautique de large ( 3km) , nous sommes dans la zone neutre avant l’arrivée de deux autres cargos qui avancent à plus de vingt nœuds. 

Nous voilà maintenant entre les deux flux contraires de cargos. Heureusement l’AIS nous donne de précieuses indications et nous devrons laisser passer 4 cargos avant de pouvoir traverser le deuxième chenal. 

 

Alors que nous naviguions dans la zone centrale une cinquantaine de dauphins de l’atlantique viennent dans notre direction. Nous les voyons approcher en sautant joyeusement hors de l’eau, c’est un spectacle fascinant et d’une beauté folle. Malheureusement, le spectacle est écourté par le passage proche d’un bateau de transport de passagers à grande vitesse, 35 nœuds sur l’AIS ! Il soulève dans son sillage une vague énorme et fait un tel bruit que les dauphins disparaissent sous l’eau instantanément !  

 

Au loin nous distinguons désormais très bien Tanger la blanche. 




Nous approchons des côtes et le courant conformément aux prévisions est rentrant, notre vitesse baisse de deux nœuds et la mer est très désordonnée, on dirait qu’elle est en train de bouillir. Le phénomène est amplifié par le relief sous-marin. En effet on passe très rapidement de 500 mètres de fond dans le détroit à 40 mètres à 6 milles nautiques de la cote. Les cartes marines indiquent d’ailleurs  la présence fréquente de mascarets et de vagues anormales. 

 
















Néanmoins nous parcourons les derniers milles sans problème, nous descendons le pavillon Espagnol, et hissons le pavillon jaune qui doit être maintenu tant que les formalités douanières et de police n'ont pas été faites.
Alors seulement nous pourrons hisser le pavillon Marocain. 











Après un appel à la VHF pour signaler notre arrivée, nous entrons dans la marina de Tanger vers 11H30 et accostons au quai d’accueil où nous attend tout sourire, Hissam le responsable de l’accueil des bateaux.




Après la fouille du bateau par les douaniers et la confiscation de notre drone !!! nous allons faire le plein de gasoil. Le litre est à 1,52 euros. Nous ajoutons un additif à notre plein pour éviter la prolifération de bactéries dans le réservoir ce qui risquerait de provoquer une panne en bouchant notre filtre à gasoil. 



 

                                               Ça y est nous sommes au Maroc !!


Stephan notre copain du bateau l'Eden est monté à bord pour nous aider aux manoeuvres, nous avons plaisir à les retrouver lui et Anne.

Nous gagnons notre Catway et nous amarrons avec l'aide d'hissam de la marina. Nous prenons notre place au bout du ponton B.





Notre périple méditerranéen touche désormais à sa fin ! Nous voici parvenus à la porte de l'atlantique ! En cinq mois nous avons parcouru près de 2500 km, engrangé une foultitude de souvenirs et fait de si belles rencontres ! 








Du lundi 12 au mercredi 15 Septembre: GIBRALTAR






Si Gibraltar pour tout navigateur reste un passage mythique, en dehors du symbole qu’il représente, le territoire ne nous a pas marqué très positivement. 

La première question que nous nous sommes posée fut : Mais qu’est-ce que font les Anglais ici ? 


Alors en voilà brièvement la réponse.

 

Gibraltar provient de l'arabe "jabal Tariq", signifiant "le mont Tariq", en référence à Tariq ibn Ziyad, le premier conquérant musulman de la péninsule. Mais suite à la défaite du royaume maure de Grenade en 1492, à l'issue de la Reconquista, Gibraltar devient alors espagnol. 

 

Ce n'est que bien plus tard, en 1704, lors de la guerre de succession d'Espagne,

(https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwiZxp_L3fr6AhXGxYUKHQsTAFcQFnoECBUQAQ&url=https%3A%2F%2Ffr.wikipedia.org%2Fwiki%2FGuerre_de_Succession_d%2527Espagne&usg=AOvVaw0s7PGQCCWpQ4WHn-W-TcCp)

 que Gibraltar entre aux mains des Britanniques. Cette année-là, l'amiral George Rook, prend le territoire, et en 1713, le traité d'Utrecht officialise la "victoire anglaise" en reconnaissant Gibraltar comme étant la propriété des Anglais. 

En 1830, la Grande-Bretagne fait ainsi du territoire une colonie britannique. En raison de sa position géographique, Gibraltar a longtemps été convoité par les différents gouvernements espagnols qui se sont succédés, abandonnant difficilement l'idée d'une souveraineté partagée avec la Grande-Bretagne sur ce territoire.

 

L'Espagne revendique aujourd'hui toujours la même position, à savoir qu'elle exige le départ des Britanniques, et que le territoire lui soit rendu, avec abrogation des accords datant du XVIII eme siècle

 

À l'extrémité de la péninsule ibérique, le détroit et la mer Méditerranée font donc de Gibraltar une zone très convoitée. Un territoire Britannique dont la frontière qui le sépare de l'Espagne compte parmi les plus petites frontières du monde. Et pour cause, cette frontière ne dépasse pas les… 1,2 km 



Les deux territoires sont séparés par deux  pistes d’atterrissage ! C’est plutôt cocasse d’ailleurs de voir les feux de part et d’autre passer au rouge pour stopper les voitures et les piétons afin de laisser atterrir ou décoller un airbus !

 




En tout et pour tout, la superficie du territoire s'élève à 6,8 kilomètres carré. Avec une longueur moyenne de près de 5 km et une largeur moyenne d'environ 1,25 km. Le point le plus haut du territoire, quant à lui, se trouve à O'Hara's Battery, et s'élève à 426 mètres de hauteur. Aussi petit soit-il, ce territoire abrite plus de 30 000 personnes. Soit plus de 4 000 personnes au kilomètre carré.

 










Depuis la marina où nous sommes amarrés il nous faut une petite demi-heure pour passer de l’ambiance Andalouse au centre de la ville anglaise avec ses cabines téléphoniques rouges (qui sont là pour décorer), ses bus à étage et ses bobbies qui arpentent les rues avec leurs casques si typiques. 

































L’artère principale (Main street) n’est qu’une succession de boutiques de luxe, de bar et de restaus pour touristes. Le reste de la ville est archi bétonnée et totalement dénuée d’intérêt.

 


















Nous y reviendrons deux fois dans les quelques jours de notre présence à La Linéa, la deuxième étant consacrée à monter sur le rocher.


Après avoir fait la queue au guichet du téléphérique (compter une heure), nous montons en haut du rocher d’où l’on a, il est vrai, une superbe vue sur les environs et jusqu’aux cotes d’Afrique ? 

La pointe de Ceuta (enclave Espagnole au Maroc) juste en face n’est qu’à 14 kilomètres.
















Nous observons un moment le trafic des cargos dans le détroit car dans quelques jours nous le traverserons et on le prétend redoutable !  

 















Sinon toute la partie supérieur du rocher est une réserve, ce qui n’empêche pourtant pas les taxis d’être autorisés à arpenter la petite route qui serpente sur le versant ouest pour déverser leur flot de touristes. 

Ces derniers s’empressent, malgré les dizaine de panneaux d’interdiction,  de donner à manger aux singes macaques. 

 






















Nous déciderons de redescendre à pieds et de nous arrêter à la grotte Saint Michel, dénommée ainsi car une concrétion habilement éclairée donnent l’illusion d’une sculpture du dit saint. 

 




Hormis la vue sur la baie de La Linéa qui est époustouflante depuis la vertigineuse passerelle suspendue, l’ensemble donne plus l’impression d’un parc d’attraction que d'une réserve naturelle.








Nous ne regrettons toutefois pas la descente à pieds par les chemins rocailleux qui évitent la circulation incessante des taxis et qui permet de voir quelques singes fuyant eux aussi les cohortes des tours opérateurs.

 

Redescendus, nous parcourons Main Street en sens inverse et mangeons une glace sur la place. 

Les prix sont prohibitifs comme dans tous les endroits très touristiques, de plus le taux de change pratiqué par les commerçants entre la Livre Sterling et l’Euro est hallucinant et en ajoute encore une couche ! 

 





Finalement, bien qu’aucun des navigateurs que nous suivons n’en ait parlé, c’est la vieille ville de La Linéa qui nous aura procuré le plus de plaisir avec ses petites ruelles et places très vivantes.















Nous sommes stupéfaits en nous promenant le long de la plage du spectacle étrange des baigneurs avec en toile de fond les cargos et pétroliers du port d'Algésiras ! 










Nous revoyons avec plaisir  Lutz du bateau Mahana, un hélia 44 comme le notre, nous nous étions déjà croisés à Carthagène. 

Il nous invite à son bord pour boire un verre et nous montrer les modifications apportées à son bateau. Nous faisons de même un plus tard. 

Lutz est admiratif du carnet de voyage de Marie.

Il partira rapidement pour ramener Mahana en mer baltique. Il doit être rentré pour le 4 octobre à Leipzig où il est architecte pour présenter un projet ! Ça risque d' être juste quand on voit la distance à parcourir !




Mercredi 15 septembre je vais avec notre petit caddy à la station de la marina pour bidonner 40 litres de gasoil (2,31 euros le litre !!) en prévision de notre traversée du détroit demain matin. 

Notre réservoir est presque vide car nous avions prévu de faire le plein à Gibraltar où les tarifs sont réputés très bas.

Mais le brexit a visiblement changé la donne en matière d’approvisionnement pour les carburants et le gasoil qui était (nous a-t-on dit) à moins d’un euro en début d’année est désormais à 1,50 euros. Du coup plutôt que d’aller faire le plein coté anglais nous le ferons côté Marocain où le carburant est au même prix.

Nous serons plus légers pour traverser le détroit et la station à Tanger est dans la marina où nous accosterons. 

 




Extraits du carnet de voyage de Marie-Claire


Ciao Gibraltar



Dimanche 11 septembre arrivée à GIBRALTAR


Nous quittons la baie de Fuengirola vers 6h ce matin et prenons notre cap direct sur Gibraltar qui se situe à environ 50 Mn . 



En longeant le musoir du port à la sortie du mouillage, quelques dauphins chassent devant notre bateau. Ils se découpent en silhouettes noires juste éclairés par la lune. A cette heure il fait encore nuit noire.












Vers 8 heures le soleil se lève, le vent est totalement nul et nous naviguons au moteur comme sur un lac. Au large on voit de plus en plus les cargos qui sont au milieu de la mer Alboran, le couloir de Gibraltar commence à se rétrécir et les cotes d’Afrique ne sont plus qu’à 50Mn de nous.





Vers 9h nous entrons dans une nappe de brouillard et notre visibilité devient quasi nulle, une cinquantaine de mètres peut-être. Aucun bateau dans un rayon de 5Mn n’apparait à l’écran mais nous enclenchons le radar par sécurité car parfois des petits bateaux de pêche ne sont pas équipés de balise AIS.

Avoir un radar est vraiment un équipement rassurant en navigation par brouillard ou de nuit. IL faut toutefois s’habituer pour l’interprétation des échos, car beaucoup de choses apparaissent comme les vagues par exemple lorsqu’elles sont assez fortes. Il faut régler la précision du radar et savoir apprécier les images. Le radar consomme de l’énergie et en naviguant de nuit cela peut poser problème par rapport à la capacité de nos batteries. On peut diminuer la consommation du radar en délimitant seulement un secteur de couverture à l’avant du bateau plutôt qu’une veille à 360 degrés.


Nous avons vite traversé la zone de brouillard, peut-être en une heure puis celui-ci s’est effiloché pour nous ouvrir une belle fenêtre sur le rocher de Gibraltar au loin. 





Waouh ! impressionnante cette vue du rocher encore à 20Mn, nous vivons un moment émouvant !


Au fil des milles nautiques  le rocher grandit, puis sur la côte Africaine le cap de Ceuta se dessine lui aussi de plus en plus finement ! 

On se demande presque où l’on va passer quand les deux cotes se superposent et semblent former un mur infranchissable.


Puis tout va très vite, nous sommes à 5Mn du rocher, beaucoup de cargos au mouillage sont ancrés à l’ESt de Gibraltar, d’autres qui circulent dans le détroit dans un sens comme dans l’autre. Nous longeons le méthanier qui a coulé il y a une dizaine de jours et qui est en cours de renflouage.







Le vent qui était nul se lève car nous contournons la parois impressionnante qui grimpe sur notre tribord et nous sommes ouverts sur l’ouest. 

A peine un Mille nautique encore et nous virons sur tribord pour entrer dans la baie de La Linea de la Conception ! Un des plus gros port au monde ! 

Des dizaines de cargos sont soit au mouillage, soit en circulation. 



Notre écran AIS avec la position des cargos... impressionnant !



Nous nous sentons tellement minuscules en passant près de ces monstres de métal ! 

En fond de baie se découpent les silhouettes de dizaines de grues qui déchargent ou chargent des containers nuits et jours sur les cargos. Un peu plus loin au sud/ouest se dessinent également toutes les installations d’une raffinerie de pétrole avec tous les pétroliers en attente de vomir leur cargaison. 

Naviguer au milieu de ce tumulte est stressant et il faut rester attentif même si l’AIS apporte un confort de navigation incroyable. Avoir instantanément toutes les informations sur l’état de route des bateaux, (vitesse, cap, distance la plus rapprochée par rapport à nous et à quelle heure précise on le croisera au plus près) est vraiment rassurant. 

Néanmoins croiser des cargos de plus de 100 mètres à peu de distance reste impressionnant. 


La marina est à tribord en fond de baie proche de Gibraltar, nous entrons et nous accostons au quai d’accueil à coté de la pompe à essence. 

Un bateau anglais est déjà à quai devant nous, un gars descend du bateau pour prendre l’amarre que Marie lui tend. Très sympa de sa part.

Nous allons à l’accueil faire le check-in du bateau comme à chaque arrivée dans un port. Quelques paperasses à remplir, copie des passeports, papiers du bateau, assurance et l’hôtesse d’accueil nous communique notre place. Marie demande une assistance d’un marinéro pour la prise des amarres au quai. 


Nous nous rendons au ponton 12 et prenons la place 7, assistés par deux marinéros peu motivés. 

Ça y est nous sommes bien amarrés avec vue sur le rocher de Gibraltar !







Je branche l’eau potable mais pas l’électricité qui est facturée en plus du coût de la place. Nos panneaux solaires nous suffiront amplement.


 Nous sommes contents et pas peu fiers d’être arrivés jusqu’ici, on y pensait depuis quelques années et nous y sommes. 


Extrait du carnet de voyage de Marie-Claire




Mardi 6 - mercredi 7 Septembre   Cabo de Gata


Le vent d'ouest est annoncé pour encore deux jours et une houle d'un mètre cinquante l'accompagnera. Nous décidons en conséquence de rester sagement dans cette très belle baie en attendant que la météo change. 


Toute la zone est un parc naturel remarquable. Plages magnifiques, reliefs volcaniques, faune et flore unique, dunes fossilisées, chemins de randonnées... 





On se régale dans ce site peu fréquenté car peu accessible par la route.

Nous trouvons quelques géocaches en marchant dans les collines environnantes. 

Les fonds par contre ne sont composés que de sables argileux donc peu propice à la présence de poissons. 








La rive nord de la baie est bien plus boisée et aucune construction nulle part ! Très surprenant par rapport à tout ce que nous avons pu voir en descendant le pays du nord au sud où chaque parcelle plate du littoral a fait l'objet de constructions toutes plus immondes les unes que les autres ! 









5 Septembre 2022. (Marie-Claire)


Joli mouillage (à la Punta de la Cabrilla, dans la baie « Ensedena de la Fuente - Côte Espagnole) la nuit est claire mais une petite houle m’empêche de dormir. Je rêve, je pense à notre voyage.

Bientôt Gibraltar, un jalon, une porte, un accouchement vers l’Atlantique.


Ensemble nous avons trouvé notre rythme fait d’écoute des besoins, des envies de l’autre mais des nôtres aussi. Pas d’effort, tout est naturel dans nos échanges, c’est bon et rassurant : nous ne nous sommes pas trompé dans notre choix de nouvelle vie.




Les journées défilent et diffèrent suivant que nous soyons en navigation, au mouillage ou en marina, mais elles sont toujours bien remplies, on ne s’ennuie jamais.

Bricolage sur Graoully (entretien, réparation), approvisionnement, cuisine, nettoyage, lessive, préparations des navigations, navigations, suivi météo, administratif…

Mais aussi, apéros en jouant (nous alternons 4 jeux pour le moment : Triomino, Backgammon, Rumicub et Kwirkle), repas, siestes, baignades, balades, lectures (nous lisons beaucoup), tenue du blog pour Marc, aquarelle pour moi, publications Instragram, photos, observations et rêveries surtout en navigation, rencontres.




J’ai l’habitude de dire qu’en bateau tout est plus fort, les bons moments comme les plus difficiles.

La météo, l’état de la mer et le vent influent beaucoup sur notre vie de tous les jours. Navigations, nuits difficiles sont courantes. Surtout pour moi, Marc sait que je me réveille aux moindres bruits, il peut donc dormir...

Le bruit justement, on ne s’en rend plus compte, mais en bateau le silence n’existe pas. L’eau, le vent, le bateau, le gréement, les moteurs, tout fait du bruit. Et plus le vent est fort, plus c’est intense. Cela créé une sorte de stress dont on ne se rend vraiment compte que lorsqu'on descend à terre où là en comparaison c’est si calme.







Navigations… on essaie de choisir de bonnes fenêtres météo mais ce n’est pas toujours possible et les prévisions restent des prévisions. Particulièrement imprévisibles les orages tant redoutés par tous les marins tel celui-ci qui nous est tombé dessus en une demi heure avec plus de 40 noeuds de vent et des vagues de plus de deux mètres. Nous étions accrochés à une bouée dans une petite baie avec le vent qui nous dirigeait vers la falaise ! Notre bateau de plus de 10 tonnes était secoué de tous cotés et pendant près de deux heures nous étions stressés à l'idée que la chaine qui relie la bouée au poids placé fond de l'eau vienne à se rompre ! Dans ces instants on se sent tellement insignifiants ! 

Heureusement j'étais allée vérifier l'état de la bouée tout de suite en arrivant ce qui nous avait d'ailleurs fait changer de mouillage vu l'état de la 1ere bouée ! Bien nous en a pris !!!



 

Le lundi 5 septembre, nous sommes partis vers 7h30 avec le lever du soleil. Il fait frais, pour la première fois nous enfilons un sweat au poste de barre. Les prévisions donnent un léger vent de face et des vagues de 40 cm. 

Toute la matinée s’est passée à jouer avec le vent, tantôt de face au moteur, tantôt acceptable pour utiliser les voiles. Mettre en route les moteurs, les arrêter, dérouler le génois, régler la grand voile, moteurs, voiles… Puis en début d’après-midi, le vent est monté graduellement à 25 noeuds, de face bien sûr et la mer aussi avec des vagues toujours plus hautes et courtes (période de 3 secondes). Graoully les chevauche vaillamment mais ça tape, les embruns montent jusqu’au poste de barre. Secouez moi, secouez moi !!! Très très désagréable et en plus nous consommons du gasoil. Vivement que l’on arrive à notre mouillage prévu vers 18h30.





Les côtes escarpées défilent lentement, le long des falaises, des collines brulées par le soleil, tout est jaune. Dès que c’est possible, des villes d’immeubles, des murs de grands ensembles, des usines aussi, s’accrochent aux reliefs, des plages ponctuées de parasols. Tout semble fait pour le tourisme de masse. De temps en temps une vieille tour de défense s’accroche à une pointe.




Les villes ont poussé comme des champignons, des zones magnifiques défigurées par des constructions toutes plus immondes les unes que les autres !

Nous sommes seuls, plus un bateau à l’horizon ! Seuls ce matin quelques bateaux de pêche trainaient encore leurs filets…

Avant que la mer ne soit trop forte, j’ai cuisiné des aubergines à la parmigiana pour ce soir. On adore ! J’ai profité aussi de l’abondance d’électricité due aux moteurs pour faire du riz au lait à l’orange au Thermomix. C’est très agréable en navigation, ça cale l’estomac.

Le temps s’étire, nous avons le temps de rêver, d’écrire, d’envoyer des messages à nos proches tout en veillant à la bonne marche de Graoully.


Une des difficultés de notre voyage, c’est l’absence de nos proches, famille et amis. Heureusement les technologies modernes nous permettent de garder le contact facilement. 

Chaque matin, j’envoi à Maman un SMS et quelques photos de la veille. Nous nous appelons en Visio aussi. Marc fait de même avec son père et chacun avec nos enfants suivant leurs rythmes et disponibilités.

Pour les amis, nous nous organisons des apéros en Visio. C’est comme à la maison, mais devant un téléphone et chacun prépare ce qu’il va boire et manger. Pas besoin de se déplacer et nous échangeons comme si nous étions face à face. Ce sont toujours de bons moments de partage. 


A 18h30 fatigués, nous jetons enfin l'ancre devant la plaja de Génovèse derrière le cabo de Gata bien à l'abri du vent comme de la houle ! Ouf que c'est paisible soudainement et le ciel flamboie au couchant !