Du dimanche 28 aout au Dimanche 4 septembre 2022
Après avoir eu une belle navigation tout le dimanche avec un vent soutenu au portant et surtout constant, entre 15 et 20 noeuds nous arrivons vers 16H au niveau de Carthagene. Si les conditions sont idéales pour naviguer vite et de manière confortable, le problème reste qu'avec un vent de Nord Est comme celui-ci et une houle de près de 2 mètres il n'y a sur cette côte aucun abri possible pour jeter l’ancre !
Nous contactons le yacht port de Carthagène qui a un emplacement disponible. Nous leur précisons que nous resterons probablement deux nuits.
Nous arrivons dans le port avec plus de 20 noeuds de vent ! Pas facile de manoeuvrer dans ces conditions mais j'anticipe bien le fardage et nous nous glissons entre les catways en douceur.
Le marinéro venu nous aider très pro, passe les amarres rapidement sur les taquets et les repasse à Marie.
Nous sommes désormais bien rodés pour cet exercice et en général la prise de quai se passe bien, toutefois lorsqu'il y a du grand vent rien n'est jamais certain et une vigilance accrue est nécessaire.
Il fait très chaud et nous profitons du raccordement à l'eau potable pour rincer le bateau et nous doucher.
Le soir nous partons faire un tour dans cette ville que nous avons bien appréciée le mois dernier lors de notre périple en voiture.
Nous trouvons un petit restau et choisissons une paella... très décevante ! Rien à voir avec celles de Christine et José !
Le lendemain matin nous faisons connaissance avec Christian notre voisin de quai, un Français baroudeur des mers, ancien skipper de charters. Il est sur un très beau monocoque qu'il prépare pour son propriétaire Hollandais en vue d'un tour du monde.
J'aborde avec lui notre problème de frigo qui ne fonctionne plus et qui est un vrai souci avec la chaleur ambiante !
Il interpelle instantanément Jorge, deux bateaux plus loin.
Jorge et son frère sont frigoristes, mais pas que !
Des vrais couteaux Suisse, bien qu'Espagnols ! Ils savent tout faire et 15 minutes plus tard le frigo est audité et ce que je pensais se confirme: le compresseur est hors service. Il peuvent en avoir un neuf sous deux jours et le remonter ensuite ! Je leur demande un devis et je leur confirme la commande.
Nous devrions pouvoir repartir jeudi matin.
J’en profite pour montrer également à Jorge le pré-filtre fendu de notre dessalinisateur que nous n'avons toujours pas reçu de France. Il me dit qu'il verra ça demain avec son fournisseur !
Mercredi matin le compresseur est remonté, notre frigo fonctionne de nouveau après une nuit d'essai et j'ai même pu remplacer le pré-filtre du dessalinisateur !
il ne restera pour ce dernier qu'un essai à faire quand on aura quitté la marina. Je ne veux pas essayer le dessalinisateur ici, la membrane ne supporterait pas les éventuels hydrocarbures dans l'eau !
Je fais toutefois un nettoyage complet de la membrane avec de l'eau déminéralisée et les produits alcalin puis acide appropriés car le dessalinisateur n'a pas servi depuis 6 semaines et tout doit être plein de bactéries.
L'avenir nous confirmera que la réparation était bonne et c'est un vrai confort pour nous de transformer 50 à 70 litres d'eau par jour qui est notre consommations moyenne. Notre dessalinisateur fournit environ 50 litres à l'heure et notre réservoir d'eau potable est de 700 litres.
Avec nos panneaux solaire d'un kilowatt et notre dessalinisateur nous sommes en autonomie complète lorsque que la cambuse est bien avitaillée !
Nous pensions partir jeudi matin mais finalement nous prolongeons notre séjour jusque la fin de semaine car la météo s'est dégradée ! Le vent est passé d'EST à OUEST ! La mer est assez forte.
Du coup bloqués pour bloqués le mercredi soir vers 22 heures j'envoie un message à Jorge pour lui parler d'un dernier problème technique que nous avons avec notre climatisation et sa pompe de gavage qui ne fonctionne pas malgré mes recherches restées vaines.
La climatisation qui ne fonctionne que pour le carré ne nous apparait pas indispensable mais à force d'entendre les conseils de ceux qui ont beaucoup navigué sous d'autres latitudes et qui la disent vraiment utile, on se dit que s'il n'y a pas tout à changer pourquoi ne pas la remettre en service ?
Mon message est à peine parti, Jorge me répond qu'il en parle à son Frère que je vois quelques instants plus tard descendre de son bateau avec son multimètre déjà prêt à venir tester la bête !! Quelle service d'urgence !! On en revient pas et nous en sommes même gênés.
Finalement il faudra démonter un meuble pour accéder au compresseur ce que je m'engage à le faire dès la première heure demain matin.
Après le petit déjeuner je vide la bibliothèque pour démonter le fameux meuble. Les deux frères arrivent et vérifient toute l'installation. Rien de grave, un problème de raccordement électrique mal réalisé qui empêche l'information entre le thermostat, la sonde et le compresseur ! (Merci à l'ancien propriétaire qui nous avait certifié que tout fonctionnait ! nous avons découvert à nos dépens le manque de compétence de ce dernier malgré son titre d'expert maritime qu'il s'est auto attribué. Nous avons appris après coup qu’une certaine réputation le précédait à Port Saint Louis du Rhone…)
Samedi pour notre dernier jour nous faisons une ballade sur les hauteurs de la ville.
Dimanche matin à 7h00 nous larguons les amarres sous les saluts amicaux de Lutz un architecte de Leipzig qui a le même bateau que nous et qu’il remonte jusque la mer baltique.
Du 23 Aout au 26 Aout Les îles Columbretes.
Nous avons passé 3 jours merveilleux dans ce petit archipel des Columbrettes.
La première matinée nous l'avons passée à nettoyer nos hélices car 5 semaines à la Rapita ont permis aux balanes une sorte de coquillage, d'envahir toute la surface des pales. En partant de la Rapita tout le bateau a tremblé lorsque nous avons poussé un peu les moteurs ! Le rendement était nul, on a perdu au moins 1 noeud de vitesse ! Une petite plongée a confirmé nos soupçons car on nous avait prévenu que dans la lagune coquillages et algues poussent vite.
Avant |
Après |
Sur la coque notre anti-fouling a été efficace par contre les hélices qui n'étaient pas traitées n'ont pas été épargnées et c'est presque 2 centimètres d'épaisseur de balanes qui les recouvrent !
Une réserve intégrale dans laquelle nous nous régalons en longeant les falaises avec tubas et masque.
Nous sommes impressionnés par la quantité de mérous de toutes tailles que nous croisons. Les plus curieux remontent entre deux eaux pour nous observer !
On croise aussi des méduses « oeufs au plat » magnifique et non urticantes, heureusement pour nous ! On en profite pour faire quelques plans photographiques de ces animaux vraiment très esthétiques.
Des bancs de sars à tête noire, des mulets, castagnoles et dans des quantités surprenantes. Les bancs de sars nagent en formant des ellipses qui vont du fond de l’eau jusqu’en surface, le tout dans une telle synchronisation ! C’est d’une beauté folle.
Nous aurions aimé pouvoir plonger avec nos bouteilles depuis le bateau mais les gardes nous ont précisé que c’était interdit. Il faut passer par une société de Valence qui a les autorisations nécessaires. Tant pis, nous sommes un peu déçus mais comprenons parfaitement. C’est à ce prix que ce site est aussi remarquable.
Je fais un tour en kayak dans la baie et depuis un bateau les passagers me font signe.
Je m’approche, ce sont des belges que j’ai pris pour des Allemands en confondant les deux pavillons !!
Guten tag leur dis-je enthousiaste de partager quelques mots en Allemand.
Ils me regardent avec de grand yeux de merlans frits . Il y a quelque chose qui cloche !
Ils me répondent en Français et me disent être Belge. Je leur présente mes excuses pour mon erreur !
On me répond, vous êtes Français non ? Avec un sourire et un regard entendu, signifiant un « ce n’est pas étonnant ! « Me sens un peu vexé mais la leçon a porté ses fruits je ne confondrais plus les horizontales Allemandes et les verticales Belges!
Ils ne sont pas rancuniers puisque nous irons visiter l’ile avec eux. Ils ont pris rdv avec les gardes qui accompagnent ceux qui souhaitent aborder l’île principale.
Nous y apprendrons qu’au fil des siècles, l’ile était un repère de pirates puis de contrebandiers, avant d’être occupée au 19eme siècle par quelques familles de pêcheurs qui mirent le feu à l’île pour exterminer les serpents qui y pullulaient détruisant toute la végétation mais pas les serpents qui se réfugièrent dans les fissures !
Par la suite les autres ilots voisins servirent de réserve pour permettre de replanter les espèces végétales qui avaient été incendiées.
Un petit cimetière accueille les sépultures de 12 enfants et une femme. La nuit on entend des chants étranges qui semblent presqu’humains. La légende raconte que sont les enfants enterrés là qui réclament à boire en criant « agua, agua ».
Nous avons été très intrigués par ce chant la première nuit et avons scruté l’obscurité à la lampe torche pour tenter de déterminer son origine mais en vain. Un moment j’ai même pensé à des dauphins. En réalité l’explication provient d’une colonie de puffins qui vient à la nuit tombée se percher sur les falaises ! Les oiseaux poussent ces petits cris qui effectivement ressemblent à des plaintes d’enfants !
Le carnet de voyage de Marie s'épaissit au fil des étapes !
Du 3 au 22 Aout 2022 La Rapita.
Après notre retour de Grenade, les dernières semaines à la Rapita ont été consacrées aux travaux sur Graoully. Nous avons pu remplacer nos drisses et il était très grand temps de remplacer la drisse de grand voile qui était proche de la rupture comme ce fut la cas de la balancine !!
Malheureusement le pré-filtre que nous avions commandé pour notre dessalinisateur n’est pas arrivé à temps, et il était hors de question que nous prolongions notre séjour pour l’attendre.
Nos amis le récupèreront pour nous à la marina et nous l’enverront soit à la marina l’Alinéa de la Conception à Gibraltar ou à Arécife à Lanzarote aux Canaries.
Notre écran Garmin extérieur fonctionne à nouveau, la panne était due à une oxydation d’un contact au niveau du fusible.
De même pour notre auto radio qui était devenu muet. J’ai tout débranché et passé du produit spécial pour les connecteurs et il re-fonctionne !
L’air marin est terrible pour tous ces contacts électriques !!
Qu'en sera t-il de nos neurones ?! 😖 Mystère !
Le reste du temps a été consacré à nos amis qui sont même venus nous cuisiner une paella à bord !!,
A la visite du musée de la mer.
- A faire connaissance avec les voyageurs d’autres bateaux. Des contacts chaleureux se sont noués.
Certains partent comme nous, et nous nous croiserons sûrement ici ou là, comme Kia, son épouse et leur fille. Lui est médecin à Guam sur une base militaire américaine, il partent d’ici pour convoyer leur bateau jusque l’ile de Guam près du Japon ! Presqu’un tour du monde.
D’autres rentrent comme Hervé après huit ans autour du monde. Il nous donne pleins de tuyaux sur le Brésil et dit nous envier terriblement d’entamer ce voyage, ça se voit dans ses yeux qui pétillent !
Certains comme David (Anglais) et sa femme Chantal (Française) à plus de 70 ans vivent sur leur bateau 6 mois par an et le reste du temps ils le partagent entre cannes et leur maison en Angleterre.
Pendant qu’il m’emmène avec sa voiture acheter des pièces pour le bateau, il m’explique les conséquences désastreuses du Brexit en Angleterre avec une augmentation de près de 50% du prix des fruits et légumes et de l’énergie aussi, avant même la guerre en Ukraine.
Il est en colère contre Boris Johnson qui n’a agit, dit-il, que pour ses ambitions politiques.
Il a fait un nombre incalculable de promesses au peuple si l’Angleterre sortait de l’Europe…promesses non tenables évidemment.
David m’explique en se moquant que Boris Johnson se déclare être contre l’Europe alors qu’il passe une partie de sa vie dans sa maison en France ! « Eh bien qu’il reste en Angleterre alors » conclut-il en riant !
Patrick, Catherine et leur fille Maureen nos voisins direct pendant quelques jours qui naviguent quelques semaines par an sur leur monocoque avec qui nous avons bien sympathisé au cours d’apéro sur l’un ou l’autre bateau.
Nous avions peur de perdre du lien social en voyageant longtemps et loin mais en réalité pour l’instant nous avons beaucoup de contacts surtout en marina et dans une moindre mesure au mouillage pour autant que nous allions au devant des gens.
Nous passerons notre dernière soirée avec nos amis Christine et José, au bar et au restau pour une excellente soirée. Des promesses sont faites de nous rejoindre aux Antilles pendant l'hiver 2023. Cela nous réjouit !
Nous avons vraiment apprécié cette parenthèse à la Rapita dans le delta de l'Ebre.
Marie a évidemment eu le temps d'avancer dans son carnet de voyage dont voici quelques pages consacrées à la Rapita.
Nous avons surtout découvert que rester quelques semaines apporte des petites habitudes bien agréables et permet de découvrir les gens, les lieux avec plus de force. Et puis c'est bien agréable de se dire qu'on a le temps et que donc pourquoi ne pas rester tant que ça nous plait ?
Le 22 au matin nous larguons les amarres à 7h30, nous quittons le quai de la marina qui nous a accueilli pendant 5 semaines tout juste. Nous sommes touchés de voir David et Chantal qui se sont levés juste pour nous saluer. Je venais juste de déposer sur leur passerelle, bloquée par un coquillage, notre adresse mail et l’adresse de notre blog que m’avais demandé David.
Ils furent des voisins charmants, merci encore à David qui m’a transporté deux fois pour des achats concernant Graoully.
Nous avons un petit pincement au coeur en quittant puis en voyant La Rapita s’effacer doucement.
Encore une étape qui se termine. Voilà 3 mois que nous avons quitté la métropole.
Direction vers le sud maintenant. A 10H conformément aux prévisions météo, le vent forcit un peu, devient favorable en direction et nous permet d'avancer à 6 et 7 noeuds en vent de travers.
Vers 15h nous passons à 10 milles nautiques des iles de Columbretes. Les ilots sont sauvages, superbes dans la lumière. Je les avais complètement oublié lorsque j’ai fait la route. Il faut dire que sur la carte ils ne sont que quelques petits points à peine visibles !
Je dis à Marie « c’est dommage on aurait pu prévoir de s’y arrêter", elle me répond « mais qu’est-ce qui nous empêche de le faire ? « Ben rien…
Virement de bord, nous avons le vent pleine face pour nous y rendre, il nous faut tirer plusieurs bords pour arriver dans l’ile principale. En direct nous étions à 9 Milles nautiques avec les bords nous en ferons 21 !
A 19h30 nous entrons dans la baie en espérant qu’une des 10 bouées disponibles sera libre. En fait seuls trois bateaux sont déjà là. Nous prenons la première bouée qui se présente. Les bouées sont gratuites et super pratiques à prendre. Rien à voir avec celles en France qui ne sont jamais adaptées et toujours payantes.
En espagne la politique de protection des herbiers de posidonie est stricte. Il est interdit d’ancrer dans les herbiers sous peine d’amendes, raison pour laquelle dans beaucoup de baies des bouées ont été mises en place par prévention. Il y a des contrôles systématiques aux mouillages. En France c’est la politique du fric. Les collectivités récupèrent l’argent des bouées et les autres peuvent ancrer n’importe comment, personne ne leur dit rien !
Nous sommes à peine ancrés que beaucoup d’oiseaux tournent autour de nous. Les falaises sont proches et des faucons chassent en rasant les parois et poussent des cris stridents lors de leurs piquets en flèche.
Le site est vraiment grandiose, nous sommes heureux d’être là !
Nous avons parcourus 61 Milles nautiques aujourd’hui soit un peu plus de 110 km en 11 heures.
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