Traversée Tanger Graciosa.
Nous voici donc partis pour ce qui va être notre plus longue traversée à ce jour. Si nous avions fait trois jours et deux nuits entre la pointe ouest de la Sicile et la Corse l’an dernier cette fois ce sont 4 jours et 4 nuits qu’il nous faudra avant d’atteindre l’île de la Graciosa dans l’archipel des Canaries.
Sur le papier les routages sont plutôt favorables, houle de 3 mètres avec une période de 12 secondes dans le dos et vent entre 15 et 20 noeuds de nord-est presque tout le long.
En fait, autant dire de suite qu’il n’en fut rien !! Le vent était plein Est et a soulevé une mer qui est venue contrer la houle de nord-ouest. Résultat une mer croisée très désagréable de 2 à 3 mètres qui secoue le bateau un peu dans tous les sens et donc nous aussi !
De plus nous n’avons pas navigué depuis deux mois puisque nous étions rentrés en France et les corps ont perdu l’habitude d’être chahutés !
Nos amis qui étaient en monocoques nous diront plus tard qu’ils ne se sont pas mis debout durant les deux premiers jours tellement ils étaient balancés dans un roulis du diable !
Nos amis de l’Eden nous ont raconté comment leurs deux chiens ne pouvaient se déplacer sans rouler sur le coté avec des regards affolés !
Bref tout ça pour dire que cette première traversée ne fut pas une partie de plaisir surtout si on y ajoute les incidents techniques qui ont émaillé le voyage et qu’il a fallu gérer dans des conditions peu confortables.
Tout d’abord nous étions à peine partis que nous avons reçu un appel de Stephan sur L’Eden: "Graoully pour l’Eden, je ne te vois pas apparaitre sur l’AIS…!" Je regarde le traceur, on ne voit apparaitre aucun bateau ! Mince, donc on n’émet pas et on ne reçoit pas !
Je confirme à l’Eden. Stephan me propose quelques manipulations que j’exécute mais rien n’y fait. Il faut se rendre à l’évidence on naviguera sans. Ce n’est pas obligatoire mais tellement confortable surtout la nuit quand on croise des cargos.
Deux jours plus tard, l’alarme pompe de soute moteur bâbord s’enclenche signifiant la présence d’eau !! On ouvre le capot et stupeur 30 cm dans le fond de cale !! On actionne la pompe une dizaine de minutes qui vide le tout. Je descend et m’allonge dans la cale pour voir ce qui se passe. Le vase d’expansion a une fuite ! Merde. On vide notre réservoir d’eau douce !! Et même si la fuite n’est pas très importante elle est suffisante je pense pour vider notre réservoir de 700 litres en quelques heures !
Je prends une photo du dessous du vase car c’est trop étroit pour me permettre de glisser ma tête. En plus avec les vagues qui me secouent c’est très désagréable et je commence à avoir la nausée ! Moi qui habituellement n’a jamais le mal de mer !
Je m’extirpe péniblement de la cale avec l’aide de Marie et constate sur la photo qu’il y a un petit trou duquel ressort un jet clairement visible, probablement dû à la corrosion, juste au droit de la platine qui maintient le vase.
De ma réserve je sors une pâte spéciale marine que je malaxe deux minutes pour la rendre bien souple et chaude. Je redescend la plaquer comme un cataplasme du mieux que je peux. La fuite n’est pas résorbée à 100 % mais je dirais à 90%. Il n’y a plus qu’un goutte à goutte. Ça fera l’affaire jusqu’à l’arrivée !
Le lendemain encore alors que le vent contrairement aux prévisions a complètement chuté nous lançons le moteur tribord afin d’avancer sur notre route et qui nous permet de charger en plus nos batteries de service.
Après 15 minutes d’utilisation la courroie de l’alternateur émet un sifflement caractéristique. Arrêt du moteur, ouverture du capot et je vérifie la tension de la courroie qui est beaucoup trop lâche. Je sors la boite à outil et descend dans la cale de nouveau. Si le vent a baissé ce n’est pas le cas de la houle qui me secoue désagréablement et à ça s’ajoute les inévitables odeurs de gasoil !
Je veux reprendre la tension de la courroie avec la vis de réglage et me rend compte que celle-ci a été forcée et que je suis dans l’incapacité de la dévisser car les clefs dérapent sur le boulon devenu presque cylindrique !! Comme pour les câbles des inverseurs, je me mets à douter réellement du sérieux du mécanicien qui a fait le travail au printemps. Ça n’a pas pu lui échapper !
Je mets du dégrippant et j’essaie de la dévisser en la bloquant avec une pince étau. Rien à faire.
Je peux juste jouer de peut-être 5mm avec l’axe de l’alternateur.
Je me dis que ces 5mm de jeu devraient me suffire à changer la courroie en la remplaçant par une neuve. C’est fait rapidement, ça fonctionne bien et à l’indicateur de production d’énergie l’alternateur débite bien comme à l’habitude ! Ouf, problème résolu ! Même s’il faudra que je résolve ce souci d’écrou récalcitrant !
Les jours et les nuits se suivent, la fatigue s'accumule !
Le jeudi matin le vent est revenu et nous finissons à la voile notre parcours. Nous passons entre des îlots volcaniques désertiques. Les paysages sont superbes sous le soleil avec des jeux de teintes et de lumières stupéfiants.
Vers 16h nous ancrons devant la playa francesa juste derrière Pierre et Virginie du bateau Velella qui sont arrivés une heure avant nous.
Nous sommes émus d’être ici car c’est un passage mythique pour les navigateurs ! Nous sommes vraiment en extases devant ce paysage qui s’offre à nous. D’un coté nous avons l’île de la Graciosa avec ses petits cônes volcaniques ocres et noirs et de l’autre les falaises imposantes et sombres de l’île de Lanzarote.
Nous sommes vidés mais heureux d’être là. Un peu plus tard un catamaran vient ancrer. Ils nous font de grands signes pour nous saluer. Il y a du monde à bord. Il s’agit d’Odace,… oui l’orthographe est juste...puisque c’est un nom propre ! Philippe et Valérie les propriétaires sont des copains d’Yvan et Marion du bateau Eagle ! Ils leur ont parlé de nous et sont contents de faire notre connaissance Que le monde est petit !
Pour aujourd’hui nous sommes crevés et nous déclinons l’invitation de Pierre et Virginie à venir sur leur bateau pour l’apéro. Nous avons un manque de sommeil certain et nous allons nous coucher très tôt bercés par une toute petite houle qui contourne un peu la pointe de l’île.
La Graciosa:
Dès le lendemain matin nous partons avec Pierre et Virginie pour un petit tour sur l'île jusqu'au village voir un peu plus loin.
Nous prenons un petit chemin côtier dans un cadre grandiose. Les teintes qui vont du jaune pale au noir en passant par toute la palette des ocres et des rouges sont magnifiques et la lumière sans pareil.
Atteindre le village n'est finalement pas très long, en moins d'une heure nous atteignons les. premières habitations.
Le village est constitué principalement d'habitations de loisirs. A cette époque le village est plutôt calme, beaucoup de maisons semblent inhabitées.
Nous nous arrêtons sur une terrasse de café pour boire un verre à cette traversée qui semble avoir été plus éprouvante pour nos amis avec la houle de travers.
Nous poursuivons un peu plus loin vers l'Est et tout est vraiment superbe. On ne s'en lasse pas.
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La zone en réserve naturelle est très poissonneuse |
Malheureusement demain il va falloir quitter cet endroit où nous avions imaginé rester quelques jours. Mais la météo annoncée avec du vent du sud rendra le mouillage impraticable.
dans l'après-midi Philippe d'Odace vient nous visiter avec un des équipiers qu'ils avaient embarqués à Gibraltar. Nous en profitons pour les inviter à boire l'apéro à bord avec Virginie et Pierre.
Nous ferons la connaissance de Philippe et Valérie du catamaran Odace et des 4 équipiers qu'ils avaient embarqués à Gibraltar. Vue l'ambiance sympa de cette soirée nous envisageons de prendre nous aussi peut-être pas 4 mais 2 de ces équipiers pour traverser de Gran Canaria au Cap Vert.
LANZAROTE Marina Porto Calero du 3/12 au 10/12/2022
Nous quittons tôt la Graciosa en préférant passer par le cap Nord car la houle est annoncée forte sur le sud entre Lanzarote et Fuerteventura. Les copains d’ odace ont choisi le sud, ils nous diront plus tard que nous avions fait le bon choix…
Après avoir longé les hautes falaises noires de la cote nord-ouest nous passons la Punta Farianes et redescendons plein sud.
A tout hasard mais sans grand espoir j’envoie un mail à la marina de Puerto Calero afin de savoir s’ils ont une place pour deux jours afin de faire un peu d’avitaillement et éventuellement trouver un technicien pour notre AIS.
Même pas 15 minutes plus tard je reçois une réponse favorable, mais nous devons répondre urgemment. Nous ne sommes pas étonné car on sait qu’il n’y a pratiquement de place nulle part à cause des différents rallyes et courses transatlantiques organisées.
Nous n’hésitons pas et je confirme notre heure d’arrivée vers 14H.
Marie-Claire regarde sur navilly les commentaires qu’ont formulés les navigateurs sur la marina et en ressort le numéro de téléphone de Marco, un technicien en électronique auquel j’envoie de suite un message par wahts’app en lui expliquant notre problème technique d’AIS.
Lui aussi me répond pratiquement de suite, en me demandant une courte vidéo de mon transpondeur et une explication sur les problèmes constatés.
Trop content j’envoie le maximum d’éléments à Marco qui m’explique en retour qu’il a beaucoup de travail mais qu’il va regarder ce qu’il peut faire.
Nous sommes samedi, je ne me fais pas d’illusion sur ce qu’il pourra faire le week-end et nous sommes sensés quitter notre place mardi matin…
A 14H nous sommes à l’entrée du port et je contacte la marina à la VHF. Je demande à la jeune femme en ligne si elle parle Français ou Anglais. Anglais bien sûr.
Elle m’indique de mettre nos défenses sur tribord et de nous amarrer au quai de la station essence pour le check-in avec les marineros.
Ces derniers nous font signe, je m’approche du quai et Marie leur passe les amarres. Ils sont très pro et nous sommes amarrés rapidement.
Nous remplissons les papiers pour la police et la marina puis après avoir fait le plein de gasoil nous allons rejoindre notre place en long-side un peu plus loin.
Marie reçoit un message de Blue dream, nos copains Dominique et Jean-Pierre qui nous ont vus arriver. Ils ne sont pas très loin de nous.
On se glisse entre deux autres catamarans, c’est un peu étroit mais la manoeuvre se passe très bien et le marinéro qui nous assiste est au top.
Ça y est nous sommes à quai ! Nous branchons l’eau et l’électricité au bateau, réglons nos amarres pour pouvoir monter et descendre facilement de Graoully.
Dans l’après midi nous allons faire un tour dans la marina qui est so British ! Avec donc évidemment beaucoup d’anglais même si nous l’apprendrons plus tard, depuis le Brexit la clientèle anglaise fait un peu faux bond. Dans cette marina il y a beaucoup de bars, restaurants, boutiques de fringues et une petite supérette pas très bien achalandée.
Je reçois un message de Marco qui viendra controler notre AIS demain matin dimanche à 11h !! Génial !
Le soir nous nous faisons un petit restau indien où l’on mange vraiment très bien, le tout arrosé d’une bouteille de vin rouge de Lanzarote.
Après une bonne nuit très calme le point fort du lendemain est la venue de Marco qui frappe à la coque à 11h précises. Il parle Espagnol, Italien et Anglais. C’est donc en anglais que la discussion se fait… J’avais tout de même demandé à Quentin si je pouvais l’appeler pour être mon traducteur si mon anglais était trop faible pour une discussion technique. Mais tout s’est bien passé.
Marco reste assez perplexe sur l'origine de la panne et il décide d’embarquer notre AIS pour le tester dans son laboratoire et contacter éventuellement Garmin. Il pense que c’est un problème de programmation, que dans toute sa carrière il n’a vu qu'une seule fois un transpondeur hors service et ce n'est pas un jeunot ! .
Il ne pense pas pouvoir régler notre problème pour le lendemain, aussi notre départ mardi va poser problème… Je décide d’ aller voir la direction de la marina pour leur expliquer et leur demander de prolonger notre séjour, sinon on ira au mouillage un peu plus loin à la playa Quemada et on reviendra plus tard.
La Marina est très compréhensive et nous octroie un délai complémentaire jusqu’au maximum lundi matin de la semaine suivante car ils ont des réservations.
On prévient Marco qui est rassuré lui aussi.
On profite de cette prolongation pour contacter nos amis du bateau Vellela (Pierre et Virginie) qui sont eux à la marina d’Areciffe car ils nous avaient proposé de partager mardi une ballade dans Lanzarote avec la voiture qu’ils ont louée.
En attendant, le lundi après midi nous allons nous balader à pieds par le chemin côtier et en rentrant nous louons par internet une voiture pour mercredi et jeudi afin d’aller à Areciffe en espérant trouver un vase d’expansion et une pompe d'eau douce pour remplacer celle qui nous a lâché. Heureusement nous avons une double installation et il nous a suffit de basculer sur le réseau secondaire pour ne pas être à court d’eau douce sur les robinets !
Le mardi Pierre et Virginie viennent nous chercher à la Marina vers 10H et nous filons vers le sud-ouest pour une superbe ballade sur la Bianca Montana.
3 heures de marches pour grimper en haut et faire le tour du cratère. On s’amuse au sommet avec deux grands corbeaux qui viennent quémander quelques miettes de gâteaux.
La vue est superbe et le site bien qu’austère est d’une grande beauté.
Nous récupérons la voiture et nous rendons dans le village d’el Golfo où nous mangeons sur la terrasse en bord de mer de délicieuses spécialités locales. Moi et Pierre nous régalons de poisson Virginie et Marie de plats végétarien.
Nous passons vraiment un très agréable moment. Avant de repartir nous allons voir le lac vert que je trouve plutôt jaune. C’est une lagune en fait, certains lichens qui poussent dans l’eau salée lui donnent cette couleur incroyable d’autant plus impressionnante qu’elle contraste avec la roche noire environnante.
Il y a de belles ballades à faire en bas et le long de la plage, ce qui nous donne déjà des idées pour demain.
Pierre et Virginie nous déposent à l’aéroport d’Areciffe où nous récupérons notre voiture de location en moins de quinze minutes au comptoir Europcar.
Le lendemain nous filons sur Areciffe, tout d’abord à la Marina pour récupérer chez Pierre et Virginie nos casquettes que nous avions oubliées dans le coffre de leur voiture !! puis sur les indications de Pierre nous trouvons un ship-chandler dans la ville. Hélas pas de vase d’expansion, mais une pompe à eau douce. C’est déjà ça !
Nous allons ensuite dans un super marché où nous faisons un gros avitaillement, puis dans un magasin de bricolage où nous achetons une guirlande de noël et de qui faire des amarrages solides en prévision du cap vert.
Il y a un décathlon juste à coté et nous en profitons pour acheter moi une veste polaire fine et marie deux T-shirt.
Nous rentrons dans l’après-midi et transbordons toutes les courses dans le bateau ce qui n’est pas une mince affaire car il y a du chemin à faire.
Le soir nous faisons un restau à la marina avec Dominique et Jean-Pierre du bateau blue dream. On mange tout un assortiment de tapas arrosés de vins locaux. On a passé une très bonne soirée.
Le lendemain nous retournons à coté d’El Golfo pour une longue ballade sur la plage de sable noire et une autre ballade vers le lac vert mais en passant le long de l’océan. A midi nous mangeons dans un restau qui sert des plats locaux à base de poissons évidemment.
Dans l’après-midi nous retournons à Areciffe dans un centre commercial dans lequel nous achetons un téléphone nous permettant d’ajouter une carte sim supplémentaire ce qui, on l’espère, nous simplifiera les choses au niveau communications téléphoniques.
A 18h nous rendons la voiture ce qui ne prend pas plus de temps qu’au départ.
On sort de l’aéroport et on prend un taxi qui roule comme un fangio jusqu’a à la marina où nous sommes contents d’arriver encore vivants !
Marco nous dit qu’il n’a pas réussi pour le moment à réparer l’AIS mais qu’il persévère. Le temps passe mais on espère.
On profite des quelques jours restant pour faire un peu d’entretien sur Graoully. Je vais également chez le concessionnaire Volvo penta pour acheter deux kits d’entretien de nos moteurs. J’en ai déjà deux mais il me faudra faire la vidange et changer les filtres avant notre transat donc je préfère avoir encore un jeu d’avance.
Finalement vendredi Marco vient à bord et nous installe l’AIS. Il nous a mis un transpondeur neuf mais nous compte le prix d’une réparation car dit-il j’arriverai à le réparer.
Si je n’y arrive pas, me dit-il, je compte sur vous pour être un gentleman et me rembourser la différence entre le coût de la réparation et le coût du neuf ! Je lui certifie que cela ne posera aucun problème.
Nous restons étonné de son honnêteté car en France on nous aurait fait payé le neuf et la personne aurait gardé l’ancien qu’il aurait peut-être réparé et utilisé pour un dépannage ultérieur !
Bien sûr nous fabulons en disant cela mais de nos expériences passées c’est quand même bien la mentalité qui prévaut en France.
Nous remercions Marco et écrivons un commentaire élogieux le concernant dans Navilly pour les prochains navigateurs qui auraient des problèmes d’électronique.
Régulièrement depuis, Marco nous écrit car il nous suit dans notre périple.
Je vais prévenir la marina que nous partirons demain matin samedi et je règle notre note.
LANZAROTE de PLAYA QUEMADA à PUNTA DE JANDIA du samedi 10 au vendredi 16 Décembre 2022
Nous quittons la marina de Puerto Caléro pour bien peu de temps car après seulement 20 minutes de navigation la plage de Quémada nous tend ses bras.
Jean-Pierre et Dominique de blue Dream y sont déjà au mouillage. Nous ancrons à une centaine de mètres d’eux. Personne d’autre dans les environs et nous apprécions ce mouillage sauvage et isolé.
L’océan est calme comme un lac et à peine arrivés Marie endosse palmes et masque puis plonge à l’eau, direction les rochers de la rive.
Elle y verra beaucoup de poissons mais surtout au retour, juste sous le bateau, un beau requin ange qui nage en pleine eau ce qui est surprenant car c’est une espèce qui s’enfouit dans le sable la journée pour sortir et chasser la nuit.
Nous avions déjà eu l’occasion d’en voir lorsque nous avions passé notre niveau 2 de plongée à Lanzarote, quelques années en arrière.
Le bateau copain « Odace » nous contacte et nous propose de nous retrouver vers playa Rubicon. Nous leur précisons que nous sommes à Quemada, bien protégés de la grosse houle d’Ouest et ils nous répondent qu’ils nous rejoignent et seront là vers 14H !
En soirée un autre bateau, un monocoque français lui aussi vient mouiller l’ancre non loin de nous.
Nous avons nos amis d’Odace à diner le soir, et nous irons chez eux le lendemain soir.
La journée nous bricolons un peu le matin sur Graoully, puis allons nous balader à terre en partant en kayak.
Nous remontons un peu une belle vallée sauvage tapissée de végétaux qui donnent une belle couleur verte à tout le site.
On observe aussi à terre quelques aigrettes qui picorent on ne sait quoi au milieu des prés.
En passant nous allons saluer le monocoque Astrakan et les invitons à un apéro pour notre dernier soir à Quémada, invitation qu’ils acceptent avec plaisir. Du coup nous avons à bord les 3 bateaux français au mouillage près de nous pour cette soirée qui se terminera à passé minuit.
Belle rencontre et bons moments de partages.
Christophe (Astrakan) qui a disputé plusieurs fois la course du figaro et travaillé dans une voilerie est de bons conseils et tout le monde profite un peu de ses lumières pour soulever quelques problèmes sur leurs bateaux respectifs.
Le matin juste après le petit déjeuner nous levons l’ancre et partons discrètement. Tous les copains bateaux récupèrent encore de la soirée d’hier !
Notre objectif est d’aller au nord de Fuerteventura dans la baie de Corralejo bien abritée des vents et de la houle d’Ouest.
La traversée se fait au génaker, il y a peu de vent mais nous avançons encore à 3 noeuds environ puis nous devons tout de même finir les 5 derniers milles nautiques au moteur. Il y a pas mal de monde mais nous nous intercalons entre deux bateaux et sommes finalement bien installés au calme.
De toute façon ce n’est qu’un arrêt de nuit car dès le lendemain matin à 9h 14/12 nous quittons notre place et prenons un cap sensiblement au sud jusqu’à la playa de Grand Tarajal que nous atteignons grand voile arisée et voile avant à 100% à 16h30.
Ça souffle fort par des vents catabatiques puissants qui dévalent des montagnes !
Le lendemain matin 15/12 c’est reparti pour 5 heures de navigation 2 ris dans la garni voile et 1 ris dans la voile avant. Ça souffle pas mal et en 5h nous atteignons Moro Jable devant laquelle nous jetons l’ancre par 10 mètres de fond en jetant 50 mètres de chaine à l’eau, par sécurité car nous craignons les rafales la nuit.
Enfin le 17 Décembre nous atteignons la PUNTA DE JANDIA vers 11H30. Nous mouillons devant le village , nous sommes seul à cette extrême pointe sud de Fuertevenbtura. Nous serions bien allés faire un tour à terre mais observés au jumelles, les gros rouleaux qui s’écrasent sur la plage refroidissent nos envies et nous restons à bord tranquilles.
Le lendemain nous partons pour cette dernière navigation jusque Las Palmas de Gran Canaria où nous récupérerons nos deux équipiers (Charles et Ludovic) pour la traversée jusqu’aux îles du cap vert.
C’est de nouveau au genaker que nous traversons entre les deux îles dans une navigation très calme et avec peu de vent. Nous contournons par le sud le petit îlot situé à l’Est du port car on nous a prévenu que par le nord il y a de gros rouleaux sur lesquels viennent s’entrainer les surfeurs.
Nous cheminons parmi les cargos et autres pétroliers à l’ancre, en attente de chargement et/ou déchargement. Nous mouillons dans la baie située juste après la marina. Il y a du monde ici mais nous dénichons une place.
GRAN CANARIA du samedi 17 Décembre 2022 au mercredi 21 Décembre 2022.
Nous retrouvons avec plaisir nos amis du bateau Vellela qui nous font part de leurs misères. Problème d'eau dans le moteur qui évoque un problème de pistons alors qu'ils ont fait faire un refit complet de leur moteur avant de repartir de Cartagène ! A cela s'ajoute un problème de présence d'eau dans les varangues, un expert passé sur place relève une déformation de la coque au niveau des haubans. Pierre et Virginie sont déprimés et nous disent que si le montant des réparations est trop élevé ils renonceront au projet et revendront le bateau en l'état !
Leurs visages tristes font peine à voir.
Le soir ils nous entrainent à travers la vieille ville de Las Palmas et c'est une belle surprise ! Nous sommes amusés de voir toutes les décorations de Noël dans les rues comme chez nous sauf que nous sommes en tenues d'été.
Les rues sont bondées d'autant que nous sommes samedi soir.
Nous finissons la soirée dans un restau à la déco très agréable et nous mangeons très bien pour finalement une somme très en deçà des prix Français.
Le dimanche nous allons au bar de la Marina pour voir le match de la finale de la coupe du monde. Après une période de suspens l'équipe d'Argentine gagne très justement face aux bleus qui ont été (d'après les experts nombreux) médiocres pendant la première heure de jeu. L'ambiance était chaude dans le bar entre les différents supporters avec quelques railleries qui personnellement m'agacent au plus haut point !
Juste après nous récupérons notre premier équipier Charles qui vient nous rejoindre à bord.
Dès lundi matin nous filons à l'hyper Dino, magasin sur deux étages. Nous remplissons deux caddies et demandons une livraison à la marina, service qu'ils offrent dans ce magasin !
On est super contents car se trimbaler les courses en ville nous aurait obligé à faire au moins trois ou quatre voyages à pieds ou de prendre un taxi.
L'avantage avec ce système est qu'ils livrent devant le bateau au ponton.
Comme nous sommes au mouillage, Pierre et Virginie nous ont proposé de faire livrer à leur bateau. Nous mettons l'annexe juste à coté de Vallela et nous chargeons le dinghy en 5 minutes. Une demi heure plus tard tout est déchargé sur Graoully et rangé dans les soutes ou au frais dans les frigos. Good job !
Le soir notre deuxième équipier Ludovic nous rejoint à bord.
J'ai prévu d'après la météo de descendre au sud de Gran Canaria et débuter la traversée mercredi mais Marie aimerait passer une journée de plus ici pour décompresser un peu après tous les préparatifs.
De fait le mardi nous retournons faire un tour dans la vieille ville et passons devant le musée Christophe Colomb, il est situé dans la maison qu'occupa le navigateur avant son premier départ en 1492.
Nous entrons également dans la cathédrale qui a des voutes palmiformes superbes.
Ce vieux quartier moyenâgeux est pittoresque et nous déambulons dans les ruelles baignées de soleil. Nous dégotons un petit resto où nous mangeons dans un patio avec des petites coursives périphériques en bois à l'étage desservies par un bel escalier en pierres.
Le soir nous allons faire un dernier adieu à Pierre et Virginie en leur souhaitant le meilleur pour leur bateau. Ils en ont gros sur le coeur de nous voir partir d'autant que nous avions imaginé traverser en même temps aussi bien sur le cap vert que sur le Brésil.
On espère pour eux que les choses vont s'arranger d'autant que leur assureur mandate un expert afin de voir la possibilité d'une prise en charge pour la déformation de la coque !
Ce serait la bonne nouvelle.
Le jeudi matin nous levons l'ancre et partons au moteur car contrairement aux fichiers c'est pétole ! Heureusement en début d'après-midi le vent se lève à un peu plus de 10 noeuds et nous descendons au génaker puis uniquement avec le génois jusqu'à la baie Pasito Blanco.
Traversée Gran Canaria - Cap Vert (du jeudi 22 décembre au vendredi 30 décembre 2022)
C’est parti ce jeudi matin 7h pour 6 à 7 jours de mer.
La météo sur le papier s’annonce plutôt bonne mais ce ne sont évidemment que des prévisions. Quatre jours avec vent de Nord-Est favorable à 15 noeuds et les deux derniers nous devrions être rattrapés par le bord d’une dépression d’ouest avec de la houle jusque 3 mètres travers arrière mais vents 15 noeuds..
Que dire sur une longue traversée d’une semaine. A l’instant où j’écris ces notes il s’est déjà passé 5 jours.
Nous passons par une multitude d’états d’âme qui vont du plaisir à la déprime jusqu’à parfois se demander ce que nous faisons ici !
Car évidemment tout n’est pas idyllique ! Il y a les sautes de vents, les rafales parfois violentes, les grains, la nuit qui arrive, nuit sans lune d’un noir d’encre avec les peurs ancestrales que nous trainons en nous, les incidents techniques qui sont très angoissants et auxquels il faut remédier malgré la mer qui nous secoue, les manoeuvres de voiles pas toujours simples quand elles se déroulent dans l’urgence des rafales …
Mais bien sûr il y a aussi des couchers et levers de soleil flamboyants, des vols de poissons volants qui s’enfuient pas dizaines en éventail devant le bateau sur des distances de vol que nous n’avions pas soupçonnées, les repas pris en commun qui sont de bons moments de partages, les bains de soleil sur le roof quand la houle et le vent sont quasiment absents, la surprise de découvrir des poissons volants sur le pont le matin, la compagnie sautillante des dauphins dans les étraves, les fous bruns avec leurs becs bleutés qui planent si près de la voile qu’on pourrait les toucher.
Il y a heureusement un équilibre entre ces différentes émotions qui font qu’au final on se sent tellement vivants !
Dans ce qui est pour nous notre première longue navigation nous nous rendons bien compte que ce sont les éléments vent et mer qui influent principalement sur notre baromètre émotionnel.
Les deux premiers jours nous filons comme prévu au vent arrière essentiellement au genaker avec un ciel mitigé, et une houle trois quart arrière globalement confortable. Nous prenons notre rythme avec nos deux équipiers Charles et Ludo. Nous leur laissons les quarts de 1H à 5H qu’ils ont proposé de faire, je fais celui de 23H à 1H00 et Marie fait celui de 5H à 7H.
Nous maintenons des quarts en journée cela permet au reste de l’équipage d’être serein pour vaquer à d’autres occupations. Lire, pêcher, écouter des podcasts, cuisiner, visionner des films, dessiner ou écrire …quand ça ne bouge pas trop…
Les jours 3 et 4 le vent tombe et nous ne pouvons plus avancer à la voile ! Ça ce n’était pas prévu et cela m’inquiète car à l’horizon apparaissent les premiers nuages de la queue de dépression annoncée. Je crains simplement que celle-ci soit plus sud et que l’on soit plus touché que prévu ! Le baromètre commence a descendre, de 1020 Hp nous descendons à 1015 Hp. Dans la journée
Je n’arrive pas à utiliser l’iridium pour charger un fichier météo, impossible non plus d’envoyer un message ou d’entamer une conversation téléphonique ! Je peste vu le prix de l’abonnement et passe des heures à déconnecter, reconnecter dans l’espoir de capter quelque chose mais en vain !! Ne pas connaitre la météo ajoute du stress. Je fais un peu une fixation dessus !
Pour éviter de rester coller dans cette zone de pétole et trop prendre la dépression que l’on voit arriver, nous mettons un moteur à 1200 tours/minute ! Notre moyenne baisse, il faut se rendre l’évidence il nous faudra 7 et non 6 jours pour arriver sur l’ile de Sal !
Les trois derniers jours se déroulent dans une navigation difficile avec une houle travers de près de 4 mètres !
Nous sommes balancés de gauche et de droite dans un ballet incessant. C’est éprouvant et très bruyant car les vagues viennent souvent se fracasser contre les coques dans un bruit énorme en faisant trembler toute la structure du bateau !
De plus on a régulièrement des grains comme aux Antilles, vent violent et pluie pendant 15 à 30 minutes !
C’est très fatiguant et très difficile de dormir avec ce vacarme. Pour réussir à dormir, j’ai opté pour le casque anti bruits, ça atténue d’environ 80%. C’est très reposant et me permet de dormir quelques heures.
Dans la nuit du cinquième au sixième jour le vent tombe, nous dérivons vers l’Afrique, poussés par la houle de travers.
Le pilote auto ne peut plus suivre le cap demandé car à force de vouloir nous tourner vers l’Ouest il arrive en limite de barre !
Il faut redonner de la vitesse au bateau et sans vent le seul moyen c’est le moteur encore une fois ! Nous avons déjà dû le faire tourner une trentaine d’heures depuis le départ et on recommence ! Moi qui pensais qu’en atlantique s’en serait fini du moteur !
Je démarre nos deux volvo de 55 CV et les cale sur 1400 tours par minutes, nous reprenons de la vitesse et malgré la mer forte, naviguons à peu près à 5 noeuds en étant presque sur notre cap. Pas complètement car j’essaie de garder tout de même un petit angle arrière par rapport à la houle pour ménager le bateau et l’équipage.
Le mardi dans l’après-midi en constatant qu’il nous reste 160 Milles nautiques a parcourir nous savons maintenant avec certitude que nous n’arriverons pas de jour à la Palmeira. Le routage nous donne comme heure estimée d’arrivée mercredi à 22 heures.
Comme il est hors de question d’aller ancrer de nuit dans une baie que nous ne connaissons pas, il nous faut ralentir notre allure pour arriver au matin ! C’est rageant !
Nous laissons le génois seul, enroulé au deux tiers et nous avançons tout de même à 3-4 noeuds poussés par le vent et les vagues qui ont heureusement légèrement tourné de 15 degrés.
Lors du dernier quart de la nuit de mercredi à jeudi, le mien donc, il est 6h heure locale, 8h en France. Marie n’est pas retournée se coucher elle reste avec moi pour l’arrivée. Charles et Ludo dorment.
Nous mettons les moteurs et enroulons le génois. Les premières lueurs du jour nous font découvrir cette ile de Sal dont nous étions proches mais que la nuit noire nous empêchait d’apercevoir d’autant que par précaution nous avons largement contourné l’île en passant à 3 Mn de la côte. Nous craignions les effets venturi du vent près des côtes et les courants potentiels amplifiés par la houle. ( Bien nous en a pris car nous avons croisé un navigateur deux jours plus tard qui nous a raconté comment il a perdu son bateau projeté sur les rochers après avoir été entrainé par les courants et la houle !! )
A l’instant où nous prenons le chenal d’entrée un cargo sort du port.
On temporise un peu afin de connaître ses intentions. Part-il vers Mindélo à l’Ouest ou vers Boa Vista à l’Est ? Ce sera l’Ouest et nous pouvons reprendre notre cap d’arrivée.
Nous passons la bouée verte et sommes dans la baie il y a une cinquantaine de bateaux, de plaisance et de pêche. Nous restons plutôt en limite extérieure et jetons l’ancre dans 5 mètres de fond.
On coupe les moteurs, silence total, le soleil pointe à l’horizon la lumière est belle.
On s’embrasse avec Marie, soulagés d’être arrivés, heureux bien sûr mais fiers également d’avoir accompli cette navigation pas si simple en définitive !
800 Milles nautiques 7 jours et 7 nuits pratiquement à l’heure près. 167 heures, 42 heures de moteur (C’est beaucoup plus que ce que nous avions imaginé).
La présence d’équipiers à bord a été une expérience convaincante. Les quarts de nuit s’en sont trouvés grandement allégés. Nul doute que pour la traversée atlantique vers le Brésil nous reprendrons des équipiers.
Incidents techniques pendant la traversée.
- Manille du chariot de grand voile qui s’est dévissée puis tordue, résultat la bôme qui est partie en pleine ouverture vent arrière heureusement sans empanner ! Pas simple pour la récupérer sans risquer pour le matériel ou l’équipage. Remplacé par une manille plus petite et ajouté une garcette de sécurité au cas où.
- Problème pour enrouler le genaker quand le vent est un peu trop fort. L’emmagasineur est trop petit de fait il est difficile, voir impossible parfois d’enrouler le genaker à 100% obligeant à l’affaler. On remplacera la bosse par un diamètre plus petit afin g’augmenter la longueur d’enroulement.
- Problèmes de communication avec notre téléphone iridium. En une semaine nous avons pu charger 1 seul fichier météo de 30 Ko, quelques sms à nos proches avec seulement 3 sms en retour et aucune conversation téléphonique !! Payer une telle prestation aussi chère pour ce résultat est limite scandaleux. Il faut que j’écrive au fournisseur pour obtenir quelques explications.
- La bordure de notre génois s’est abimée en frottant sur le balcon avant lors des déventes, il va falloir faire un peu de couture ou l’idéal, trouver un maître voilier pour ajouter une nouvelle bande de protection UV.
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Carnet de voyage de Marie-Claire |
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