Mardi 12 Septembre 2023
7H du matin aéroporto Gilberto Freyre, Recife Guarapares. Le taxi nous a conduit de l'hôtel IBIS situé de l'autre coté de la voie rapide à l'aéroport pour quelques centimes d'euros.
Nous trouvons le stand AZUL et faisons enregistrer nos bagages puis nous dirigeons vers le passage sécurité. Je suis détecté positif à la drogue. Follow me please. Je suis placé sur deux repères au sol.
Deux pieds jaunes qui m'obligent à écarter un peu les jambes. Don't move please!
Le gars reviens avec un détecteur qu'il fait parcourir le long de mon corps de la tête aux pieds. Marie se bidonne, moi moins ! J'ai la conscience tranquille, je ne transporte rien d'illicite mais bon je suis bien rassuré quand les voyants passent au vert et que le contrôleur me dit "todo bom" en portugais cette fois !
On passe en salle de transit en attendant le départ. Tout est orchestré à la minute près.
On décolle pile à l'heure dans un Airbus quasi neuf. L'avion est plein... Les voyages intérieurs sont fréquemment réalisés en avion vu les distances gigantesques au Brésil! On avait initialement envisagé d'aller sur l'Amazone en bus mais c'était 41 heures de route jusque Belem depuis Joao Pessoa ! Alors on a craqué pour l'avion et 2h30 de vol.
Le voyage est effectivement rapide mais malgré tout on nous offre une collation.
Avant d'atterrir à Belem nous survolons le delta de l'Amazone afin de nous retrouver dans le bon sens de la piste et du vent. Nous survolons l'Ile de Marajo qui est face à Belem et prenons l'ampleur de la taille de ce delta car nous le survolons un long moment !
Ça y est nous touchons le macadam, et nous récupérons nos bagages à une vitesse qui nous épate !
Nous prenons un taxi pour rejoindre notre hôtel Atrium Quinta de Pedras. Un ancien couvent franciscain du 18eme siècle transformé en lieu d'hébergement. Plutôt élégant !
Nous avons rdv ici pour retrouver un de nos guides Jean Robert et une partie des autres compagnons voyageurs avec qui nous partagerons notre séjour sur l'Amazone et le fleuve Tapajos. Nous retrouverons le reste des voyageurs à Santarem point de départ réel de ce séjour.
Après une soirée agréable à l'hôtel où nous faisons connaissance avec Antoinette et Anita, deux suissesses fort sympathiques nous passons une nuit tranquille.
Mercredi 13 Septembre 2023
Dans la matinée nous embarquons dans un bus pour rejoindre l'aéroport de Belem d'où nous décollons pour Santarem que nous rejoignons en 1h30.
En atterrissant nous voyons plusieurs camions de pompiers avec girophares et des lances à incendie qui arrosent notre avion !! Nous restons perplexes et ne savons pas encore aujourd'hui ce qui s'est passé !?
Quoiqu'il en soit sitôt nos bagages récupérés nous reprenons un bus qui nous conduit directement à l'embarcadère de Santarem et nous embarquons sur l'Amazone-dream magnifique bateau à fond plat !
Notre cabine est superbe, tout en bois, avec un petit balcon sur l'arrière du bateau que nous partageons avec un couple de Lyonnais.
Nous installons nos affaires puis montons sur le pont supérieur où nous avons un débriefing sur les 12 prochain jours que nous allons passer à bord.
Nos deux guides Pierre Schwarz, un Suisso-Brésilien de 30 ans et Jean Robert journaliste, océanographe, photographe pour Terre Sauvage pendant 20 ans, nous expliquent le programme alléchant de 4 jours sur l'Amazone et 7 jours sur le fleuve Tapajos à la rencontre des animaux, essentiellement des oiseaux, mais aussi des peuples qui habitent ces terres très particulières.
La première chose dont nous prenons véritablement conscience dès que nous sommes sur le fleuve amazone c'est le gigantisme de l'Amazonie.
Le bassin de l'Amazone fait près de 7 millions de km2 soit environ 13 fois la France ! Ce fleuve Amazone, le plus important au monde a un débit moyen à sa sortie sur l'atlantique de 910.000 M3/seconde. A titre de comparaison le deuxième fleuve au monde est le fleuve Congo avec 41.000 M3/s ! Et enfin plus proche de nous le fleuve le plus important de France, le Rhone a un débit moyen de 1700/M3/s soit 600 fois moins ! L'Amazonie représente près de 20% des réserves d'eaux douces du monde !
En analysant les cartes nous prenons conscience que nous allons en 12 jours découvrir une toute petite partie de cette région qui s'étale sur 9 pays ! Nous apprenons aussi que cette partie de l'Amazone où nous sommes se nomme la Varzea. Cette région est couverte d'eau pendant quelques mois puis le niveau baisse et les terres se découvrent. Cette région est peuplée par de petites communautés soit Amérindiennes, soit Cabocles (Métis d'Amérindiens - Portugais - anciens esclaves) .
Depuis le mois dernier l'Amazone a baissé de près de 5 mètres, baisse des eaux due à la saison sèche mais qui est très amplifiée cette année par le phénomème El Nino particulièrement actif cette année !
L'Amazone c'est aussi en terme de biodiversité selon les connaissances actuelles:
+ de 430 espèces de mammifères
+ de 1300 oiseaux
+ de 380 reptiles
+ de 430 amphibiens
+ de 2400 poissons d'eau douce
+ de 1800 papillons
+ de 2.500.000 insectes
+ de 14.000 plantes
+ de 1000 essences d' arbres (60 en France !)
De nombreuses nouvelles espèces sont découvertes chaque année!
Vers 17h30 juste avant la nuit nous montons dans une lancha et partons faire un tour au bord du fleuve à la découverte des oiseaux qui peuplent les rives. Nous assistons à notre premier coucher de soleil sur le fleuve.
Jeudi 14 Septembre 2023
Lever à 5h45 petit déjeuner copieux à 6H.
A 6H45 nous embarquons dans la lancha et nous rendons sur le lac Maika qui est en fait un bras de l'Amazone. Au début du lac les rives sont proches l'une de l'autre (environ 100 mètres) on observe facilement grands hérons, hérons bleus, aigrettes, karakaras (rapace à tête jaune) milan des marais, buses, kikivit, sternes, martins pêcheurs...
Notre guide nous montre un paresseux en haut d'un arbre en train de manger des feuilles tranquillement. Il est très timide et sent que nous le regardons. Il se déplace très lentement pour cacher sa face derrière le tronc, impossible d'en prendre une photo.
Arrivé au bout du lac nous sommes sensés prendre un petit canal naturel qui nous ramène sur le fleuve où est ancré Amazone Dream. C'est sans compter sur la baisse importante des eaux et le marin qui pilote la lancha galère à trouver un chemin suffisamment profond dans ce dédale d'eau. On croise une pirogue avec un local qui nous dit lui même être perdu !!
Le bateau est à 500 mètres à vol d'oiseaux. Si on ne passe pas il faudra refaire le parcours en sens inverse (environ 3 heures !!). faire le reste à pieds n'est pas possible non plus quelques essais nous montrent que l'on s'enfonce jusqu'aux genoux dans la vase !
La marin force le moteur dans la boue, il faut tirer, pousser et finalement presque miraculeusement on passe ce seuil haut d'une cinquantaine de mètres et nous retrouvons les eaux libres. Nous ouvrons ainsi la voie à des petits bateaux de pêcheurs.
Retour au bateau pour un excellent repas Amazonien avec du poisson d'eau douce extra !
Vendredi 15 Septembre
Départ de bonne heure vers 6H00 en lancha jusqu'au village de Pacoval. Le soleil est à peine levé mais les jacanas noirs et les vanneaux héros sont déjà à la recherche de petites grenouilles et d'insectes sur les bords du fleuve. Un beau balbuzard nous survole un poisson entre ses serres. Plus loin en grand héron a bien du mal à avaler sa proie, un poisson qui parait énorme par rapport à son bec !
Au détour d'un méandre nous tombons face à un troupeau de buffles noirs.
Le long du fleuve nous découvrons toute une vie. Les enfants attendent le bateau scolaire, des pirogues rentrent de la pêche, des agriculteurs s'activent dans leurs champs. On sent une sorte de frénésie car il n'y a que quelques mois avant que les terres soient de nouveau immergées !
Vers 8h on débarque dans le village de Pacoval. Le responsable du village de cette petite ville de 1700 habitants tout de même nous attend sur le débarcadère et nous explique que sa communauté, les Quimbolas, descendent des esclaves Africains réfugiés au 18 eme siècle en Amazonie après avoir fuit les propriétaire à qui ils appartenaient.
On se balade dans le village où l'on sent un calme et une sérénité propre à cette région. Un villageois nous présente un adorable petit perroquet vert qu'il dépose sur ma main.
Nous reprenons la lancha et continuons la remontée du fleuve qui se rétrécit de plus en plus.
Nous nous arrêtons dans un méandre et sortons les cannes à pêche ! Un morceau de boeuf est découpé en cubes de deux centimètres de cotés que nous accrochons sur un gros hameçon. Le marin tape avec sa pagaie quelques grands coups à plat sur l'eau. C'est parait-il pour attirer les piranhas ! Assez rapidement j'attrape un piranha rouge,
pas très grand puis quelques minutes après ma canne se plie en deux, ça tire fort, je remonte le poisson en surface, c'est un beau piranha noir ! La dentition est spectaculaire ! Mieux vaut ne pas y mettre son doigt !!
Je suis le vainqueur du concours mais les poissons sont remis à l'eau car ils sont de chair médiocre, tout juste en fait-on de la soupe. Deux grandes loutres d'Amazonie font leurs curieuses et nous observent à 15 mètres de là, hélas même si je suis bien placé, le temps de prendre mon appareil photo, elles ont déjà plongé !!
Nous repartons avec la lancha et traversons une partie de forêt immergée.
Un peu plus loin en face de nous, une étrange forêt de moucou-moucou et juste devant, un caïman entre deux troncs. Impassible il attend sa proie. On en voit hélas que les deux yeux.
Un peu plus loin un gros vacarme dans des bosquets attire notre attention, ce sont des hoazins, gros oiseaux d'environ 70 cm de haut avec une huppe sur la tête et un maquillage bleu autour de l'oeil. Ils se disputent, les branches s'agitent en tous sens mais ils restent difficiles à observer.
Nous rentrons sur l'Amazone Dream pour déjeuner et vers 14h le bateau appareille pour remonter l'Amazone avec un courant contraire de presque 8km/h. Depuis le pont supérieur on se régale des paysages qu'offrent les rives et essayons de photographier les dauphins d'eau douce qui sont nombreux ici. Ils sont roses avec un drôle de rostre loin de ressembler au dauphin de mer que l'on connait.
Avec le mouvement des plaques tectoniques, la Cordillère des Andes sort de terre et coupe toute liaison avec le Pacifique. Un grand nombre d'espèces se retrouvent prisonnières dans un bassin qui se transforme progressivement en un bassin fluvial alimenté en eau douce par ces nouvelles montagnes ! Toutes ces espèces marines n'ont que deux possibilités s'adapter ou disparaitre ! Les dauphins et les raies sont donc de celles qui ont réussi à s'adapter d'où leur présence en nombre.
Lors de notre sortie de 17H nous voyons de nombreux oiseaux et un paresseux presqu'à la cime d'un arbre. Ils sont très difficiles à observer car très farouches !
Nous rentrons dîner au bateau mais ressortons vers 20h30 pour une sortie de nuit à la recherche des caïmans. Nous remontons un chenal naturel parallèle à l'Amazone, il y en a un nombre incalculable ! En fait le fleuve Amazone est irrigué par une multitude de ces canaux qui drainent les eaux de pluies vers le fleuve principal.
La ballade sous la Voie lactée est magnifique mais de caïmans nous ne verrons finalement que des yeux... des dizaines de paires d'yeux certes mais qui disparaissent dès que nous approchons trop près. Par contre régulièrement des poissons sautent dans le bateau, probablement aveuglés par la lumière des feux de navigation, ils perdent tout repère.
Dommage pour les caïmans... mais ce fût une chouette sortie.
Samedi 16 septembre 2023
Départ au lever du jour. À l’entrée du chenal qui traverse l’isthme d’ouest en est jusqu’au Lago Monte Allegre, on croise des pirogues en train de pêcher à l’épervier. À l’avant de son embarcation, l’homme ramène de façon très précise son filet sur son bras avant de le lancer avec art devant lui.
Des écailles brillent quand il remonte son filet : quelques petits
aracus sans doute. À bord des annexes, les photographes essaient de saisir l’instant où l’épervier se déploie au-dessus de la surface de l’eau.
La pêche à l’épervier est pratiquée en bord de rives où les poissons prédateurs guettent leurs proies s’abritant dans les racines des plantes des berges. Les pêcheurs, comme tous les Caboclos rencontrés dans cette région, jouent le jeu de la photo avec plaisir !
On repart le long du canal. Un dauphin rose trouble l’eau paisible d’un souffle d’air expulsé comme un discret éternuement.
On débarque sur le rivage où Tiago, nous attend. Ce solide Caboclo vit dans sa maison sur pilotis depuis plus de 40 ans et nous explique la vie simple et frugale des habitants de ces petites communautés. Ils sont à la fois pêcheurs et agriculteurs, mais surtout fins connaisseurs de ces varzéas inondées la moitié de l'année.
Retour au bateau par le même canal. Les berges sont plantées de manioc, bananiers, papayers.
L’Amazon Dream met le cap sur Santarém.
Arrêt technique pour refaire le plein de provisions.
Nous sommes ancrés face au gigantesque complexe de transbordement de l'entreprise américaine CARGILL
Plus de 7,5 millions de tonnes de soja et de maïs transgéniques issus du Mayo Grosso transitent par ce site avant d'être chargés sur des cargos à destination de la Chine, de l'Europe et des Etat-Unis.
Notre guide Brésilien nous fait part des scandaleuses conditions dont bénéficie cette entreprise depuis près de 25 ans, qui non contente d'avoir défiguré le paysage et porté atteinte à la biodiversité, ne paye pas d'impôts !
C’est sans regret que nous larguons les amarres pour rejoindre l’embouchure du Canal de Jari.
Avec une arrivée somptueuse au coucher du soleil saluée par les dauphins gris à la nageoire triangulaire ou tucuxis et les grands dauphins roses ou botos. Mais le niveau d’eau
est trop bas, nous ne pouvons pas nous amarrer à l’entrée du canal.
Dimanche 17 septembre
Nous sommes désormais rodés pour les excursions du matin !
Ce qui nous permet d’être sur l’eau pour le lever de soleil que les photographes essaient de cadrer entre les piliers d’une maison sur pilotis installée sur un isthme étroit.
Ce matin, nous avons rendez-vous avec Rosa-Angela.
Il y a onze ans, cette femme d’une soixantaine d’années a demandé au gouvernement le droit de s'installer sur 500 mètres le long de la rivière pour créer une réserve de faune.
Abritée sous les pilotis de sa maison, elle nous raconte, en nous faisant goûter des noix de sapucaia fraîches, comment un gigantesque caïman noir avait trouvé refuge sous son plancher en plein coeur de la saison des pluies !
Des saïmiris ou singes écureuils déambulent dans sa cuisine au milieu des chats nonchalants.
Curieux, vifs et insouciants, rigolos comme
tout avec leurs yeux malicieux cerclés de blanc, ils font le bonheur des photographes.
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Je suis admiratif des détails du tressage des toitures en palme. |
Aujourd’hui, nous sommes 4 mètres plus bas que le niveau de la terrasse et c'est donc à pieds secs que nous partons à la découverte de sa petite réserve de faune sauvage privée.
À peine partis, elle nous montre du doigt un étrange
oiseau grisâtre immobile comme une statue perché dans la fourche d’un énorme arbre.
C’est un grand ibijau, un étrange oiseau de nuit, cousin des engoulevents.
Il dort profondément, exactement de la même couleur que la branche sur laquelle il a trouvé refuge.
Un peu plus loin, on observe une femelle paresseux et son petit qu’elle serre sur son ventre.
Le petit lève la tête et nous regarde avec curiosité.
Sa mère nous observe à son tour et fait tourner sa tête à plus de 180° (elle peut en fait la tourner à 270°) et décide de se cacher dans le feuillage.
À force de regarder à la jumelle ou dans l’objectif d’autres paresseux disséminés tout en haut des arbres, autour de la maison de Rosa Angela, nous sommes vite à la limite du torticolis.
En bord de propriété, nous voyons le terrain débroussaillé par le bétail de ses voisins éleveurs.
En à peine onze ans, la propriété de Rosa est revenue à l’état sauvage avec une végétation arbustive déjà bien développée et surtout une faune déjà bien présente.
Comme pour nous conforter dans cette idée, une bande de saïmiris, ou singes écureuils, vient nous rendre visite.
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Impressionnants ces arbres bardés d'épines presque des cornes ! |
Nous continuons le long du canal pour rejoindre une ferme de nénuphars.
Une belle superficie couverte de nénuphars géants nous permet d’en voir tous les stades. Les feuilles du "Vitoria Régia"
(en l’honneur de la reine d’Angleterre) naissent d’une sorte de bouton qui se déploie d'abord en forme de coeur puis s'arrondit pour devenir une gigantesque feuille. On dit qu'un petit enfant peut y tenir sans sombrer dans l'eau.
La fleur s’ouvre d’un blanc immaculé puis un insecte la pollinise et elle devient violette !
Ces plantes sont consommées en beignets, en gâteaux et en confitures.
L’Amazon Dream reprend sa navigation pour rejoindre la jonction entre le canal de Jari, le fleuve Tapajos et le fleuve Arapuins.
Marie profite de ces quelques heures de navigation pour peindre sont carnet de voyage dans notre cabine. |
On peut observer de nombreux oiseaux que je parviens pour certains à photographier.
Colonie d'Urubus |
Balbuzards pêcheurs |
Kamichi cornu |
L’équipage manœuvre le navire pour échouer sa proue dans le sable fin d’un blanc immaculé de la magnifique anse d'Urucurea.
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Ces coquilles d'oeufs attestent que la zone sert de nichoirs aux sternes. |
Un endroit idyllique pour se baigner dans une eau qui doit friser les 28°C.
Et l’on comprend pourquoi le rio Tapajos est aussi appelé les Caraïbes de l’Amazonie !
Les traces de nos pas sur le sable forment une curieuse mais esthétique composition. |
Sortie au coucher de soleil et retour de nuit pour découvrir que l’équipage nous a fait une surprise. Une soirée barbecue installée sur la plage nous attend !
Lundi 18 septembre 2023
Ce matin, c’est presque une grasse matinée avec un petit déjeuner à 6h30 et une baignade pour les plus courageux.
Sur la plage, nous sommes accueillis par Juvenal qui va nous guider dans la forêt jusqu'à la communauté d'Urucurea.
Après un début de croisière sur l'Amazone, c’est notre premier "véritable" contact avec la forêt primaire de « terra firma ».
Dans les grands arbres, des saïmiris nous suivent du regard. Un peu plus loin, alertés par des grognements, nous apercevons les ombres fugitives de singes hurleurs.
Et ce n’est pas fini ! Notre guide repère un singe un peu
plus petit appelé localement "zog zog". On ne voit qu’un éclair noir et blanc.
C’est une sous-espèce endémique du singe capucin. Trop furtif pour une photo.
Arrivés à l'entrée du village, nous allons visiter l’école qui ac-
cueille près de 100 élèves du primaire et 70 du collège. Sous le hall de la cour centrale, les enfants sont en train de déjeuner.
Ensuite, nous allons voir la coopérative de vannerie du village.
Dans la boutique sommaire, on peut acheter des paniers, des objets tressés et décorés avec soin.
Juchées sur de petits tabourets, quatre femmes sont
en train de travailler et nous expliquent comment elles utilisent les techniques anciennes de teinture et de traitement du feuillage de palmiers.
Les objets sont ensuite vendus sur place par la coopérative ou dans les boutiques de Santarem.
Nous reprenons notre navigation pour traverser le rio Tapajos qui prend des allures de mer intérieure (plus de 15 km de large) en passant devant les plages d’Alter de Chao pour rejoindre Maguari, 30 miles plus au sud.
Dans l’après-midi, nous nous retrouvons pour une conférence sur l’Amazonie et sa biodiversité présentée par notre guide Jean-Robert, journaliste à Terre d'Aventures.
L’occasion pour lui d’aborder les dernières recherches en cours, comme la responsabilité des arbres pour déclencher leur propre saison des pluies est surprenante.
Les dernières recherches appuyées par des vues satellites spécialisées démontrent que des "fleuves" aériens seraient produits par la forêt Amazonienne et arroseraient le sud du Brésil, où la culture est intensive.
Les gros groupes agricoles très influents politiquement et partisans de la déforestation de l'Amazonie pour toujours plus planter, semblent enfin prendre conscience (Par intérêt certes ...!) de l'importance de la préservation de la foret primaire... car si le déboisement au nord modifie la pluviométrie du sud ce changement aura pour conséquence des pertes énormes pour eux !
lI est soulevé aussi l’importance évidente de la biodiversité par km2 de forêt et l’existence probable d’un seuil de non-retour de la forêt amazonienne si la déforestation se poursuivait à grande échelle.
Il faut imaginer que toute l'Amazonie est un immense sol rocheux sur lequel une fine couche végétale de quelques dizaines de centimètres permet aux arbres de pousser.
Cette épaisseur est si faible, souvent une vingtaine de centimètres, que les arbres très hauts ont développé des techniques racinaires incroyables, voiles, échasses, ou tentacules... pour résister au vent.
La déforestation avec dessouchage entraine une érosion rapide des sols qui restitue le sol rocheux sans espoir pour les arbres de pouvoir repousser.
En fin d'après-midi c’est l’arrivée sur une nouvelle plage de rêve !
Un paysage balnéaire qui se modifie en quelques semaines en fonction de la décrue qui découvre de nouvelles langues de sable.
Mardi 19 septembre 2023
Débarquement à Jamaraqua pour la randonnée en forêt
Nous allons rendre visite au Sumaúma, l’un des plus grands arbres de cette région amazonienne.
Accompagnés de guides locaux, nous entrons dans la forêt
nationale des Tapajós, une réserve écologique de plus de 600 000 hectares créée il y a plus de 40 ans pour concilier conservation environnementale et activités économiques pour les communautés traditionnelles de la région.
Avec plus d’une quarantaine de guides se relayant pour faire découvrir leur forêt aux visiteurs, la communauté de Jamaraqua est devenus un modèle pour la région.
Notre première halte est consacrée aux hévéas. Ici, l'écorce d'arbres d’une soixantaine d'année sont incisés au petit matin pour récolter le latex. Celui-ci, riche à 45 % de caoutchouc sert aujourd'hui uniquement à la production artisanale d'objets. Les pneumatiques sont réalisés de nos jours, en caoutchouc de synthèse.
On progresse lentement dans la forêt secondaire puis primaire et les troncs de plus de 30 mètres s'élancent vers la lumière, colonisés par nombre de lianes et plantes épithètes perchées sur les branches.
Les guides Frank et Rui nous montrent un grand tronc lisse. C’est l’andiroba.
L’arbre produit des fruits à coque contenant une douzaine de graines.
Elles sont cuites et pressées pour en extraire de l’huile.
Une huile miracle, à la fois cicatrisante et anti-inflammatoire. Elle soigne aussi les bronches. On l'utilise en massage ou pour soigner les maux de gorge des enfants.
Un peu plus loin on découvre des fourmis tashi. Écrasées sur la peau, elles servent de répulsif contre les moustiques et cachent l’odeur de l’homme pour les chasseurs.
La fourmilière est une grande stalactite qui descend d'une branche haute. elle est faire de terre et d'herbes broyées.
Les fourmis Tashi sont très sensibles au bruit. On s'approche donc de l'ouverture située en partie basse et l'on souffle fort.
En moins d'une minute, des centaines de fourmis sortent de la fourmilière et monte sur la main posée sur la fourmilière.
On écrase les fourmis et on se barbouille avec le jus obtenu !
En plus, elles ne piquent pas !
Il ne faut pas se tromper avant de plonger la main dans la fourmilière ! D’autres espèces risquent de vous infliger de sérieuses morsures !
Pour ceux qui connaissent les plantes, la forêt est à la fois une gigantesque pharmacopée et un immense magasin de bricolage.
Un peu plus loin encore le guide nous montre les "nids" des cigales qui animent de leurs sons incessant toute la forêt.
C'est un tube de terre d'une vingtaine de centimètres avec un opercule qui est percé lorsque la cigale est mature et peut sortir à l'air libre.
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Plus loin encore nous voyons un autre type de fourmilière qui ressemble à un tas de sable.
Ici on appelle ces fourmis "Chanel N°5".
J'ai fait le test et le parfum resta très longtemps sur ma peau.
Concentrés sur les commentaires de nos guides, fins connaisseurs de la forêt, nous nous retrouvons sans nous en rendre compte au niveau du mirador (6 km tout de même) qui offre une vue sur les cimes de la forêt et plus loin sur le fleuve Tapajos.
La végétation se densifie, les arbres et les lianes s’entre-
mêlent et l’on admire des ficus géants et des cipó Apuí multicentenaires.
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Termitière. |
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Ponte d'insectes. |
Encore deux kilomètres et l’on découvre le célèbre Samauma, surnom-
mé ici le grand Père, un fromager immense avec un tronc gigantesque.
Il mesurerait plus de 60 mètres de hauteur et aurait près de 300 ans.
Une trentaine de personnes se tenant la main serait nécessaire pour
en faire le tour.
On raconte que la Sumaúma est la maison du Curupira, un démon
protecteur des forêts, qui parcourt les sous-bois et hante les
chasseurs.
Nous faisons ensuite une nage dans l'eau cristalline d'un iguarapé qui
est une résurgence.
Ce court d'eau sort d'une grotte 6 km en amont d'où nous sommes !
Je rêve d'aller à cette résurgence mais nous nous contentons pour l'heure
de remonter la rivière sur un petit kilomètre et de la redescendre à la nage.
C'est une sensation incroyable car l'eau est fraiche et nager au coeur de la forêt équatoriale par
35 degrés à l'ombre est incroyable ! On a envie que ça dure des heures !
Retour au village et visite de l’atelier du caoutchouc.
On y trouve d’élégants bijoux et d’étonnantes chaussures en latex.
Ce sont les dernières utilisations du caoutchouc qui a pourtant fait les grands jours des villes de Belem et Manaus et qui les a tant enrichies au début du siècle dernier.
On embarque sur l’Amazon Dream pour une navigation vers la région de
Bragança, le territoire des indiens Munduruku.
(Voir notre vidéo You tube: https://youtu.be/gdIjql7bkc8 )
Ce peuple guerrier lutte depuis plusieurs siècles pour la défense de leur territoire de plusieurs
centaines de milliers d’hectares de forêt protégée au Brésil et contre les
projets de barrages hydrauliques qui menacent le Tapajos. Ils sont au-
jourd’hui environ 250 à vivre près du lac de Bragança.
À la nuit tombée, leurs pirogues viennent à notre rencontre sur un banc
de sable. Ils viennent nous chercher pour assister au rituel des Mundurukus,
un appel de l’homme à la nature.
Après une navigation en pirogue dans la forêt inondée qui embaume
de senteurs, on rentre dans la case communautaire.
Réunis autour du feu central, les Mundurukus rendent
hommage aux esprits guerriers disparus puis remercient la nature pour
les récoltes, pour l’eau, le feu… au travers de chants harmonieux chantés
par les adultes comme par les enfants.
À la lumière des bougies, on regarde ensuite leur artisanat et nous sommes nombreux à craquer pour leurs sculptures de jaguars en bois ou leurs bijoux en perles.
Personnellement je suis sous le charme de leur beauté, leurs yeux sont pétillants de joie de vivre. Une vie simple loin des réseaux et autres agitations du monde !
Mercredi 20 septembre 2023
Nous quittons Bragança pour traverser le Tapajos et remonter vers le nord
pour arriver sur le lac de Capixaua. On profite de la navigation pour écouter
une conférence sur le boom économique du caoutchouc qui a propulsé
l’Amazonie au cœur de l’économie mondiale entre 1860 et 1915.
On nous explique comment les Anglais ont volé une centaine de graines d'Hévéa
qu'ils ont cachées dans un chargement à destination de l'Angleterre ceci malgré
l'interdiction du gouvernement Brésilien, pour aller ensuite faire pousser ces
arbres en Asie.
Quelques années plus tard le caoutchouc de synthèse est inventé
sonnant définitivement le glas du caoutchouc naturel !
Notre escale pour la nuit sur un isthme récemment sorti des eaux
est, comme d’habitude, somptueuse.
Et encore une fois, on se croit sur une plage des Caraïbes tellement le sable
est blanc et l’eau chaude.
Sans oublier un coucher de soleil incroyable qui sublime
l’ensemble !
Le soir, nous débarquons dans la petite communauté de Vista Alegre
pour un spectacle de danse organisé par les enfants.
Et du Carimbo par les jeunes adultes.
Et nous sommes mis aussi à contribution pour une danse mémorable du Carimbo ! Mais personnellement j'arrive à me débiner sous prétexte de faire des photos !
Jeudi 21 septembre 2023
Retour à Vista Alegre de bon matin. Nous avons rendez-vous à la casa
de farinha ou « maison de farine » communautaire. Au Brésil, et tout
particulièrement en Amazonie, le manioc est à la base de l’alimentation.
Nous rencontrons une famille qui prépare chaque semaine sa farine de manioc.
La racine est épluchée puis râpée et mise en place dans un long tube tressé en feuilles de palmes. En étant étiré le jus qui est toxique car très chargé en acide prussique est extrait.
Ensuite la pâte est séchée sur un une grande plaque en fer sous lequel brule un feu continue. Autrefois cette table chauffante étaient en argile.
L'opération de séchage dure trois heures pendant lesquelles il faut sans cesse racler la farine avec des spatules en bois. Pour passer le temps les gens chantent une chanson dédiée au manioc et à la farine.
Nous passons ensuite par l’école puis nous continuons notre chemin en di-
rection de la forêt au milieu des palmiers et de grands arbres.
Au détour du sentier, c’est la surprise ! Au cœur de la végétation se niche une pe-
tite plage baignée par l’eau translucide d’une source voisine !
Enfin de l’eau fraîche - entre 22 et 25 degrés ! Un vrai plaisir de se rafraîchir après
une longue balade dans la forêt.
Des pirogues nous attendent pour descendre l’iguarapé jusqu’à la mer… ou plutôt le rio.
Un retour au bateau tout en douceur et en silence.
L’Amazon Dream traverse une dernière fois le rio Tapajos pour arriver à
Alter de Chao. La baie a des tons verts donnés par des micro-algues.
Certains retrouvent la civilisation en allant se baigner une dernière fois sur
la plage couverte de transats et de parasols au milieu des Brésiliens.
On est mal à l'aise au milieu de ce monde après dix jours loin de la civilisation.
Nous explorons en fin de journée le lac vert au coucher du soleil et la forêt inondée
en pirogue.
Un peu de shopping dans cette petite station balnéaire avant de rejoindre
le bateau de nuit. Avec encore une belle surprise de l’équipage qui nous
a préparé un repas sur la plage avec un spectacle de danse.
Place au carimbo, à la samba et à la Bossa Nova.
Vendredi 22 septembre 2023
Difficile de quitter l’Amazon Dream ce matin après ces dix jours passés à bord.
Nous débarquons à Santarem, direction l’église Notre Dame de Santarem
puis le musée qui servit à une autre époque de prison et de mairie.
Direction la halle aux poissons de Santarem située sur le Tapajo.
Ici, tous les pêcheurs peuvent venir vendre leurs poissons librement.
On côtoie d’énormes surubim, sortes de poissons chats qui peuvent faire près de près de deux mètres, on reconnaît le tucunaré et le jaraqui dont on a dégusté les filets dans nos assiettes.
Petit détour par le marché pour acheter des noix du Brésil et des
noix de cajou avant de rejoindre l’aéroport.
Pendant les vols, Santarem-Belem, demandez à être placé côté hu-
blot.
Du ciel, on découvre les immensités inondées de l’Amazone et
de son embouchure. Une démesure d’eau et de forêt difficile à dé-
crire.
Belem, nous voilà ! Nous allons dîner sur les nouveaux docks, un décor
industriel très bien mis en valeur où se presse la jeunesse dorée
de Belem en ce vendredi soir. Pura vida !
Samedi 23 septembre 2023
Après une nuit réparatrice, rendez-vous avec Marcello pour une visite de la capitale du Para.
Premier arrêt à la cathédrale de Belem. Simple cabane en bois érigée par les Portugais à leur arrivée, la Catedral da Sé fut reconstruite en 1755 par l'architecte italien Antônio Landi dans un mélange des styles néoclassique et baroque-colonial.
Aujourd’hui, c’est l’effervescence dans l’église où l’on installe fleurs et tapis pour un mariage.
Dans trois semaines, le deuxième dimanche d’octobre comme chaque année, ce sera la grande procession du Cirio qui réunit plus de 2 millions de personnes. C'est d'ici que la statue de la Vierge est portée jusqu'à la basilique N. S. de Nazaré.
En face, nous visitons le fort portugais de Presépio construit pour protéger le prétendu or du Para d’une possible arrivée de Français ou de Hollandais.
Depuis ses remparts, on admire les superbes halles inspirées des réalisations de Gustave Eiffel et inaugurées en 1901 du Mercado Vero Peso, ou marché aux poissons.
En face, le marché à la viande tout de fonte verte, vaut le coup d’œil pour son surprenant escalier métallique en hélice.
Ensuite on déambule dans les allées du marché dédiées à la pharmacopée, aux légumes, fruits, manioc, artisanat, aux poissons bien sûr ! sans oublier les petits restaurants installés au bord du fleuve.
Direction, le théâtre de la Paix, sur la place de la République. Construit au XIXe, à la grande période du boom du caoutchouc, le théâtre concurrence l’opéra de Manaus.
Les fines mosaïques du sol et le plafond de la salle de spectacle reprennent des motifs symboliques indiens. Une vaste réserve d’eau dans la salle était prévue pour lutter contre les flammes en cas d’incendie.
Déjeuner à Point do Açai, un très bon restaurant où le pirarucu se mange à toutes les sauces !
On continue la balade en direction du Bosque Rodrigues Alves.
Fondé en 1866 par un groupe de naturalistes, ce « Bosque » offre en plein centre de Belém, une vision miniature de la forêt amazonienne, avec plus de 2 000 espèces de plantes sur 15 hectares.
Des agoutis et des saïmiris déambulent dans les allées.
Et voilà ces deux semaines qui s'achèvent et le temps est venu pour nous de repartir sur Recife puis à la marina Jacaré retrouver Graoyully.
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