Dimanche 31 juillet, lundi 1er et mardi 2 Aout 2022 GRENADE
Nous rejoignons Grenade en prenant la route qui borde le sud de la sierra Névada, nous avons décidé d’éviter l’autoroute côtière rejoignant le grand sud de l’Espagne qui est toujours surchargée de camions.
Le chemin est certes beaucoup plus long mais les paysages semi désertiques sont superbes.
Tout est jaune et seuls les oliviers ou les amandiers viennent ponctuer parfois le paysage de touches vertes. On constate quand c'est le cas que la monoculture prédomine. Tout d’abord des amandiers sur des dizaines et des dizaines de kilomètres à perte de vue, puis ce ne sont que des oliviers qui couvrent les pentes de toutes les montagnes jusqu’à l’horizon.
Tout ce qu’il faut éviter dit-on ! Une maladie là dedans et tout disparait !
Il fait une chaleur intense et la climatisation peine à nous maintenir au frais, il fait 39 degrés à l’ombre !
Un peu avant Grenade nous longeons un lac de retenue sur plusieurs kilomètres, ses eaux émeraudes nous tentent pour une petite baignade mais il n’y a aucun accès aux rives et des panneaux un peu partout précisent que c’est interdit !
A 14 heures nous nous garons à Grenade devant l’hôtel Saray.
Le hall de l’hôtel est immense et climatisé. Le choc est brutal entre les 50 degrés au soleil et l’intérieur à 22 !!
A travers les grandes baies vitrées on aperçoit la piscine entourée de palmiers ça donne envie.
Nous faisons notre check-in et prenons possession de notre chambre spacieuse et climatisée.
Nous profitons de la douche et faisons une petite sieste avant de ressortir en fin d’après-midi.
Nous partons à pieds et déambulons tranquillement en direction du centre. On a en point de mire l’Alhambra qui culmine au dessus de la ville. Demain matin nous irons la visiter.
En attendant nous allons jusqu’à la cathédrale qui est fermée.
Nous croisons sur une petite place ombragée une dame d’environ 80 ans qui chante un air d’opéra sur un fond de musique classique. Elle vend des CD, sur les pochettes on la voit jeune dans des rôles de cantatrice. Elle a un regard mélancolique ancré dans sa gloire passée. Nous échangeons quelques mots avec elle et mettons une pièce dans sa corbeille.
Lundi à 7h00 nous sommes au petit déjeuner de l’hôtel car nous avons 40 minutes de marche jusqu’à l’Alhambra que nous avons en ligne de mire.
Nous grimpons par des ruelles pittoresques jusqu’à la forteresse. Arrivés en haut je suis trempé de sueur !! Et il est à peine plus de 8h00 ! J’avais prévu le coup et je change de chemisette avant d’entrer dans l’agence qui nous a vendu les billets en ligne.
Nous avions rdv à 8h30 mais une jeune fille pas du tout aimable nous précise qu’ils n’ouvrent qu’à 8h45. On lui rappelle que ce sont eux qui nous ont fixé rdv à 8h30 mais rien à faire ! On s’assied sur dans le petit hall.
A 8h45 pétantes Marie, passablement énervée, bondit de sa chaise et retourne au comptoir pour obtenir nos billets !
C’est un jeune homme qui nous reçoit très poli qui nous explique en anglais les modalités.
Il nous aide à télécharger une application qui remplace les audio-guides que nous avons réservés et payés. Soit disant à cause du covid ! L’application se révèlera d’une nullité déconcertante. Les explications fournies aux différentes stations sont minimalistes et quasi inutiles !
Bref munis de nos billets nous gagnons l’entrée de l’Alhambra où l’on nous explique que la visite est libre mais que toutefois nous devons impérativement être à l’heure indiquée sur les billets pour la visite du palais (11h30 pour nous).
Il est 9h00 et un avantage certain lié à cette heure est que toute le coté ouest où sont les jardins est encore à l’ombre et que l’arrosage automatique est en route.
De 9h à 10h30 notre ballade est idyllique, il fait 25 degrés et l’eau brumise de partout.
Ajoutés à la beauté des lieux nous avons droit à tous les parfums des plantes exhalés par l’humidité, par ailleurs et ce n’est pas négligeable, nous ne sommes pas nombreux à parcourir les lieux.
Je ne m’étale pas sur la description des lieux car il est impossible de se lancer dans cet exercice sans user de superlatifs à répétition ! Je préfère insérer quelques photos qui en diront suffisamment long.
Nos coups de coeurs auront été les jardins évidemment !
Mais aussi le patio des Léones (patio des lions) qui laisse sans voix tant le travail réalisé est époustouflant !
Nous quittons les lieux à 14h30, un peu vidés par ces 5 heures de visite mais comblés !
Après un retour à l’hôtel dans les heures les plus chaudes de la journée, nous ressortons à 20h pour diner au restau de l’hôtel. Nous y mangeons très bien. Nous déambulons ensuite dans les rues du centre jusque tard.
Notre objectif du lendemain est le quartier de l’Halbaicin et celui d’El Sacro Monté, appelés aussi le quartier gitan. Quentin qui est déjà venu ici il y a quelques années nous les a particulièrement recommandé et on l’en remercie car ce sera une belle découverte.
Le parcours est plus long encore que celui qui mène à l’Alhambra ! Marcher 45 minutes en montée par cette chaleur ne nous a pas tenté. Il faut préciser qu’en journée le thermomètre frôle les 40 degrés à l’ombre !
Nous décidons de héler un taxi pour nous mener tout en haut de ce quartier au mirador San Nicolas et nous redescendrons les ruelles à pieds. Le taxi est peu cher 6,50 euros le trajet.
A peine arrivés sur la petite place nous sommes impressionnés par la vue que nous avons sur l’Alhambra, et sur la ville de Grenade !
Nous bénéficions d'une touche supplémentaire car un guitariste installé sur un banc joue des airs de flamenco, rejoint par une chanteuse ! Quelques instants de grâce pour nous, installés à l’ombre d’un olivier.
La ballade par les ruelles est vraiment agréable et parfois surprenante. On longe des maisons troglodytes et d’autres qui ont gardé leur style arabe.
Nous voyons quelque petits cabarets qui proposent la nuit des spectacles de flamenco. Nous faisons déjà le projet d’y revenir dès ce soir pour assister à un spectacle mais aussi pour voir le quartier la nuit ce qui doit le rendre plus pittoresque encore.
Après avoir trainé quelques heures dans les dédales nous retournons à l’hôtel comme chaque jours quand la chaleur devient intenable.
Le soir venu nous reprenons un taxi qui nous conduit au coeur l’Halbaicin. Nous buvons une bière l’Alhambra avec une vue sur la forteresse éponyme. Nous restons à attendre paisiblement la nuit.
Nous voyons beaucoup de gens pressés s’engouffrer dans une ruelle. Nous les suivons par curiosité, mais où vont-ils ? Qu’y a t-il de si passionnant là-haut car il faut dire que ça grimpe. Arrivés nous voyons des chaises, un grand écran. C’est un cinéma en plein air, on y projète un film français avec François de Cluzet !
On redescend un peu déçus, on pensait à un spectacle de flamenco…
Notre déception est de courte durée car nous entrons dans un petit cabaret d’où s’échappent des notes de musique sans équivoque !
La tenancière ne parle qu’Espagnol mais malgré le fait que nous lui disons ne pas parler sa langue, elle nous explique pendant au moins deux minutes quelque chose que nous ne comprenons absolument pas !! Nous la regardons perplexes !
Elle nous fait signe de ne pas bouger d’où nous sommes et s’en va d’un pas alerte on ne sait où…!?
Elle revient après quelques minutes accompagnée d’un jeune homme qui nous salue en anglais. Nous lui expliquons donc que nous souhaitions assister au spectacle de flamenco.
Il nous répond que la séance est en cours mais que nous pouvons prendre des places pour la prochaine qui doit avoir lieu d’ici 1 heure environ.
Nous le remercions et repartons dans la rue.
Nous débriefons un peu, allons un peu plus loin dans une autre cabaret dans lequel un autre spectacle est en cours, par contre pas de deuxième séance.
Nous faisons demi tour et nous rendons au premier pour prendre deux places. Le même jeune homme, toujours charmant, nous demande 20 euros en précisant qu’une boisson est incluse dans le prix.
Le premier spectacle est fini, il nous installe sur une estrade où sont placées 5 tables, le reste des sièges, des chaises en fait, s’étalent jusqu’à la scène. Nous lui demandons si nous pourrons rester à cette table pour le spectacle il nous répond que c’est notre table et que cela ne pose aucun problème.
Nous commandons deux bières en attendant le spectacle. Après un quart d’heure, la patronne passe près de nous, et hèle le jeune homme avec un timbre de voix qui semble teint de reproches !
On pense qu’on va être virés ! Mais le jeune home qui s’était éclipsé penaud au fond de la salle revient avec un plat de tapas qu’il nous pose sur la table en expliquant que c’est un cadeau de la patronne qui s’excuse pour l’attente ! On en revient pas ! Quelle courtoisie !
Nous sommes tellement habitués en France d’être pris pour des gogos que ce geste nous surprend !
Le spectacle nous plaira au dessus de nos attentes. Pour ma part j’ai été très ému, il se dégage une sensibilité doublée d’une telle sensualité de ces danses que s’en est troublant !
Par instant j’avais l’impression qu’une des deux danseuses entrait en transe, envoutée par les rythmes, les notes et les chants ! J’ai eu cette impression qu’elle ne dansait finalement que pour elle, le public n’avait pas d’importance.
Elle était là pour raconter une histoire d’amours et de drames confondus.
J’étais moi même envouté et lorsqu’elle a terminé sa danse en portant un puissant coup de talon sur les planches, en regardant avec un regard un peu fou l’assistance, j’avais l’impression qu’elle me fixait moi tout au fond de mon âme ! merveilleux et terrifiant à la fois !
Nous sommes restés un moment tous les deux silencieux, encore sous le charme, à attendre que la salle ne se vide avant de quitter les lieux,.
Ce fut notre dernière belle impression de Grenade car le lendemain nous repartions pour la Rapita. Nous avions beaucoup espéré de cette cité antique et nous n'avons pas été déçus !
samedi 30 juillet 2022. ALMERIA
La journée suivant est consacrée à Alméria que nous atteignons en un peu plus de deux heures. La ville n’est pas très grande et faire le tour du quartier historique est vraiment rapide.
Notre hôtel dans lequel nous n’avons réservé qu’une nuit est comme toujours situé en plein centre ce qui nous permet d’être rapidement aux endroits qui nous intéressent. Par cette chaleur étouffante c’est préférable.
Nous commençons par la cathédrale dont l’intérieur a été modifié à plusieurs époques, les ajouts successifs font qu'elle parait un peu chargée au niveau des décors par contre l’extérieur est très interessant puisqu’elle a été construite comme une forteresse pour résister aux attaques des pirates fréquentes à cette époque.
Les lumières du couchant apportent des couleurs très douces à la roche et on reste un long moment assis à la fraicheur d’une fontaine avec une belle vue sur l'ancienne médina, le port et la mer.

Nous dégotons un petit restau dont la terrasse et le menu nous attirent, à moins que ce ne soient les Brumisateurs qui rafraichissent l’atmosphère ! Toujours est-il que l’on prend place en terrasse. Nous prendrons une sangria en apéro. Marie choisit ensuite un plat végétarien et moi un calamar frais préparé à la façon locale. Je me suis vraiment régalé !!
Il est presque minuit lorsque nous regagnons l’hôtel qui heureusement est climatisé ce qui nous permet de passer une bonne nuit.
Jeudi 28 et vendredi 29 juillet 2022 CARTHAGENE
Nous sommes à peine rentrés à la marina ce mercredi dans l'après-midi que nous préparons déjà notre départ pour le sud demain.
Lavage de vêtements, quelques courses au Spar du coin et le soir nous allons au resto dans la ville de la Rapita avec nos amis.
La ville ne s’anime pas avant 21 heures, chaleur oblige.
Nous nous mettons petit à petit au rythme espagnol. Après un bon repas de poissons au restaurant Can Vicent, à minuit nous rentrons au bateau. Les rues sont encore noires de monde, on dirait que la soirée débute seulement ! Il y a d’ailleurs un bal sur la place dont l’orchestre entame seulement le premier air de danse !
Ce matin jeudi, suivant nous voilà partis pour Carthagene que nous atteignons après quatre heures de route sous une chaleur accablante. Il fait plus de 35 degrés à l’ombre. Ça promet pour Grenade plus au sud encore !
Notre hôtel est très correct et le parking proche est pratique et sûr. Nous nous installons dans notre chambre et après une douche fraiche et salvatrice, nous ressortons pour déambuler à travers les rues.
Marie qui est contre la climatisation se rue chez un marchand d'éventails !
Personnellement malgré l'insistance de Marie je n'en veux pas, je préfère dégouliner ! Ça ruinerait ma virilité ! 😂
On est en espagne tout de même, pays des fiers Hidalgos !
Chita le singe heureux dans les lianes (😉 à P.Zac ) |
Un petit tour par l’office du tourisme nous permet de prendre pour demain des repères en vue de la visite du théâtre romain et de son musée associé.
Nous nous arrêtons un peu plus tard dans une ruelle pour boire une bière fraiche, puis un peu plus loin encore dans un petit restau où nous dinerons au calme
En rentrant à l’hôtel vers 22h30 les rues sont remplies de gens de tous âges qui se promènent. Beaucoup de familles. Il faut dire qu’à cette heure la température devient supportable et même agréable.
Mais nous sommes vidés et rentrés à l'hôtel, nous endormons bien vite.
Vendredi 29/07
La visite du théâtre romain le lendemain ne nous a pas déçue.
Le musée moderne est équipé des dernières technologies et les simulations en 3D de la reconstitution historique sont exceptionnelles !
Ce théâtre imposant date du 1er siècle après JC et pourtant au fil de l’histoire il disparaît, progressivement enfoui sous les constructions successives, depuis la médina sous l’occupation Arabe jusqu’aux quartiers du 18eme siècle en passant par les constructions chrétiennes qui ont succédées à celles musulmanes.
Entièrement recouvert mais jamais détruit, au hasard de travaux en 1990 un morceau réapparait !
On découvre alors ce théâtre dont on connaissait l’histoire sans en connaitre avec exactitude le lieu de se sa construction. Ça nous parait difficilement imaginable vu sa taille !
Ce qui est découvert est en très bon état et à la suite tout ce qui le masque, est détruit complètement.
Des fouilles archéologiques sont organisées puis face à ce trésor de l’époque Romaine, la région décide de l’ouvrir au public et de lui adjoindre un musée qui retrace tout son vécu.
Nous passons 3 heures dans ce lieu impressionnant chargé d’histoire !
En fin d’après midi nous découvrons les rues et places du quartier historique qui n’est pas très grand puisque d’un bout à l’autre on le parcourt en 15 minutes.
Lundi 25, mardi 26 et mercredi 27 juillet 2022. - Toulouse
Le lendemain après le petit déjeuner nous partons pour Toulouse. Nous profitons de cette grande ville pour nous arrêter dans un magasin de bricolage y acheter un gros ventilateur et une tringle à rideau pour installer un filet de pêcheur à l’entrée du bateau. Nous faisons également un avitaillement de produits qu’on ne trouve pas en Espagne, de la crème mont-Blanc pour notre amie Christine, du café en sachets pour notre machine senseo et trois bouteilles de pastis Bardouin que j’affectionne particulièrement !
Bien qu’arrivés à l’hôtel plus tôt que l’heure de check-in prévue, on nous donne les clefs de notre chambre. Notre hôtel est situé à 400 mètres de la place du capitole. Après un déjeuner dans une brasserai place Wilson, nous profitons de l’après-midi pour découvrir la ville que nous trouvons vraiment sympa avec toutes ses ruelles très actives et colorées.
Nous visitons quelques monuments, longeons la Garonne, mangeons une glace. Le comportement touristique typique !
Et le soir on se fait un ciné.
Le lendemain nous visitons d’autres quartiers ce qui nous fait comprendre l’attrait que cette citée a sur les jeunes et sur ma fille en particulier !
En fin d’après-midi nous rejoignons le quartier où vit Méline au bord du canal du midi. Un quartier calme et ombragé.
Méline est projeteur et designer pour un groupe qui aménage des pharmacies partout en France, elle travaille en proche périphérie mais était à 40 minutes en bus pour ce rendre au bureau. Depuis qu’elle a eu une dotation par son employeur d’un vélo électrique, elle n’est plus qu’à 15 minutes du bureau par les pistes cyclables qui longent le canal du midi ! Quel confort de vie !
Une fois rentrée, nous la rejoignons chez elle. Je suis super content de découvrir où elle vit. L’appartement qu’elle partage avec deux autres co-locataires est très lumineux, en commun avec un bel espace de vie et une terrasse.
Je suis vraiment heureux de revoir ma fille qui a l’air si épanouie ! Quand elle m’a annoncé l’an dernier plaquer son job à Nancy et partir pour Toulouse j’avais quelques « paternelles » inquiétudes mais pas de doute ! quelle belle réussite !
Nous partons ensuite à travers les rues jusqu’à un petit restau au bord de la Garonne. D’un coup on se croirait à la campagne tant la ville disparait derrière la végétation luxuriante.
Nous faisons la connaissance du copain de Méline qui nous a rejoint pour la soirée.
Alexandre est ingénieur dans le secteur de l’informatique et travaille dans une start-up qui développe un logiciel de traitement des méga-données essentiellement utilisé dans l’industrie.
Nous passons une excellente soirée malheureusement trop courte.
Le lendemain nous reprenons le chemin pour l’Espagne et prenons de nouveau le col qui nous fait franchir les Pyrénées. Ce fut un court séjour mais très agréable. Du fait de notre long voyage nous tenions absolument à voir Méline, Gautier et Julie car nous n’aurons pas l’occasion de les voir lors de notre retour à Metz en octobre. Et après cela risque d’être bien long. Toutefois les savoir tous heureux et épanouis nous rassure.
Vendredi 22, samedi 23 et dimanche 24 juillet 2022 - Quillan
Vendredi 22/07 nous prenons possession de notre C3 Citroen, qui sera notre véhicule pour les prochains 10 jours. Sitôt l’état des lieux réalisé nous chargeons nos bagages et fermons le bateau.
La chaleur est accablante et finalement rouler avec la climatisation est plutôt agréable.
Direction Quillan dans l’Aude (430km) où nous allons retrouver pour deux jours Gautier le fils de Marie-Claire et Julie sa compagne. Marie-Claire souhaite passer par la montagne plutôt que de prendre l’autoroute qui longe la côte. Le GPS donne deux heures de plus en durée, je ne suis pas trop chaud, je crains un peu la chaleur et les petites routes de montagne qui restent toujours incertaines.
Finalement le traffic hyper dense sur l’autoroute nous pousse à prendre l’itinéraire que souhaite Marie. Nous prenons la direction du col de Puigcerda.
Rien que ce nom provoque en moi une foule de réminiscences ! En 1980 J’avais fait une partie de la traversée des Pyrénées avec mon Frère, un copain d’enfance Renaud et sa copine Colette. Nous avions marché tout un mois à raison de 15-20 km par jour.
Un souvenir fortement ancré dans ma mémoire d’autant plus que Renaud et Colette sont tous deux décédés bien prématurément !
A la suite de ce périple nous étions allées ensemble plusieurs années consécutives, aux Iles Lofoten en Norvège, en Islande, en Côte d’Ivoire…
J’ai le souvenir désagréable d’une grosse dépression pour moi quand Renaud s’est noyé en Corse à 40 ans, suivi de près par jean-Michel un autre ami d’enfance, officier de police qui mit fin à ses jours avec son arme de service !
Ces deux évènements dramatiques auront été le déclencheur de changements importants dans mon existence, je n’ai plus jamais vu la vie de la même façon.
Je garde, gravé dans mon coeur ce périple pyrénéen et le souvenir de ces chers amis disparus m’accompagne pendant que défilent les paysages de ces belles montagnes et les noms des villages que nous traversons.
Une petite pause dans un village pittoresque me ramène à la réalité. Nous buvons un coup et mangeons une glace en terrasse quand une petite averse orageuse nous gratifie de quelques gouttes finalement trop éparses pour rafraichir l’atmosphère caniculaire !
En fin d’après-midi nous arrivons enfin à Quillan et intégrons notre hôtel. Je me rends compte en nous garant que je pensais avoir réservé le même hôtel que l’an dernier et que je me suis trompé ! Mais tout compte fait, la chaumière est, malgré son nom qui n'est pas très vendeur, est un hôtel totalement rénové. On ne regrette pas mon erreur ! Tout sera parfait depuis la chambre aux petits déjeuners en passant par le personnel très sympa !
Sur les conseils de Gautier et Julie le soir venu nous allons au restau à Puivert, une très belle adresse ! La terrasse face à la montagne et au lac, à elle seule vaut déjà le détour. Le repas fut un délice, assurément un beau succès attend ce nouveau restaurant.
Le lendemain Julie travaille mais Gautier, après nourrissage de leurs poules, nous emmène voir la maison qu’ils ont achetée dans un petit hameau, Lescale, qui dépend de la commune de Puivert.
Le cadre est magnifique et sauvage. La maison est très belle, toute en pierres du pays sur un beau terrain de 30 ares. Il y a beaucoup d’arbres dont une bonne partie sera probablement à abattre.
Malheureusement nous ne pourrons visiter l’intérieur car ils ne signent chez le notaire que le 12 aout prochain et n’ont donc pas encore les clefs.
Le hameau est chargé d’histoire puisque le village a été entièrement détruit par la gestapo lors de la dernière guerre mondiale, en représailles de l’aide apportée par les villageois aux maquisards qui se cachaient dans la montagne juste au-dessus du hameau.. Après avoir manger à coté du musée nous grimpons par un beau chemin escarpé jusqu’à la grotte qui leur servait de cache.
A la fin de la guerre, après avoir vécu dans des baraquements de fortune pendant près de 10 ans la population a enfin pu intégrer en 1954 les maisons reconstruites par l’état français dans le cadre des dommages de guerre.
A l’époque la presse s’était faite l’écho de l’évènement en titrant que la population de Lescale retrouvait enfin sa dignité en quittant les baraquements dans lesquels elle vivait de manière si précaire depuis 1944 !
A la sortie du hameau une association a reconstitué un baraquement dans lequel un petit musée bien documenté et libre d’accès retrace toute cette période noire de l’histoire des lieux.
Le dimanche nous allons tous les 4 en montagne jusqu’au village de Counozouls que Gautier et Julie affectionnent particulièrement et veulent nous faire découvrir. En route nous faisons halte devant une pierre dressée estimée en place depuis près de 3000 ans. Nous en profitons pour loguer une géocache.
Le petit village de Conozouls est très pittoresque avec de plus une petite brasserie artisanale qui fabrique une excellente bière que l’on déguste à l’ombre d’une petite terrasse rafraichie par une fontaine ! Nous prolongeons ces instants familiaux par une dégustation de quelques spécialités culinaires.
L’après midi, après un tour dans les ruelles anciennes du village, nous descendons jusqu’à un torrent dont l’eau est glacée. La petite place à l’ombre que nous avons trouvée sur le rivage est très agréable et fraiche, l’eau froide de la rivière agissant comme un climatiseur.
Nous passons deux heures ainsi installés à bavarder puis nous rentrons à Quillan où nous espérions manger une glace mais la carte proposée par le bar n’est pas engageante et nous nous contentons d’une boisson.
Un peu plus tard nous nous installons à une table en terrasse dans un restau asiatique, Gautier devant être rentré tôt pour préparer un déplacement professionnel le lendemain, nous pensons qu’un fast food est tout indiqué pour manger vite !
En réalité deux heures seront nécessaires pour se faire servir un plat de nouilles aux légumes…!!! Lamentable, la pauvre serveuse en CDD ne sait plus quoi dire pour excuser le patron qui se fiche des clients comme de l’an 40.
Nous demandons l’addition alors que nous n’avons même pas fini le repas ! C’est dire si c’est pitoyable !
Du Mardi 19, mercredi 20 et jeudi 21 Juillet 2022. La Rapita
Nous voilà donc à quai pour un mois, ça nous parait très long cette pause terrestre à venir. Nous planifions un peu les choses au petit déjeuner. Nettoyage, travaux, ballade en voiture, avitaillement…
Mauvaise nouvelle donc ! Il va falloir monter en haut du mat pour remplacer la balancine… mais on va en profiter pour changer également les drisses de grand-voile, génaker et génois sur lesquelles nous avons aussi des doutes ! On avait hésité à les remplacer pendant la préparation du bateau ! Nous n’aurions pas dû maintenant que la drisse est rompue ça complique nettement l’intervention !
Résultat des courses, 4 drisses à changer, notre écran Garmin extérieur qui ne fonctionne plus, notre éolienne qui ne charge plus ! Pour comble alors que dès ce matin je décide de mettre notre dessalinisateur en stand bye pour le mois, je commets une erreur de manipulation entre les diverses vannes et je provoque une surpression qui fissure le bocal du porte filtre ! Je reste dubitatif car dans le bocal il n’y a que deux bars de pression pas de quoi fendre un bocal en méthacrylate. Je pense qu’il a dû prendre un coup lors de manipulations de matériels stockés dans la baille à mouillage !
Je le remplace car j'en ai un d’avance mais ça fuit toujours ! Je ne comprends pas ce qui se passe ! Sur le conseil de Marie je mets un message sur un groupe Facebook d’assistance. On me dit que c’est probablement le joint qui est déformé et qui n’assure plus l’étanchéité ! J’en commande un en ligne on verra à la réception si c’est bien ça le problème !
Quoiqu’il en soit il va nous falloir trouver un technicien au moins pour une partie des problèmes avant de descendre sur Gibraltar !
En fin de journée dans la rue, la poissonnerie se transforme en petit bar à coquillages, on s’installe autour de grosses barriques en guise de tables et nous dégustons des coquillages du delta avec un verre de vin. Là aussi les prix nous étonnent et on se demande pourquoi en France on paye un verre de bière 2 à 3 fois plus cher qu’ici !??
Nous passons un bon moment avec nos amis.
Les deux jours suivant sont consacrés pour partie à trouver une entreprise pour nos travaux.
Heureusement que Christine peut nous assister pour la traduction ça facilite les choses !
La société Cornet s’engage à passer pour l’écran Garmin et l’éolienne. Par contre, ils n’ont pas de compétence pour notre problème de gréement et ils communiquent les coordonnées d’un confrère. Christine tentera en vain de les joindre…
Le soir, nos amis viennent diner à bord, nous passons une sympathique soirée un peu gâchée par les moustiques qui se sont invités au banquet.
Le lendemain, veille de notre départ en voiture je reçois vers 18h un appel téléphonique en espagnol (heureusement nous sommes avec Christine pour la traduction, MERCI !!!) qui nous apprend que le loueur de voiture n’a pas copie de nos permis de conduire, de nos passeports et ni reçu d’acompte !! Il précise qu’il ne livrera pas la voiture demain matin comme prévu ! Consternation !!!
Christine leur explique que tout était géré par la marina et que j’avais demandé si un acompte était nécessaire, on m’avait répondu que non… !
La personne en charge du dossier comprend et m’envoie un lien par whats’app pour payer l’acompte de 50% par CB, J’expédie par mail une copie des documents que nous avons toujours en photo dans nos téléphones. En moins de 15 minutes le dossier est régularisé à distance ! Ouf ! Plus de peur que de mal !
Dimanche 17 juillet 2022.
Départ pour le continent ce matin vers 9h30. 125 Milles nautiques à parcourir jusque Sant Carles de la Rapita.
J’ai rentré notre routage dans weather 4D en paramétrant 4 noeuds de vitesse moyenne soit un peu plus de 31 heures pour les 125 Mn prévus.
Les prévisions de vent varient selon les modèles comme toujours. WRF annonce 10 à 12 noeuds de vent au largue ! Des conditions idéales !! Mais GFS annonce 4 à 6. Juste un peu trop faible pour déplacer Graoully.
Dans la réalité nous partons avec la pétole et jusque 14 h nous progressons sur un moteur à 1500 tours par minute avec une vitesse pile de 5 noeuds.
Mais alors que nous finissons notre repas avec une belle vue sur les cotes de Majorque qui s’estompent doucement, la mer s’irise et une petite brise se lève !
Je vais voir les instruments, 6 à 8 !. On déroule le génaker qui se gonfle de suite et qu’on sait bien marcher avec du vent faible.
Le génaker est bien gonflé et nous avançons à un peu plus de 4 noeuds.
Les traversées se suivent et ne se ressemblent pas ! Les deux dernières étaient mouvementées, celle-ci s’annonce idyllique ! Nous pouvons vaquer à nos occupations. J’écris, Marie peint. Nous écoutons de la musique ou des postcasts.
C’est fou comme on est sensible aux sons en navigation. Le vent se renforce à peine d’un noeud que nous le devinons de suite au changement du bruit dans le sillage.
J’adore le bruissement que fait l’eau en longeant la coque, j’entends une mélodie dont les tons varient selon la vitesse. Ce sont des bruits envoutants qui invitent à la contemplation.
J’observe en même temps et de manière quasi hypnotique, cette trace éphémère que nous laissons derrière nous, difficile de ne pas faire le parallèle avec notre existence dont la trace n’est pas moins éphémère en définitive.
Mais en mer je me laisse à croire à l’éternité de l’instant en me moquant du lendemain.
Seule compte la mer à courir et le monde qui est devant nous. Dans ces instants privilégiés la vie semble infinie.
Bien sûr il ne s’agit là que de douces illusions, chants de sirènes qui tendent à adoucir notre finitude. Mais qu’importe, soyons dupes et vivons l’instant présent de manière intense !
Personnellement je me sens tellement vivant en navigation, tellement proche de l’essence des choses.
Dans l'après-midi quelques dauphins viennent caresser les coques de Graoully mais ne s'attardent pas hélas;
Vers 17H le vent tombe complètement et le démarrage d’un moteur me tire de mes rêveries.
Je crains et cela se confirmera, que nous soyons contraints de finir le parcours au moteur !
En compensation la nuit sera paisible et chaude. Le sillage du bateau forme une traine luminescente de plancton, nous ne sommes plus un bateau mais une vraie comète ! C’est d’une beauté folle ! Je suis ébloui par ces boules de lumières qui jaillissent à la poupe de Graoully !
Vers Minuit j’assiste pendant mon quart au lever de la lune. C’est impressionnant cette clarté qui inonde progressivement une partie de l’horizon. Au début, on dirait qu’un puissant phare s’est allumé à l’horizon formant comme un vaste halo, puis soudain apparait un trait plus puissant, plus précis, la lune tente de s’arracher de l’eau ! Elle monte très lentement encore brumeuse, teintée d’un rouge sanglant, elle semble comme blessée par ce combat avec la mer qui tente de la retenir !
Seconde après seconde je suis le spectateur privilégié de cette montée de l’astre dans la voute étoilée. Plus elle monte et plus le rouge passe à l’orange puis au blanc presque pur.
Sa lueur spectrale éclaire la mer presque comme en plein jour et à son apogée, la voie lactée et la plupart des astres disparaissent dans sa lumière. Seule Vénus résiste et continue sa course vers l’Est.
Je reste très longtemps à regarder ce qui se trame dans le ciel nocturne, ce spectacle formidable joué une infinité de fois par des acteurs bien rodés !
Vers une heure Marie émerge de la cabine pour prendre son quart. Je lui laisse la place pour sa part de nuit et moi je vais dormir 2 heures. Elle n’a pas très bien dormi et a eu surtout du mal à trouver le sommeil.
C’est bien le problème principal avec les quarts de nuit, trouver rapidement le sommeil.
Pour ma part, j’applique des exercices respiratoires coordonnés avec les pulsations de mon coeur. J’ai lu ça dans une méthode pour les insomnies et ça me semble plutôt efficace.
J’inspire profondément sur 5 secondes, je retiens ma respirations sur 4, puis je souffle sur 3. Je fais ça environ 10 fois et en général après, je m’endors très rapidement.
A 5 heures je remplace Marie , et je profite du lever du soleil qui souvent vaut bien le coucher en termes de couleurs.
La terre est visible en trompe l’oeil, et je vois les montagnes se découper à l’horizon.
Les détails de la cote deviennent de plus en plus clairs à mesure que nous approchons. Vers 11 h ça y est nous entamons le dernier parcours en longeant la grande bande de sable lagunaire. Je ne suis pas assez vigilant et nous sommes un peu trop proche de la cote, je vois sur le profondimètre 2 mètres ! Mince !! La barre à bâbord toute ! On revient dans la zone des 6 mètres de fond. J’ai été abusé par la carte électronique qui donnait des sondes plus profondes que la réalité ! En mer on prend finalement peu de risque, le danger c’est la terre !
On remonte le chenal jusqu’à la marina où nous attend un mariniero contacté par la VHF. Il parle anglais et nous indique le chemin jusqu’au quai où à 11h30 nous nous amarrons sans souci, jusqu’au réglage final ! Après que Marie ait fixé les pendilles à l’avant, je recule doucement pour tendre les amarres et malheureusement la pendille prévue pour le bateau voisin s’est superposée à la notre ! Le marinero pousse un cri mais trop tard, la corde s’enroule autour de notre hélice, faisant caler le moteur !! Avec Marie on finit l’amarrage à la main en tirant sur les haussières.
Me voilà obligé de plonger avec tuba et masque dans l’eau très trouble du port ! Beurk ! Bon quand il faut y aller … Je plonge sous la coque, la visibilité est de l’ordre de 20 centimètres ! Je vois tout de même comment la pendille s’est enroulée ce qui me permet de dérouler le cordage sans trop de difficultés.
Je ressors et me douche immédiatement, me rince la bouche à l’eau douce puis avec un pastis ! Ben oui tant qu’à faire !
En réalité en discutant avec nos amis du cru, l’eau n’est pas polluée mais trouble car nous sommes dans la lagune. Tout de même je ne suis guère rassuré et pendant deux jours je suis aux aguets de symptômes éventuels… mais rien !
Nous allons ensuite faire le check-in du bateau à la capitainerie et en profitons pour découvrir la marina, qui est vraiment exceptionnelle. Vaste et propre, le personnel sympathique parlant français ou anglais, les installations au top, piscine à débordement, bar, restau ! Et avec des prix défiants toute concurrence !
Pour le prix d’un mois ici (585 euros) nous aurions pu passer 4 nuits seulement au port Tino Rossi à Ajaccio ( 148 euros la nuit) et encore à Ajaccio c’est le prix en moyenne saison avec des installations lamentables !
Vers 13 h nous allons chez José et Christine, qui est une amie de lycée à Marie.
Les retrouvailles entre elles sont émouvantes. La dernière fois que nous étions venus c’était il y a 12 ans déjà !
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Juillet 2022 |
Septembre 2010 |
Fresques murales en allant chez Christine et José |
Nous sommes heureux de les revoir ainsi que leurs enfants, Suzanne qui a désormais une adorable fille de 4 ans qui se prénomme Leiré et Henrike qui avait 12 ans la dernière fois que nous nous sommes vus et qui en a donc 24 aujourd’hui !
En fin d’après midi nous rentrons au bateau qui est à 5 minutes à pieds de chez eux et nous couchons tôt fatigués par la traversée et la chaleur, 34 degrés à l’ombre tout de même.
Jeudi 14 juillet 2022
Nous profitons tranquillement du mouillage de la Cala Mata et la matinée s’étire entre baignade, lecture, préparation d’un petit repas.
Nous aimons prendre l’apéro en faisant quelques parties de backgammon ou de triomino.
Après le repas nous somnolons un peu sur les banquettes du bateau. Après la sieste je propose à Marie de quitter le mouillage et de nous rendre à la Cala Molins sur la cote ouest ce qui nous placera dans une bonne position pour traverser dimanche vers l’Espagne.
Il y a 22 Milles nautiques pour atteindre cette cala quia de bons commentaires sur Navilly, une application que nous utilisons très souvent même si les commentaires sont toujours à prendre avec des pincettes. Il y a toujours des insatisfaits notoires à qui rien ne plait !
Nous quittons la Cala Mata au moteur à 15H, Un grand dauphin sombre et solitaire passe près des coques pour saluer notre départ et une fois franchi la Punta Des Calo nous prenons le vent travers presqu’au largue. Nous sommes avec la GV et le génois à 100%, le vent réel oscille entre 5 et 8 noeuds et nous avançons entre 3 et 6 noeuds selon les variations.
Il y a une houle de 50 cm un peu plus travers que notre route qui nous pousse un peu vers la cote mais rien de méchant.
Nous atteignons la cap de Forment mais à l’inverse d’hier plus nous approchons du cap plus le vent faiblit. Nous sommes même obligés de remettre le moteur pour le franchir ! De plus une fois le cap passé nous prenons une route plus ouest et là c’est le calme plat, la mer et d’huile. Même la houle n’atteint pas le pieds des parois escarpées que nous longeons.
La vue vers le cap de Catalunya est fabuleuse avec le soleil qui est déjà bas. La lumière fait un dégradé de couleurs dans l’enfilade des parois qui est de toute beauté. Nous avançons à très bas régime pour profiter le plus possible de ces instants.
Nous longeons ainsi la côte pendant 7 milles nautiques et nous enfilons dans la cala Molins.
Nous approchons en nous dirigeant vers la cala de gauche, celle de droite (La Cala Sant Vincenç) est déjà occupée par quelques bateaux.
Je propose à Marie de nous ancrer entre un cata et la côte mais en approchant le mouillage me semble trop prêt des rochers en cas de renverse du vent. Nous allons vers l’autre cala et sommes juste entre les deux. Marie me signale que le fond est de sable il y a 8 mètres de fond, pourquoi ne pas s’arrêter là ! Très bonne idée et à 19h tapantes nous larguons la pioche dans une belle eau turquoise. Le site est très joli, même s’il est un peu gâché par la présence d'un hôtel sur une des rives.
Après une nuit bien calme, assez tôt le matin nous descendons le dinghy et allons rejoindre le rivage pour faire un petit avitaillement en fruits et légumes dans un petit Spar. La petite ville est très balnéaire et composée essentiellement d’hôtels ou de résidences de locations. Evidemment pas mal de touristes mais sans excès, l’endroit semble plutôt familial.
La petite supérette est très peu fournie en produits frais mais par contre possede des rayons d’alcools impressionnants par rapport à la taille du magasin !
Nous en profitons pour faire le tour de la ville, ce qui prend peu de temps en définitive. Avant de reprendre l’annexe, nous passons devant un bar en terrasse bien sympathique qui nous incite installe à y boire un coup. Coca rondelle pour moi, jus d’ananas pour Marie. Un peu tôt pour une bière mais on reviendra !
Nous avons une vue à la fois sur notre annexe et sur Graoully.
Nous resterons à ce mouillage jusqu’au samedi soir et nous passerons notre temps entre la lecture, Marie l’aquarelle, moi la rédaction du blog, et écluser quelques bières à la terrasse de la cala Sant Vincenç.
Nous faisons aussi du snorkelling devant le bateau près de la pointe située entre les deux calas, où les fonds sont très riches, Marie se retrouvera d’ailleurs encerclée par une centaine de dorades curieuses. On a pu voir deux jeunes mérous très curieux eux aussi, des plies, de beaux bans de Sars et de saupes.
Nous allons faire aussi une incursion sur une rive plus escarpée pour dénicher une boîte géocache. En montant dans la paroi on tombera nez à nez avec une chèvre sauvage et son petit.
On ne s’éternise pas dans la paroi rocheuse car la chaleur est étouffante. Arrivés en bas je suis trempé de la tête au pieds comme si j’avais pris une douche tellement j’ai transpiré !! « Tu sens le fauve » me soufflera Marie…. Bon je préfère finalement à … « tu sens le bouc ! »
Un yacht vient se placer pas très loin de nous de vendredi à samedi alors qu’il y a largement de la place pour se mettre à l’écart ! Qu’est-ce que ça peut m’agacer cet espèce d’instinct grégaire !
En plus la nuit il allume un éclairage sous marin de couleur bleue qui éclaire la moitié de la baie et pour couronner le tout laisse un générateur diesel tourner toute la nuit pour climatiser le bateau ! Pauvre planète !
Malgré la présence de ce trouble fête le mouillage de Molins nous laissera un bon souvenir. Nous étions bien ici mais nos pensées ce samedi sont déjà tournées vers le continent et nous préparons la traversée de demain, checks météo, routage, préparatifs pour le bateau bien sûr mais aussi penser aux repas que Marie aime préparer d’avance pour le cas où la mer serait trop mouvante.
13 Juillet 2022 Cala Mata
Avant de quitter le mouillage de la cala Son Saura, nous filons vers le cap à pieds pour voir les phénomènes d’érosion dans le calcaire. Toute la pointe du cap n’est qu’une juxtaposition de coupoles acérées de calcaire. On croirait visuellement une eau en ébullition qui s’est figée en roche.
Le long du sentier on croise d'anciens ouvrages taillés à même la roche qui devait acheminer l'eau des montagnes. Les parois des canaux portent la trace des millions de coups de maillets qu'il aura fallu pour creuser la roche ! impressionnant à voir !
Nous en profitons pour aller jusqu’à la plage de la Cala Talaier où les gens se rendent les uns derrière les autres comme une colonne de fourmis. Nous prenons notre place dans le troupeau en marche et en 15 mn nous atteignons une magnifique plage ombragée en partie par de beaux pins, des rochers en escaliers font comme un amphithéâtre.
De retour à notre point de départ, Marie regagne le bateau à la nage moi en kayak. Nous quittons sans regret ce mouillage beaucoup trop balnéaire pour nous. Mouillage qui ne nous a même pas protégé de la houle qui nous a fait tanguer toute la nuit !
Nous faisons un petit écart avant de quitter la baie pour saluer Stéphan et Anne du bateau l’Eden, qui vont eux aussi changer de mouillage mais en allant plus sud.
Pour notre part nous décidons de traverser vers Majorque. Un peu plus de 20 Milles nautiques à parcourir. Nous quittons la baie et hissons la grand voile à 100% et déroulons le génois à 100% également. Il y a 6 noeuds de vent, nous avançons à 4 noeuds avec un appuis à 800 tours du moteur bâbord ce qui nous suffit. Pendant Une heure et demi on reste dans cette configuration et on en profite pour manger.
Vers 14H le vent forcit, on coupe le moteur et on avance bien au grand largue. C’est un régal, la mer est à peine soulevée par le vent, les vagues nous poussant trois quart arrière. Nous avançons à plus de 6 noeuds et ferons même une pointe à 8,8 noeuds.
Personnellement je suis chaque fois fasciné de constater comment le vent pousse notre bateau de plus de 10 tonnes à des vitesses que nos deux moteurs de 55 chevaux ne peuvent atteindre que péniblement et à quel prix pour le porte-monnaie et la planète !
Lorsque nous avançons ainsi au vent, que les voiles sont parfaitement réglées , j’éprouve un sentiment, partagé par Marie, d’une harmonie parfaite entre le vent, la mer, le bateau et nous ! La sensation d’appartenir à un Tout dans lequel chacun trouve sa place. Que c’est bon de savourer ces instants ! Je crois que dans ces moments privilégiés je pourrai décider de faire le tour du monde sans m’arrêter !
Plus nous approchons de Majorque plus le vent forcit évidemment. Nous préférons prendre un ris par précaution car d’une manière générale les effets de vent au niveau des Caps peuvent être violents. Grand bien nous en a pris car à un mille de la Punta des Calo, le vent s’accélère à 25 noeuds avec des rafales plus fortes sous l’effet Venturi.
Par contre à peine doublé le cap , les voiles fasseyent instantanément. Nous décidons de tomber la grand voile car nous voulons jeter l’ancre dans la Cala Mata située à 3 Milles Nautiques.
Mais nous avons trop anticipé d’affaler la grand voile car le vent revient sous forme catabatique en dévalant la pente de la montagne située derrière la Cala.
Tant pis nous ne remonterons pas la GV et finirons au moteur.
Nous ancrons dans une grande plaque de sable. L’eau est d’un beau bleu. Le vent souffle pas mal, jusque 20 noeuds mais nous pensons qu’il va chuter comme tous les soirs vers 20H.
Nous sommes mouillé depuis peut-être un quart d’heure que nous sommes entourés de véliplanchistes.
Visiblement la Cala Mata est connue pour ses vents catabatiques et fait le bonheur des sportifs locaux qui connaissent le spot. Ils sont plus de 20 à faire des allers retours dans la baie, à nous frôler les coques en un ballet multicolore incessant.
Tous sont très amicaux et passent avec de grands sourires et en nous saluant.
Soudain à 21 heures c’est la débandade, ils s’arrêtent pratiquement tous en même temps pour regagner la rive !
On s’interroge, Marie pensent qu’ils sont fatigués, cela fait deux heures qu’ils naviguent à fond. Je lui dis mes doutes par le fait qu’il, serait surprenant qu’ils soient tous épuisés en même temps !
En fait nous avons la réponse moins de trente minutes plus tard.
Le vent tombe instantanément et on passe de 20 noeuds à la pétole.
Quels signes avant coureur les a fait deviner que la veine de vent allait se tarir… mystère !
Mais les véliplanchistes et autres kite-surfeurs connaissent parfaitement leur spots en général.
ils ne tiennent pas à se retrouver parfois loin de leur point de départ à devoir pagayer avec les mains pour rentrer dans la pétole.
Après un superbe coucher de soleil nous passons une nuit paisible, sans houle dans un cadre enchanteur de montagnes de calcaire et couvertes par endroits de forêts de pins.
9, 10, 11, 12 juillet 2022 Plage de Binigaus puis Cala Son Saura
Nous peinons un peu pour mouiller l'ancre correctement devant cette plage ! Le fond semble de sable mais il y a par endroit des plaques de roches, très plates et par deux fois, nous nous sommes pris l'ancre dedans. Finalement Marie part devant le bateau en éclaireur équipée de tuba et masque. La troisième fois est la bonne et nous sommes bien ancrés dans cette eau bleu turquoise. Le paysage est très agréable, petites falaises calcaires de couleur ocre et rouille avec à leur pieds une petite plage étroite peu fréquentée. Tout l'arrière plan est couvert de forets de pins et du bateau on entend les cigales chanter.Nous sortons le matériel de plongée. Non pas que les fonds de sable soient riches mais nous n'avons pas plongé depuis presque deux ans, covid oblige, et cette sortie est surtout faite pour retrouver nos marques tant avec le matériel qu'avec les techniques de plongée. Une sortie plutôt bien maîtrisée et plutôt sympa malgré la pauvreté de la faune dans ce secteur très sableux. Nous verrons tout de même une rascasse volante, des petits néons d'un bleu métallique et quelques poissons qui tournent toujours autour des bateaux.
La dernière cache nous conduit d'ailleurs à l'une d'elles. La cava des coloms. L'arrivée dans cette grotte est spectaculaire, au premier regard on embrasse tout le volume de cette cavité gigantesque. Les vols des pigeons et les chants des oiseaux qui l'habitent résonnent en écho sur les parois.
Marie descend la première la grande déclivité qui mène au fond. Je voudrais la prendre en photo pour donner une échelle, je me rends compte encore plus de ces dimensions surprenantes lorsque je la vois minuscule tout en bas de la première salle.
Dans la deuxième salle, de dimensions beaucoup plus modestes, des fossiles de coquilles saint Jacques sont visibles en plafond.
Tout au fond j'éclaire l'intérieur d'un boyau de 80 cm de diamètre creusé par l'eau. Aussi loin que porte ma lampe frontale la conduite semble continuer. Cela fait ressurgir en moi mon passé spéléologique et me donne très envie d'aller voir si ça continue plus loin. Marie tempère mes ardeurs et m'invite à la raison. Seul, sans matériel adapté...
Nous resterons ici 3 jours avant que la houle ne finisse par nous chasser pour descendre un peu plus vers l'ouest. Nous rejoignons L'Eden parti un peu plus tôt et ancrons dans la cala Son Saura. La houle est présente mais s'enroule et nous l'avons de face, de ce fait elle est beaucoup moins gênante.
Malheureusement c'est de courte de durée car dès la nuit venue, le vent nous place de telle façon que nous prenons les vagues de travers ce qui rend l'ambiance beaucoup moins agréable. Pour nous ça reste acceptable mais nous voyons certains monocoque osciller dans tous les sens!... la nuit a du être agitée ! Ce que nous confirmeront Anne et Stéphan.
Le matin nous faisons une ballade à terre à la pointe du cap dont les roches sont très érodées et jusqu'à une jolie petite cala. Néanmoins cet endroit ne nous laissera pas un souvenir impérissable.
5, 6, 7, 8 juillet 2022. Falaises de Canutells (N 39°51.252 E004°09.290)
Nous naviguons tranquillement au genaker seul depuis 2h avant d'affaler et entrer dans la longue cala de Port Mahon. 5km de long, ce qui en fait le plus long port naturel de méditéranée. Nous décidons d'aller jusqu'au bout de cet impressionnant goulet.
Beaucoup de bateaux circulent partout. Nous prenons passé l'entrée le petit chenal à tribord qui mène au seul mouillage autorisé. Pas mal de bateaux sont ancrés dans cet endroit réputé pour être de mauvaise tenue sur fond de vases. Le coup de vent annoncé pour les 4 prochains jours ne nous incite pas à tenter l'expérience d'ancrer ici et surtout de laisser le bateau pour aller visiter la ville qui seule vaut le coup.
Après avoir pris un petit canal artificiel dans lequel nous serons contraints d'ailleurs de faire machine arrière pour laisser passer un bateau promenade, nous remontons vers le fond de la cala où se trouve la vieille ville.
Nous voulions nous engager dans le dernier tronçon quand un bateau pilote avec gyrophare en marche fait signe à tous les bateaux de s'écarter. Nous obtempérons , et Marie me dit "waouh regarde, c'est dantesque ! "
On voit apparaitre la proue d'un paquebot qu'une pointe de terre nous cachait. Le navire qui a un cap droit sur nous est impressionnant ! On se sent minuscules. Il va devoir virer d'au moins 35 degrés pour prendre le chenal suivant et jusqu'à la dernière minute on espère que le capitaine n'a pas bu l'apéro trop tôt et qu'il ne va pas nous couper en deux !!
Il n'en est rien évidement mais ça reste impressionnant et on se demande quel délire pousse les compagnies à faire entrer de tels navires de tourisme dans des endroits aussi étroits !
Finalement nous décidons de repartir et quitter cette cohue qui nous pèse ! Port Mahon nous laissera sur notre faim mais tous les vestiges dans l'entrée de la baie témoignent d'un passé riche. Se côtoient des vestiges de quais et de marches taillées dans la roche de l'époque romaine avec des blockhaus de la dernière guerre mondiale équipés de nombreux canons encore à poste !
Nous quittons la baie et montons GV et génois , nous avançons à 5-6 noeuds avec un petit un vent de travers établi. La navigation est très plaisante le long des côtes.
Après une heure une tache de bleu turquoise attire notre regard au pieds de magnifiques falaises de calcaire. Avec les jumelles, je vois à leur pieds de nombreuses grottes. Nous nous approchons, il y a trois bateaux au mouillage. On se décide à jeter l'ancre par 12 mètres de fonds. Marie va vérifier l'accroche de l'ancre et malgré la profondeur l'ancre est bien visible dans cette eau cristalline.
Le plafond est teinté par de l'oxyde de cuivre |
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Graoully depuis une grotte marine. |
Le dernier jour, pratiquement par hasard je découvre aux jumelles un escalier qui grimpe dans la falaise jusqu'au sommet Notre angle de vue ne nous permettait pas de le voir de face. Ni une ni deux nous mettons l'annexe à l'eau et rejoignons le départ du sentier qui grimpe bien et rejoins les 188 marches qui mènent sur le plateau.
Nous cheminons sur la lèvre de la falaise couverte de maquis, enchantée par les cigales. Nous avons une vue superbe sur Graoully. On se régale de cette ballade tant pour le plaisir de la vue que pour la dépense physique.
Le dernier jour nous gagnons avec l'annexe la Cala d'En Porter. Nous grimpons cette fois 250 marches pour rejoindre la petite ville qui n'est qu'une citée touristique sans aucun intérêt autre que permettre l'achat de quelques fruits et légumes. Même la vue sur la cala pourtant très jolie est gâchée par l'abondance de pédalos, kayaks de locations, bateaux, bouées en tout genre !
On pourrait écrire un article sur l'art de détruire un site remarquable par des installations touristiques ineptes !
3 et 4 juillet Village d'ES GAU
Nous profitons de cette petite baie où nous avons atterri après notre traversée pour nous reposer et nous balader.
Marie s'est rendu compte qu'il y a une série de géocaches juste en face de notre mouillage. Marie met tuba masque et palmes moi j'y vais en kayak. Nous nous changeons sur une petite plage et partons sur un sentier en direction de la Punta de Sa Pastera.
Nous trouvons la première cache assez facilement dans un abris sous roche.
Minorque est calcaire et la roche est très érodée parfois ciselée comme de la dentelle. Le plus joli secteur quasi lunaire est vraiment la zone du cap. Les phénomènes d'érosion sont spectaculaires.
Nous allons plusieurs fois au village d'Es Gau. Le village est dans une ambiance très familiale. Les gens sont assis sur des chaises dans la rue à papoter en famille ou avec des voisins. Certains sont à plusieurs dans l'eau jusqu'à la taille et tape la discute. Les enfants jouent dans la baie sur des planches de paddle ou un petit canot, ça crie, ça rit dans une insouciance perceptible et communicative. les gens sont souriant, disent bonjour facilement. On se sent bien ici.
En nous baladant un peu dans les rues du village nous trouvons une petite supérette, l'entrée est trompeuse car très petite et on s'attend à un très petit commerce qui finalement s'avère bien achalandé avec des prix qui ne sont pas prohibitifs. Nous pouvons faire un petit approvisionnement principalement de fruits et légumes
Nous finissons la journée à la terrasse du café qui donne sur la baie. Nous avons Graoully à l'oeil. Nous commandons des bières puis finalement nous mangeons sur place un repas ordinaire gustativement parlant mais pas très cher et avec des produits frais.
Il semble que beaucoup de gens du village ont un petit bateau traditionnel. Ils sont super jolis, le dimanche en famille ils se promènent, lorsqu'ils ils passent près de notre bateau ils font de grands signes de la main pour nous saluer ! Il y a même un tout petit bateau à voile qui fait le tour des bateaux des mouillages pour proposer une boisson ! Sur sa voile est noté au marqueur "Morito Man" malheureusement il passe chez nous au mauvais moment, nous sommes juste en plein repas sinon on se serait laissé tenter !
1 et 2 Juillet 2022 Traversée Sardaigne-Minorque
Je scrute la météo marine depuis plusieurs jours afin de trouver une période favorable à notre traversée vers Minorque. D'une manière générale les vents sont plutôt ouest et donc peu favorables à notre destination qui est sur un cap 257° !
Pour la météo nous utilisons plusieurs services.
- Weather 4D auquel nous sommes abonnés est notre outil principal car il nous permet également de faire notre routage. Ce service de prévisions mondiales nous permet d'intégrer plusieurs modèles météo, une prévision vagues et houle sur 48H et les prévision de la cape (Convective Available Potential Energy) ou Energie potentielle de convection disponible en Français qui permet de connaitre le risque potentiel d'orage ce qui est loin d'être anodin en mer.
Extrait carte radar avec position du même orage et des points d'impacts de la foudre en jaune. Notre position apparait à l'épingle rouge montrant que nous n'étions pas dans le dur de l'orage. |
- Windy: Les prévisions Service de prévisions mondiales auquel nous sommes également abonnés. Windy ne nous permet pas de faire des routages.
- Météo Marine libre d'accès qui donne des prévisions sur le littoral de toutes les côtes européennes jusqu'aux iles Canaries.
Les prévisions tous modèles confondus sont favorables à un départ vendredi matin vers 9H. Le routage réglé sur 5,5 noeuds à l'heure nous donne une arrivée vers 21h00 le lendemain à Minorque soit 36 heures. La cape donne une indication inférieure à 1000J/KG donc avec un risque d'orage de faible intensité sur la matinée. Le vent est annoncé nord-nord/ouest donc de travers virant nord-est dans la nuit. Les vagues sont données nord-nord/ouest de travers pour des hauteurs maxi de 1m60. On aurait préféré un vent et des vagues du Nord-est voir Est mais le monde n'étant pas parfait... Attendre encore ne nous convient pas car la semaine suivante c'est plutôt très calme et nous serons contraints de traverser avec les moteurs et ça on veut éviter au maximum ! 36 heures aux moteurs à 3,5 litres à l'heure ça fait plus de 125 litres de gasoil à 2 euros 31 (tarif à Ajaccio) ça fait 290 euros sans compter évidemment la pollution qui est le plus important.
Donc c'est décidé nous partons ce vendredi et dès 7h nous levons l'ancre.
Dans le fond de la baie une toute petite brise souffle venant d'Est. Nous hissons la grand voile et déroulons le génois. Nous avons un appuis moteur. Nous longeons la côte à 3 noeuds et doublons après 40 minutes le cap Caccia, grand vaisseau de pierre. Majestueux, d'une beauté austère percé de grottes innombrables (grotte de Neptune, grotte verte...). Les parois sont parcourues de milliers d'hirondelles qui rasent la roche. On les observe aux jumelles, quel ballet! Plus en altitude, des rapaces tournoient en attente d'une proie.
15 minutes après le cap, le vent forcit enfin un peu au-dessus de 10 noeuds pour s'établir durablement ensuite entre 15 et 20 noeuds nous obligeant à prendre un premier ris mais nous laissons le génois à 100%. Les vagues sont 3/4 avant, bien formées et largement au-dessus d'un mètre; nous filons entre 7 et 8 noeuds relativement confortablement.
Dans l'après-midi le soleil montre enfin le bout de son nez ce qui permet aux panneaux solaires de charger les batteries qui vont en avoir besoin. Le pilote automatique et le radar consomment pas mal d'énergie.
Vers 15H30 le vent forcit encore on dépasse 20 noeuds de vent apparent avec un ris, on roule un bon tiers du génois. Les vagues sont passées au-dessus des 3 mètres de hauteur, leur sens travers-avant rend la navigation très inconfortable.
On s'habitue à cet inconfort mais Il faut par contre que les estomacs résistent à l'exercice dans ce shaker permanent ! Je ne suis pas sujet au mal de mer mais Marie est un peu incommodée sans être vraiment malade. Pour les traversées Marie prépare des repas d'avance qui se composent d'aliments faciles à manger, salade de riz, semoule, fruits.
De 15h30 à 5H du matin nous restons avec la voilure inchangée sur le même bord, notre pilote auto étant réglé en position vent entre 60 et 100 degrés du vent selon sa direction ! Indépendamment de l'inconfort lié aux vagues la navigation est un plaisir et on file en permanence entre 6 et 8 noeuds suivant le régime du vent.
A 5 heure, un mince trait de lumière déchire la nuit et annonce un jour nouveau, c'est toujours délectable même si la nuit procure ses bonheurs avec la voute étoilée tellement dense en mer quand le temps est couvert et que la nuit est totalement noire nous éprouvons un apaisement avec la lumière qui revient.
Le vent se remet à forcir, passant le vent apparent régulièrement au-dessus de 20 noeuds et parfois 25 noeuds. Je vais réveiller Marie pour prendre un deuxième ris dans la GV. Nous sommes bien rodés, nous allumons notre phare de pont bien pratique pour éclairer tout le roof, nous enfilons nos harnais, nous commençons par démarrer les moteurs que nous laissons au point mort au cas où, enroulons le génois, plaçons notre pilote auto/vent sur 0°. Je vais en pieds de mat en passant par le roof assuré par ma longe de harnais sur une ligne de vie que je tire toujours sur le roof en plus de celle que je mets le long d'un passavant. Je marche à quatre pattes car le bateau étant balancé de bâbord sur tribord j'aurai vite fait de tomber. Arrivé au mat Marie libère la GV que je tire jusqu'au point de ris, je glisse la sangle dans l'oeillet et la bloque dans le mousqueton. Je crie à Marie que le ris est pris et elle étarque la GV ainsi que la bosse de ris, nous reprenons ensuite notre cap et rangeons. Si tout se passe bien en moins de 5 minutes nous prenons un ris. Dès que le ris est pris on sent que le bateau est moins ardent ce qui rend la navigation plus confortable sans pour autant perdre beaucoup de vitesse. De plus comme une récompense, le soleil nous gratifie d'un lever de toute beauté !
A 8 H du matin nous relâchons un ris, le vent ayant bien mollit et tournant progressivement nord-est.A 11H Nous affalons toutes les voiles et déroulons le genaker avec lequel nous finissons le parcours au largue à 5 noeuds, malheureusement les vagues restent un peu trop orientées nord pour rendre la navigation totalement agréable.
Les côtes de Minorque grossissent très lentement, nous jetons l'ancre à 15H20 après 32 heures de navigation (avec 5 heures d'avance sur notre routage), dans l'anse de la Punta Fra Bernat dans une grande tache de sable.
Extrait carnet de voyage de Marie-Claire |
Nous sommes vidés mais heureux de cette navigation...
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