mardi 28 février 2023

LE TOUR DU MONDE DE GRAOULLY: TRANSATLANTIQUE MINDELO - SAN FERNANDO DE NOROHNA - JACARE ( 31 janvier au 16 février 2023)


TRANSATLANTIQUE.



Mardi 31 Janvier 2023.


Ca y est le moment tant attendu est arrivé. C’est le jour du départ de notre transat. Nous partirons de Mindelo vers midi pour San Fernando au Brésil, 1ère étape, puis Jacaré pour notre arrivée sur le continent sud américain ! 


Graoully est prêt, cela fait trois jours qu’on le bichonne, contrôle des niveaux d’huiles moteurs et sail-drive, contrôle des bras des inverseurs, vérification des bosses, des drisses, des écoutes, remontage de notre génois que nous avions donné à un maitre voilier pour recoudre la bande UV de la bordure, Changement de la bosse d’enrouleur du genaker par une plus petite section afin de stocker une plus grande longueur, nettoyage du pont, repose du Bimini que nous avions enlevé pour cause de grand vent… et j’en oublie !


Hier lundi c’était journée avitaillement, nos 4 équipiers furent d’un grand secours. On a pu faire des équipes suivant les achats à réaliser. Fruits et légumes au marché couvert, le reste dans les toutes petites supérettes de Mindelo qui sont très peu achalandées.


Une autre équipe dont je suis en tant que capitaine du bateau pour se rendre à la police et à l’immigration pour notre sortie du territoire cap-verdien. 


Sans épiloguer tout s’est passé sans problème et la soirée se termine par un repas sur un bateau copain chez Michel et Marie-Hélène. Français originaires de la Drome provençale.

Nous découvrons lors de cette soirée après un excellent Tajine cuisiné par Michel les talents de chanteurs, guitaristes et percussionnistes de nos équipiers accompagnés de plus par un musicien Cap-Verdien qui est aussi Luthier !


Superbe soirée d’adieu au Cap Vert !!




J’en reviens du coup à cette journée de départ du mardi 31 janvier, pour commencer nous filons dans un labo médical pour faire un test covid antigénique qui est préconisé par les autorités brésilienne pour les passagers en bateaux. 

Notre dernier rappel de vaccin datant du mois de juin nous ne savons pas si nous serons acceptés aussi dans le doute nous préférons faire ce test.


Le test doit être réalisé le jour du départ, les deux documents, certificat et tampon sur le passeport faisant foi ! On nous demande 20 euros par test ! 


Ceci étant fait je commence à remplacer les amarres avec les ressorts amortisseurs par des simples amarres passées en double pour pouvoir les larguer facilement.


Nous allons rendre la carte d’accès à la marina, jeter notre dernière poubelle et demandons à la marina de nous envoyer un marin pour détacher l’avant du bateau des deux bouées auxquelles il est fixé. 

C’est un moment que j’appréhende car avec le vent il est difficile de gérer l’orientation du bateau mais tout se passe finalement très bien.

Il y a du monde au ponton, des copains bateaux sont venus nous saluer, il y a une grosse émotion qui se traduit dans tous les regards embués ! 

Marie et moi nous regardons en repensant à ces 10 dernières années de préparation à ce voyage et cette transat en particulier.

 





Ça y est nous y sommes, c’est parti pour 10 à 12 jours de mer ! Jorge et Peggy filment notre départ.

Nous sortons de la marina, nos copains Suisses sur le même catamaran que nous, Féline, nous font de grands signes depuis leur bateau au mouillage. Nous les retrouverons on l’espère aux Antilles !


 





Voilà nous quittons la baie de Mindelo avec un petit pincement car ce fut pour nous vraiment une escale formidable même s’il y aurait beaucoup à dire sur la marina !

Désormais nos regards se tournent vers le sud et le Brésil. Il faut prendre un nouveau rythme, celui de la navigation. Nous savons Marie et moi qu’il faut quelques jours pour acclimater le corps et l’esprit. Naviguer 12 jours parait une éternité mais rapidement la perception du temps diffère, les repères se modifient.

L’adaptation du corps est le plus pénible dans un premier temps, les estomacs sont secoués par les vagues et ceux sujets au mal de mer déchantent vite ! La croisière idyllique se transforme alors en cauchemar. 

Ce premier jour Anaïs est la première a en faire les frais, les autres ne sont pas en forme non plus mais moins atteintes.

Je mets au féminin car en fait les hommes à bord ne sont pas affectés ou en tous cas à peine. J’avais lu dans un article que les femmes étaient d’une manière générale plus sensibles au mal de mer que les hommes… 


La Première nuit arrive je lis sur les regards quelques appréhensions, ce qui est normal. Les 4  jeunes équipiers font les quarts de minuit à 6h, 1h30 chacun, moi de 22h à minuit et Marie de 6h à 8h. Je passe les consignes aux uns et aux autres. Consignes de sécurité essentiellement. Le moindre doute doit déclencher le réveil de Marie ou moi. 


En journée on maintient également des quarts, ça laisse le temps à ceux qui sont libres de faire ce qu’ils veulent sereinement. 

Personnellement je reste de veille tout de même toute la journée tout comme Marie bien qu’elle soit barbouillée.


JOUR 2. MERCREDI 1er février.


Ah le plaisir de voir l’aube arriver ! c’est Marie qui est de quart mais une douce lumière inonde la cabine à travers les hublots, je n’arrive plus à dormir et je pars rejoindre Marie qui n’est pas encore très en forme. 

Sur le pont on rejette à l’eau notre premier poisson volant qui s’est fracassé contre les vitres du carré ! 






Le ciel est bien nuageux et je m’inquiète déjà pour notre énergie à bord car les panneaux solaires vont avoir un faible rendement qui ne couvrira pas nos besoins…! 

L’essentiel de notre consommation étant pour le pilote automatique, le frigo et le congélateur.

Si nous descendons trop bas le niveau de charge des batteries nous serons contraints de mettre un peu de moteur pour faire tourner l’alternateur. 


Les équipiers se lèvent petit à petit. Les filles ont toujours le mal de mer mais personne n’est plus malade au point de vomir. 

Finalement les nuages s’éparpillent et le soleil est beaucoup plus présent. Ça rend la mer plus belle, d’un beau bleu profond bien plus sympathique que le gris métallique du ciel nuageux.


A midi je fais le point, cela fait juste 24h que nous sommes partis, nous avons parcourus 140 Mn avec 5,85 noeuds de moyenne. C’est correct, je pensais que nous ferions 150 Mn par jour mais nous avons décidé de naviguer plutôt un peu sous-toilé afin de préserver au mieux le bateau pour cette longue traversée. 

Il nous reste désormais à parcourir 1260 Mn d’ici l’île de Fernando de Noronha au Brésil soit encore environ 9 à 10 jours. 


Tous les soirs et tous les matins notre routeur à terre, Michel Meulnet (Société searout) nous envoie le bulletin météo du jour et des propositions de waypoints pour orienter notre route au mieux des conditions climatiques. Pour notre première traversée océanique nous avons pensé raisonnable de faire appel à un professionnel météorologue et navigateur. C’est rassurant d’autant plus que dans quelques jours nous aurons à traverser le fameux pot au noir, j’en reparlerai plus longuement à ce moment là. 


L’après midi le soleil incite quelques uns à bronzer sur le roof du bateau, on sent que lentement on s’acclimate à la traversée même s’il va falloir encore un peu de temps pour vraiment apprécier.


Je mets une canne à l’eau avec une ligne de traine, j’attrape un poisson d’une trentaine de centimètres dont je suis incapable de connaitre le nom… C’est Michael qui prend l’initiative et tue l’animal ce que j’ai toujours du mal à faire.

Je pense que si chaque personne devait tuer le poisson, le lapin, le cochon le veau ou le poulet qu’il a envie de manger il y aurait surement plus de végétariens sur terre. 

Mais bon je ne suis pas végétarien pour autant mais Marie si… et ce n’est pas le spectacle de la découpe du poisson par Michael qui la fera changer d’avis ! Au contraire !


J’essaie de nouveau d’utiliser l’iridium Go et je désespère car il ne fonctionne pas, j'essaie de me placer le plus possible à l'écart du mat sur les pointes avant mais rien n'y fait !! Heureusement que j’ai réactivé notre compte in reach sur le GPS sinon nous n’aurions eu aucun contact possible ! J’espérait pouvoir téléphoner à mon Père et Marie à sa Mère pendant la traversée et c’est raté. Du coup on envoie des messages sms ou mail depuis notre compte inreach avec le gps.



Déjà la fin d’apres-midi arrive et Ophélie ainsi que Florian se mettent en cuisine pour un plat de pâtes courgettes à l’ail. Finalement il n’y a que Michael et moi à table pour manger. 

Les deux cuisiniers ont la nausée d’avoir cuisiné et s’enfuient dans leur cabine, les autres ne se sentent toujours pas bien. 

Moi je me régale et de plus ne pas manger peut accentuer le mal de mer. On parle en navigation des trois F qui sont la cause du mal de mer, Faim, Frousse, Froid on y ajoute souvent une quatrième cause la soif. 

Personnellement, je grignote un peu toute la journée. Des fruits essentiellement, pommes et bananes car je trouve ça très efficace. Marie me demande comment je peux savoir si c’est efficace puisque de toute façon je ne suis jamais malade. Ce n’est pas faux…


Et c’est parti pour notre deuxième nuit, Marie prend le quart de 20h à 22h. Lorsque j’arrive pour la remplacer on se retrouve face à un évènement climatique violent. Alors que nous sommes vent arrière de NE depuis deux jours, en quelques secondes le vent tourne et vient du plein sud donc pile de face à plus de 30 noeuds. Les voiles s’agitent violemment, heureusement j’ai mis une retenue de bôme sinon nous aurions empanné violemment et risqué de casser notre bôme en deux ou de casser le vit de mulet qui est la pièce liant la bôme au mat !!!

Nous allumons les moteurs pour garder de la vitesse au bateau car avec ce vent de face nous sommes presque arrêtés et le bateau risque de partir tout seul sans cap. 

Nous enroulons le génois à toute vitesse, puis affalons la grand voile complètement. 

Le temps de réaliser toutes ces manoeuvres et le vent a déjà baissé et repris son orientation NE !! 

On décide par prudence de ne naviguer cette nuit qu’au génois, la grand voile peut se reposer. Finalement on se rend compte qu’on navigue pratiquement à la même vitesse. Le génois habituellement déventé par la grand voile lorsqu’on est en vent arrière peut dans ce cas de figure donner tout son potentiel ! 

Il est probable que l’on restera demain dans cette configuration par vent arrière, le génois est très facile à réduire en cas de coup de vent fort puisqu’il suffit de l’enrouler. Nous verrons bien à l’usage.


Le reste de la nuit se passe sans incident. Notre indicateur d’énergie baisse par contre et il faudra sûrement faire un peu de moteur demain matin. 



JOUR 3 Jeudi 2 février 2023.


Je rejoins Marie au lever du jour à 7h00, on met en route le moteur tribord pour charger un peu les batteries. On débraye le moteur pour uniquement faire tourner l’alternateur, ça consomme moins d’énergie et nous n’avons pas besoin de propulsion le vent nous suffit.


Malgré le fait que nous n’ayons que le génois nous avançons à 5-6 noeuds aussi décidons nous de ne pas mettre la grand-voile qui avec les vagues fait battre la bôme et dévente trop le génois. D’autant que notre routeur nous signale la possibilité de quelques grains.


Chacun se lève à son rythme, c’est vers 10h que les équipiers arrivent puisqu’ils ont tenu les quarts de nuit. On sent que les corps s’adaptent doucement. Tout le monde devient plus bavard c’est un signe positif !


A midi nous avons parcourus depuis le départ 282 Milles nautiques. On avance correctement avec près de 6 noeuds de moyenne c’est correct. On pourrait aller plus vite mais nous avons pris le parti de ménager Graoully, comme dit le proverbe: qui veut aller loin ménage sa monture.  


Pour le repas de midi, Marie prépare une grosse salade avec le reste de pâtes de la veille, avec quelques tomates, des carottes râpées et de la salade verte, le tout bien épicé on se régale.


Après le repas Marie et moi faisons quelques jeux auxquels se joint Florian. 

En fin d’après lmidi Anaïs sort sa guitare puis son accordéon, joue et chante avec sa Soeur Ophélie. Quel talent elles ont ! Michael partage quelques accords avec elles sur sa guitare. 


Oui vraiment tout le monde va mieux. 

Je suis un peu à la traine, non pas que je sois malade, le mal de mer ne me touche pas d’une manière générale mais j’ai un peu le moral en berne. Je ne sais pas dire exactement pourquoi. La fatigue entraine ce genre de vague à l’âme. 


Je pense à mon père et à mon frère et espère qu’ils vont bien. J’ai envoyé un mail mais je n’ai pas de nouvelle en retour. 

Je pense à ma mère qui nous a quitté il y a 1 an et demi déjà et à ma marraine, sa soeur, qui vient de décéder. C’est dur toutes ces personnes qu’on aime et qui s’effacent petit à petit de notre existence. 

Bref je suis plutôt morose et il va falloir que ça cesse…

 

De plus je suis tout le temps en veille pour le bateau, il va falloir que je prenne un peu plus de temps pour écrire le blog, lire ( je suis dans une grande saga qui s’intitule « le siècle des chimères » j’en suis au tome 3 sur 4. Près de 5000 pages au total, ce qui laisse du champs dans cette longue navigation. 

Marie écoute beaucoup de podcasts, j’en écoute peu bien que j’en ai chargé bon nombre sur France Culture. 

J’ai passé aujourd’hui encore beaucoup de temps sur ce foutu téléphone iridium go qui ne fonctionne toujours pas. C’est décidé je le ramènerai en France cet été et je le revendrai. 

C’est très cher et ça ne fonctionne pas. Mon GPS avec garmin explore fonctionne super bien. Pour les même services sauf la voix et la possibilité de charger des fichiers météo GRIB. Mais comme nous avons un routeur à terre les fichiers météo me sont de peu d’utilité. 

Heureusement notre Amie Madeleine et notre Ami Patrick Zac me permettent de faire le point sur les communications avec le gps Garmin. Je sais maintenant par quel moyen envoyer notre position avec un lien cartographique. Je les ai sollicité un bon nombre de fois dans la journée.



Dans l’après-midi j’ai enfin reçu un message de mon père et aussi de mon frère gillou, je sais donc désormais qu’ils recevront de nos nouvelles et cela me rassure. Lire des messages de la famille, des amis fait beaucoup de bien. 


En fin de journée Michael nous prépare des pommes de terre sautées et un ceviche avec le poisson que nous avons pêché. Tout le monde se retrouve pour la première fois ensemble à table. Encore un signe évident que l’on s’acclimate à l’océan. 

Le repas est vraiment délicieux et le poisson cuit dans le citron une merveille, j’espère que ces jours-ci nous aurons l’occasion de pêcher un thon ou une dorade coryphène ! 


Anaïs ne touche pas à son repas, elle est encore trop barbouillée, ce n’est pas trop bon. Ne pas manger fatigue et la fatigue alimente le mal de mer. Mais demain ça ira toujours mieux j’espère. 

Après le repas on fait la vaisselle qu’on range soigneusement dans les placards, tout le monde va se coucher sauf Marie qui prend le quart de 20H à 22H. 

La lune est de plus en plus grosse et s’il n’y avait pas ces nuages sombres ce soir on y verrait presque comme en plein jour. 

Derrière nous une longue trainée de plancton phosphorescent illumine notre sillage ! C’est impressionnant et merveilleux. Je prends la lampe de plongée qui est très puissante et j’éclaire la surface de l’eau , on voit des milliers de petites crevettes minuscules sauter partout au dessus de l’eau. Que l’océan est beau ! Puissant, imposant, parfois terrifiant mais tellement beau aussi. 



Jour 4 Vendredi 3 février 2023.


Comme hier je rejoins Marie à l’aube de ce nouveau jour. 

La nuit a été très calme, trop calme je dirais même. Le vent a été faible et notre moyenne à grandement chuté on avance à une vitesse de 2 à 4 noeuds . 

On se raisonne, qu’importe nous avançons et c’est le principal ! 


Nous tirons Florian de son sommeil pour nous aider à installer le genaker car j’ai reçu de Michel Meulnet notre routeur à terre la météo des deux prochains jours et les vents alizés vont  rester entre 10 et 15 noeuds. Vitesse idéale pour le génaker qui est une grande voile d’avant faite pour la navigation au portant.

Nous installons les écoutes, hissons la voile en haut du mat, nous sommes tous les trois à poste après un rappel de la procédure.

La voile se déroule impeccablement, ses couleurs viennent égayer la vue. Aussitôt Graoully se fait tirer vers l’avant et la vitesse passe de 3 noeuds à plus de 5 noeuds. La houle aidant à chaque poussé de vague c’est à dire toutes les 8 secondes à peu près nous accélérons à 7-8 noeuds. 

C’est parfait, on espère qu’on pourra laisser cette voile le plus possible. Il ne faut pas que le vent monte trop haut car dès quinze noeuds de vent apparent nous devons affaler pour ne pas risquer de déchirer cette voile très fine et donc fragile.


Les deux nouveaux points de routage de Michel Meulnet nous donnent toujours une route plus ouest que celle que j’avais imaginer prendre au départ. J’ai envoyé un mail à Michel pour lui demander si nous ne risquions pas ainsi de passer à l’ouest du petit archipel de San Pédro alors qu’il est généralement conseillé de laisser ces cailloux perdus au milieu de l’Océan à l’ouest et donc de passer à l’Est afin d’éviter d’être portés au nord par le courant équatorial qui passe à proximité. 

Michel me répond que la décision « Est » ou « Ouest » dépendra des cellules orageuses du pot au noir qui est actuellement assez large puisqu’il commence dès 8 degrés nord. 

Il vaut mieux rester face au courant deux jours que de se prendre des orages violents. On lui fait confiance, il a accès comme météorologue aux cartes satellites radar qui situent bien toutes ces cellules. 

De plus le pot au noir variant rapidement en taille et position tout peut encore évoluer dans le bon sens.

Nous devrions atteindre les 8 degrés nord dimanche nous en aurons ainsi le coeur net. 

On appréhende un peu cette zone très particulière qui faisait peur aux marins de l’époque de Christophe Colomb pour ses longues et nombreuses journées sans vent qui faisaient descendre les provisions et l’eau ! Pas de moteur à l’époque pour se sortir de cette zone !


Les météorologues la nomment par l’acronyme barbare de ZIC pour Zone Intertropicale de Convergence. C’est une zone de basses pressions où se rencontrent les alizés de nord-est qui soufflent dans l’hémisphère Nord et les alizés de Sud-est qui soufflent eux dans l’hémisphère sud. Il y règne une température chaude de 30 degrés en moyenne. Les vents y sont faibles voir nuls et venant de toutes les directions. La convergence de ces flux chauds et humides provoque une grande instabilité. Les grains peuvent être nombreux de jour comme de nuit avec des rafales de vents de plus de trente noeuds accompagnés de fortes pluies.

Les gros cumulus orageux sont visibles de loin même la nuit car les éclairs illuminent le ciel. 

Nous avons un radar et celui-ci nous permettra d’observer leurs déplacements car ils contiennent de grosses masses de pluie et ainsi de tenter de les éviter au mieux.



Jour 5 Samedi 4 février 


Hier au soir nous avons retiré le genaker remplacé par le génois. Comme le vent montait un peu on a joué la sécurité et on a bien fait. Non pas que le vent soit vraiment monté fort mais à 15-19 noeuds on atteint les limites raisonnables pour le genaker et nous avons gardé une moyenne supérieure à 5 noeuds juste avec le génois.

Par dessus tout ne naviguer qu’avec le génois la nuit est d’un grand confort car le risque est nul, même en grand coup de vent la manoeuvre est simple et rapide. Une seule personne peut gérer alors que pour le genaker avec la configuration de notre bateau 3 personnes c’est bien, 2 c’est plus compliqué. 

Le fait de n’avoir que le génois pour la nuit nous rend calmes et sereins ce qui favorise le sommeil Et c’est loin d’être négligeable pour le maintien du moral de l’équipage. La fatigue engendre du stress et de l’angoisse. 

 

Malheureusement je dois ajouter que pendant la manoeuvre alors que j’étais à l’avant du bateau, attaché à la ligne de vie par mon harnais, une rafale a fait battre violemment une des deux écoutes du genaker qui est venue frapper mon visage en emportant mes lunettes !! Neuves évidemment !! Heureusement j’en ai une de secours !! L’Océan rigole !! 


Ce matin la température a encore augmenté par rapport à hier à 26,8 degrés et 78% d’humidité, le ciel est toujours celui des alizés ,soleil et petits nuages épars comme un troupeau de moutons. 

C’est agréable et nos panneaux solaires engrangent de l’énergie. 

Nous avons en 4 jours du faire tourner le moteur seulement 3 fois 1h pour compléter la charge des batteries  de service. La consommation est principalement due au frigo, au congélateur et au pilote automatique Notre frigo étant très froid nous l’éteignons chaque nuit ceci allège la consommation d’un tiers et les aliments n’en pâtissent pas. 


Au niveau consommation toujours notre réserve d’eau (700 litres) descend raisonnablement. A six personnes nous utilisons environ 5O litres d’eau par jour. La principale source de consommation est due aux douches. Les consignes sont claires, on se mouille le corps en 5 secondes. On se savonne et on se rince en 30 secondes. Parfois nous devons faire un rappel à l’ordre aux équipiers, pareil pour l’énergie. On voit que ces observations pourtant légitimes ne plaisent pas. 


Quand il fait chaud on se lave sur le pont à l’eau de mer avec un savon spécial, rincé à l’eau de mer puis avec la douchette de pont un rinçage rapide pour enlever le sel. Quand je dis on c’est Marie et moi, les équipiers n’utilisent pas cette méthode et se douchent dans leur cabine.


Nous avons un dessalinisateur mais notre énergie ne nous permet pas de l’utiliser chaque jour. Donc pour l’instant nous pompons sur la réserve ce qui allège aussi le bateau.

Si dans le pot au noir nous devons naviguer un jour au moteur on en profitera pour faire 200 litres d’eau en même temps. Sinon les 500 litres qui nous restent devraient suffire jusqu’à l’arrivée si nous restons raisonnables. 


Ce matin avec Marie nous nettoyons un peu le cockpit et le carré extérieur avant le réveil des équipiers, c’était nécessaire. Les 3 premiers jours l’inconfort de la mer rendait chaque geste difficile et on n’allait qu’à l’essentiel. 

Désormais nous sommes tous amarinés et on peut se livrer à d’autres occupations. 

Seule Ophélie me semble encore angoissée, j’ai discuté un peu avec elle alors qu’elle regardait fixement l’océan. Elle me disait que toute cette étendue d’eau et le fait d’être si loin de tout la mettait mal à l’aise. 


C’est certain qu’il faut trouver sa place mais personnellement je pense que c’est une chance inouïe de vivre ça même si effectivement ce n’est pas simple. 

Nous sommes dans un autre univers dans lequel tous nos repères habituels sont absents. Même le temps prend une autre dimension. 

Je trouve qu’en navigation on prend plus facilement conscience que le temps n’existe pas en tant qu’entité physique. C’est une création humaine pour des commodités d’ordre sociales. Ici sur l’eau on ne regarde pas sa montre, seuls le jour et la nuit donnent le rythme.  

Nous avons un point de départ et un point d’arrivée la notion de temps n’entre en rien dans ces deux réalités. Que l’on mette dix jours ou douze n’a aucune importance sur la distance à parcourir 


La journée s’étire un peu semblable aux autres, les activités sont sensiblement les même. J’ai toujours un oeil sur le bateau. J’ai envie de mettre le genaker mais on a pas trop envie de manoeuvrer, on hésite et finalement on laisse comme c’est. On aurait pu courir un peu plus d’eau mais ça n’a pas beaucoup d’importance.

Je sens des tensions dans l’équipage. Florian a adopté un rythme curieux. Il se lève dans l’après-midi, pêche, ne prononce pas une parole pendant des heures. J’ai l’impression qu’il y a un problème entre eux mais j'espère que cela passera…


Vers 20H je mets le moteur tribord en route sans propulsion pour booster un peu les batteries. Le ciel est souvent un peu voilé et le rendement des panneaux est trop faible. 

L’hydro-générateur est de plus en plus perturbé par les sargasses, ces algues qui flottent en surface. A ce propos la situation devient dramatique. 

Toutes les Antilles et maintenant l’atlantique voient une prolifération massive de cette algue d’une teinte ocre claire. J’ai lu un article qui situe l’origine de cette prolifération au brésil, la destruction des forêts sur le bassin de l’Amazone et la culture intensive qui s’y est développé entraine une utilisation massive d’engrais à base de potasse qui favorise le développement de cette algue. Depuis le cap vert on voyait de petits amas flottants de ci de là mais au fur et à mesure de notre avancée des plaques de quelques M2 commencent à apparaitre et nous savons que ça s’amplifiera ! 








Nous avons déjà navigué aux Antilles sur des plaques qui faisaient plus d’un kilomètre. La photo d’un navigateur montre un champ d’algues à perte de vue.

Inutile de dire que la pêche à la traine devient très compliquée car à peine à l’eau le leurre accroche des touffes d’herbes.


Le soir nous dinons tous dehors autour de la table du cockpit, Anaïs a préparé du poulet avec des légumes au curry et de la semoule. Une sorte de couscous poulet asiatique en quelque sorte !


Dès le repas fini, on s’active à la vaisselle et une fois tout rangé chacun va dans sa cabine excepté la personne de quart, Marie en l’occurence qui prend celui de 20 à 22H.

Nous exigeons de l’équipage que tout soit rangé dans les placards, non pas que nous soyons maniaques mais nous avons déjà trop vécu de vaisselle qui vole, des tiroirs à couverts qui s’ouvrent et se vident de leur contenu en tombant au sol sous l’effet de vagues scélérates !

Il faut toujours envisager le pire pour être sereins !


La nuit je me relève plusieurs fois pendant les quarts des équipiers car j’avais détecté à la fin de mon quart une flotte de bateaux de pêche japonais avec des filets dérivants signalés par des balises AIS.


Ma crainte vu leur proximité était de nous prendre un filet. Je n’étais pas tranquille ne sachant si les équipiers, tout de même novices, seraient en capacité de mesurer le risque éventuel. Ma nuit ne fut pas sereine.



Jour 6 Dimanche 6 février 2023


Le matin au réveil vers 7H je sens une délicieuse odeur de pancakes, Marie a déjà cuisiné pour le petit dej ! Top, elle a fait aussi une dizaine de yaourts nature. On en mange tous les jours depuis le début, elle est devenue spécialiste et a déjà transmis sa recette et sa méthode à beaucoup de bateaux. A part de chauffer un peu le lait (végétal) au début, c’est le soleil qui fait le reste. Consommation d’énergie fossile quasi nulle.


Nous discutons de la flotte de bateaux de pêche japonaise ou peut-être chinoise que nous avons croisée et on se dit que le monde est fou. C’est tout une flotte qui vient pêcher avec des bateaux usines de plus de 60 mètres de long. J’ai pu les observer aux jumelles ce matin car nous étions seulement à 3 milles nautiques.  Ils sont impressionnants et il y avait un ou deux autres bateaux plus petits autour qui doivent je suppose aider à la manoeuvre. J’ai mesuré la distance entre trois bouées AIS qui je pense marquent la position des filets. 5 milles nautique soit près de 10 km de long ! Les balises des bouées affichent une vitesse de 0,5 à 0,7 noeud ce qui me laisse à penser qu’il s’agit de filets dérivants qui me semblent interdits ! Je vérifierai ce point.


Le petit déjeuner avalé nous hissons le genaker à deux. Tout se passe vite et bien. Nous gagnons tout de suite un peu de vitesse, je dirai 1 à 2 noeuds de plus. 

Je reçois les points météo de Michel notre routeur, le vent va rester modeste entre 10 et 13 noeuds avec un ou deux grains possibles. On restera vigilants. 


Je jette un oeil sur l’hydrogénérateur qui ne fourni pratiquement plus d’électricité, par un petit trou dans la niche qui le loge je peux voir qu’il y a une traine de sargasses qui s’est prise dans l’hélice. Je ne pourrai pas enlever cet amalgame et depuis ce matin les plaques se sont encore agrandies. On relève donc l’appareil qui restera en stand bye.







Ce matin il fait 25,2 degrés et l’humidité relative est de 75%. Le baromètre que je surveille fréquemment est toujours calé sur 1017 Hp. Le ciel est laiteux et malheureusement le soleil peine à alimenter nos panneaux solaires. Nous sommes contraints à mettre en route le moteur tribord pour charger les batteries au moins jusque 80% le soleil fera le reste. Deux heures de charge vont être nécessaires.


Michel nous dit dans son bulletin du jour que le pot au noir est juste au nord de l’archipel de San Pedro soit vers 2 degrés de latitude. Il est encore descendu de deux degrés par rapport à hier. C’est tant mieux pour nous. Nous naviguons toujours dans un cap situé entre 190 et 195 degrés, très sud donc. L’équateur se rapproche ! 


Patrick Zac mon ami se désespère autant que moi que l’iridium Go ne fonctionne pas. Il me propose d’appeler lundi le fournisseur. Je dois dire que je suis vraiment dépité devant ce dysfonctionnement total que je mets en relation avec le prix d’achat de l’appareil et de l’abonnement. Personnellement je reste persuadé qu’il s’agit d’un dysfonctionnement de l’appareil.


Heureusement, je crois l’avoir déjà écrit, que j’ai le GPS avec mon abonnement in reach, qui nous permet de communiquer un peu par sms ou mail et également de recevoir les bulletins météo de Michel. 


D’ailleurs en matière de communication nous recevons un message de Gautier qui nous dit que leur futur  bébé a donné ses premiers coups de pieds dans le ventre de Julie ! Marie est émue ! Sûr que nous descendrons chez eux en été lors de notre retour en France. 


Les journées filent toujours un peu de la même façon mais aujourd’hui est un jour un peu particulier puisque qu’à 18h00 nous avons parcouru la moitié de la distance séparant le Cap vert de San Fernando de Norona. Parcourus 675 Milles nautiques en 5 jours et 6 heures. 

Une joie s’empare de tout l’équipage. Nous sommes arrivés au col, on dit que la descente est toujours plus facile ! Nous verrons bien, les adages de la montagne ne sont pas ceux de la mer !






Nous allons traverser le pot au noir d’ici deux à trois jours et ne savons pas à quelle sauce nous serons mangés. Par ailleurs notre routeur nous fait éviter jusqu’à présent le pot au noir en  choisissant une route qui va passer à l’ouest de l’archipel de San Pedro nous obligeant sur la fin du parcours à remonter le courant équatorial qui nous poussera vers le nord-ouest au lieu du sud-ouest. Je ne connais pas la force de ce courant, je vais sortir les pilots charts dont j’ai un exemplaire qui précisent ce point. 

Donc nous ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Si nous pouvons mettre autant de temps pour cette deuxième partie cela nous mènerai à une arrivée le 11 février. C’est un contrat que nous signerions de suite si on nous le proposait. L’avenir nous en dira plus !


IL n’a pas fallu longtemps pour nous montrer que des obstacles peuvent se dresser rapidement devant nous. Vers 17h Florian qui est de quart me signale plusieurs échos de localisation sur l’AIS. Surprenant car nous n’avons croisé que 5 bateaux depuis notre départ et encore de loin, alors en croiser plusieurs ! Je vérifie il y a 7 localisations immatriculés YF suivi d’un numéro. Je mesure la distance entre chaque point : 3 milles nautiques, vitesse 0,5 à 1 noeud. Je pense qu’il s’agit d’un filet dérivant de 15 mille nautiques de long !! Nous savons qu’une flotte chinoise ou japonaise sévit dans le coin puisque nous avons déjà détecté des bateaux de pêche énormes de plus de 60 mètres de long ainsi que d’autres bouées autour. 


Le barrage est pile dans l’axe de notre route, nous sommes contraints de l’éviter en le contournant. Nous choisissons après réflexion le bord  le plus court c’est à dire vers bâbord. Cette histoire nous prendra tout de même trois heures de détour !   


Cela ne nous a pas empêché de diner d’un chili préparé par Ophélie et dévoré tous ensemble dans le cockpit. L’ambiance n’est pas géniale et Florian est presque toujours absent… ça me pèse !

Il fait toujours très bon dehors, même le soir la température est supérieure à 25 degrés. 

Vers 21H30 chacun regagne sa cabine et les quarts débutent. Je reste avec Marie puisque mon quart débute à 22H inutile de me coucher pour une demi heure.


La nuit se déroulera sans problème jusqu’au petit matin. 


Jour 7 Lundi 7 février 2023



Comme chaque jour je rejoins Marie pendant le premier quart de jour à 7H. Il fait jour et le ciel est chargé de nuages, c’est habituel maintenant. Le ciel se dégage vers 10H en général. 

Nous prenons notre petit dej. Anaïs ne tarde pas à nous rejoindre nous discutons avec elle qui nous conte son parcourt universitaire puis son changement d’orientation vers la musique. Elle fait partie d’une troupe de cirque qui circule dans toute la France et même l’Europe. Elle y joue de la musique, guitare, accordéon, et chante. On espère leur passage en Lorraine un de ces jours pour aller la voir en spectacle, si tant est que nous soyons sur Metz.

Nous parlons aussi de la traversée …


Vers 10H le ciel s’est effectivement dégagé et nous décidons avec Marie de dérouler le genaker. Nous respectons la procédure habituelle mais un incident se produit. 


Le genaker se déroule très bien sur tribord nous en réglons la tension mais soudain Marie s’aperçoit  que l’écoute bâbord qui ne sert pas et qui est donc lâche, est tombée à l’eau sans que l’on s’en rende compte ! ZUT !!! 

Je tente de la tirer de l’eau mais impossible, la tension est trop forte, ça coince quelque part ! 

Cette écoute qui est très longue est de part et d’autre de la coque tribord et va jusqu’à l’arrière du bateau. On décide de lâcher une extrémité en pensant que le cordage va se dérouler tout le long d’un bord et qu’il suffira de la remonter. Hélas le cordage s’est mis en verrou dans le haut du safran impossible de le débloquer. 

Une seule solution aller voir ce qui se passe en allant à l’eau !!. Plus facile à dire qu’à faire.

Nous affalons toute la toile mais même sans aucune voile nous avançons encore à 2 noeuds sans compter les vagues qui viennent frapper la coque ! 

Marie endosse un harnais non gonflable, j’y ai accroché une grande longe de gros diamètre qui nous sert d’amarre pour le bateau. Equipée de ses palmes, de son masque et tuba elle saute à l’arrière de la jupe du bateau. 

Sitôt à l’eau elle est trainée par le bateau au bout de sa longe je stresse car je suis très inquiet !

 

Elle arrive toutefois à se stabiliser et à palmer pour remonter le long de la coque à hauteur du safran, plonge quelques instants et remonte pour confirmer le blocage. Elle essaie vainement à plusieurs reprises de débloquer la corde. 

Je lui dit qu’on va la couper et qu’on la calera le long des coques. 

Ce blocage n’empêche pas le fonctionnement du safran et les deux extrémités mises en tension, l’écoute ou ce qu’il en reste sera plaquée contre la coque. 

Nous pourrons ainsi sans risque utiliser le moteur tribord qui est essentiel lorsque nous avons besoin de recharger les batteries avec l’alternateur. 

Si le cordage n’était pas plaqué contre la coque le risque serait grand qu’il vienne s’enrouler autour de l’hélice, bloquant le moteur et risquant d’endommager le joint de saildrive ce qui serait un drame ! 


Nous procédons à cette disposition mais Marie est obligée de sortir 15 minutes car elle est épuisée de toute la première intervention. Elle boit mange un peu et y retourne ! Je me propose d’y aller mais elle ne veut pas car s’il y avait un problème elle tient à ce que je reste pour manoeuvrer le bateau.

La deuxième intervention est plus courte mais toujours épuisante pour elle. Heureusement que Marie est réellement une nageuse hors pair et sportive ! 

L’essentiel désormais c’est que tout soit sécurisé sans accident et je déroule le génois pour reprendre notre route. Cet épisode nous a immobilisé une heure trente, Marie ayant passé presque une heure à l’eau au total ! 


A midi on réchauffe le reste de chili de hier soir et chacun mange à sa guise mais nous n’avons plus de repas collectifs les midi depuis déjà trois jours !

 

Après le repas, reste sur le pont la personne de quart, sinon les uns et les autres vont faire une sieste car il faut le dire les nuits sont loin d’être très reposantes. 

Un bateau qui navigue est très bruyant je l’ai déjà écrit et certaines nuits on est réveillé fréquemment, se reposer en journée est essentiel. 



Florian essaie encore de pêcher malgré les deux moulinets qui ont rendu l’âme et surtout malgré les plaques de sargasses qui vont grandissantes chaque jour. Par moment des plaques de plusieurs dizaine de M2 flottent en surface ! 

Ce n’est pas sur cette traversée que nous allons nous gaver de poisson !! Tous les navigateurs rapportent que depuis quelques années l’invasion de sargasses ne permet plus d’approvisionner la cambuse en poisson frais ! Quel dommage ! Et à priori on est pas prêts d’en voir la fin vu l’aggravation de la situation. 


Le soir le ciel se couvre de quelques nuages sombres, il faudra veiller aux grains pour ne pas se faire surprendre par un coup de vent violent.


D’ailleurs dans la nuit vers 4H Florian est de quart, réveillé par je ne sais quel bruit je me lève pour faire un point avec lui. Je sors sur le pont, la nuit est très éclairée par la pleine lune. Tout l’océan brille. Pas de plancton bioluminescent à l’arrière de Graoully, Est-ce dû à la lune ? 

De gros nuages sombres sont visibles plus à l’ouest. Je dis à Florian de me réveiller si le vent monte au-dessus de 20 noeuds. 


 Finalement la nuit se passe sans problème mais a été inconfortable à cause d’une houle assez forte, arrière mais légèrement travers tout de même faisant rouler Graoully d’un bord sur l’autre.



Jour 8 Mardi 7 Février 


Jour un peu particulier puisque ce midi cela fera 7 jours que nous quittions Mindelo. Par ailleurs en début d’après midi nous devrions franchir symboliquement la barre des deux tiers du parcours. 

La fatigue se fait sentir chez tout le monde, les nuits sont hachées avec en conséquence un sommeil peu réparateur. L’ambiance devient désagréable et je ne comprends pas toujours les réactions des uns et des autres. Je sens une tension entre les membres de l’équipage. Je mets ça sur le compte de la fatigue…


On commence à se prendre au jeu dangereux de penser l’arrivée. Le 10 ou le 11 février ? 

J’essaie de ne pas m’inscrire dans cette spéculation il reste l’épreuve du pot au noir et on ne sait pas ce qu’il nous réservera. 

Je n’ai pas non plus envie d’accélérer le bateau en augmentant la voilure. On navigue avec le génois seul, malgré tout nous avançons à une vitesse proche de 6 noeuds. Bien sûr nous pourrions sortir la grand voile et gagner probablement un noeud de vitesse mais avec la houle de 3 mètres que nous avons la bôme va être balancée de bâbord à tribord en permanence. Ça provoque des efforts importants sur le vit de mulet et sur le chariot de grand voile sans parler du risque potentiel de casser la bôme en cas d’empannage intempestif puisque nous naviguons entre 160 et 170 degrés du vent !

Qui veut aller loin ménage sa monture dit-on alors je crois faire preuve de sagesse en refusant de tirer sur tout le bateau pour gagner une journée de trajet.


Sans spéculer sur une date d’arrivée on commence à faire des projets pour le Brésil en parcourant le guide touristique que nous avons. Dans un premier temps nous envisageons de passer deux semaines à la marina pour nous occuper du bateau, récupérer, découvrir le coin. 

Ensuite nous prendrons certainement deux semaines de location dans un gite ou un hôtel en tout bord de mer. Farniente au programme, baignade et dégustations culinaires locales. Nous avons repéré quelques adresses de rêve !  Ce sera ensuite quelques destinations plus éloignées qui restent encore à déterminer.


J’aime le matin à 8h quand nous déjeunons Marie et moi seuls dans le cockpit, C’est entre 8 et 9 que le ciel se déchire et que le soleil commence à apparaitre. La lumière devient intense l’océan change de couleur et passe du gris métallique au bleu profond. Une grosse houle longue nous pousse dans des surfs de dingues ! A l’instant ou j’écris ces lignes nous sommes catapultés par une vague plus grosse que les autres. Je file au compteur, la vitesse maxi de 12,1 noeuds qui était enregistrée depuis le premier jour est passée à 13,5 noeuds ! Ça pulse ! 

Personnellement j’aime la grosse houle lorsqu’elle est longue. Hier nous avions une période de 5 secondes entre chaque vague ce matin elle est passée à 8 secondes. C’est plus confortable et cela permet de beaux surfs qui font augmenter la moyenne sans solliciter le bateau. Marie est moins fan.


Les jours finissent par se ressembler et parfois je gamberge un peu. Je regarde très longuement un fou qui chasse autour du bateau, ces oiseaux sont d’une grâce incroyable. Il plane très souvent juste derrière la voile dont il profite des flux laminaires qui glissent sur l’extrados. 

Il peut rester dix, quinze minutes immobile comme suspendu sans un battement d’aile ! Je suis fasciné !

Les contacts entre les membres d’équipages s’étiolent de plus en plus. Chacun s’enferme un peu dans sa bulle. L’approche du pot au noir n’y est peut-être pas pour rien. Nos jeunes équipiers n’ont pas d’expérience et entre bateaux stoppeurs quand ils se rencontrent dans les bars, ils se racontent leurs pires expériences ! C’est ainsi que naissent les légendes. 


La fin d’après-midi vient alimenter un peu cette crainte car nous prenons un grain dans lequel le vent monte en quelques secondes de 15 noeuds à 35 ! On enroule vite le génois sous une pluie diluvienne mais chaude ! 






La nuit tombe et je décide de naviguer avec le radar en fonctionnement pour pouvoir détecter les grains et que les équipiers  puissent nous prévenir la nuit par




 avance. Je leur fais une petite formation à son utilisation. 


Rapidement le vent tombe et nous sommes contraints de naviguer au moteur. Nous calons le moteur tribord sur 1500 tours et avançons à 5-6 noeuds. Celui-ci ne s’arrêtera pas de la nuit ! Plus de grains jusqu’au matin.



Jour 9 Mercredi 8 février 2023


Ce matin le moteur ronronne toujours et je rejoins Marie sous une ciel gris. Un grain sombre se découpe vers l’horizon à l’est. 

Nous prenons notre petit déjeuner dehors il fait toujours chaud et humide (28 degrés et 80% d’humidité relative mesurés ce matin). 

Nous avons dispensé de quart du matin les équipiers pour qu’ils récupèrent bien de leur nuit. On va maintenir ce principe jusqu’à l’arrivée que l’on peut raisonnablement estimer à samedi.  Ça ne favorise pas la cohésion puisqu’on ne se croise plus beaucoup ! 


A peine le petit déjeuner terminé que nous prenons un nouveau grain avec une bonne pluie mais sans vent. Je redoute toutefois l’arrivée de rafales, fréquentes dans les grains, et décide d’aller enrouler au moins partiellement le génois. Je me mets nu pour y aller, ça rafraichi et c’est plus rapide que d’aller enfiler une tenue de pluie. J’ai l’impression d’être sous la douche ! 

Ça me rappelle un grain mémorable en arrivant aux Saintes il y a 5 ans, un grain pendant lequel nous nous étions avec les copains, savonnés et rincés sous une énorme pluie chaude ! 


Le vent est NNE mais instable en direction et en force. On ne dépasse pas les 8 noeuds de vent réel sous rafales. Le moteur va rester en activité quelques heures encore ! On en profite pour mettre en route le dessalinisateur et faire de l’eau douce.  On savait que dans la traversée du pot au noir nous serions contraints d’utiliser le moteur un jour ou deux. Nous y sommes ! Il faut l’accepter !

Nous avons la chance d’avoir deux moteurs puissants, nous pouvons avancer à 5-6 noeuds avec un seul moteur en fonctionnement. Ce n’est pas le cas de beaucoup de bateaux.


Je me mets comme tous les matins à l’écriture du blog et Marie essaie de peindre son carnet de voyage mais la houle nous chahute un peu. 

J’attends comme tous les matins les fichiers météo de notre routeur à terre, Michel, mais à 10h je n’ai encore rien reçu. Il m’a habitué à un envoi chaque jour vers 7h30-8h… si à midi je n’ai rien je lui enverrai un message.


La journée s’écoule un peu semblable aux autres ! 


J’observe beaucoup l’océan. Je vois deux petits oiseaux très rapides qui volent juste à ras des flots. Ils sont noirs et me rappellent les vols d’hirondelles. Nous sommes à 50 Mn de l’archipel de San Pedro. Viennent-ils de là ?! Mystère. Le fou lui aussi ré-apparait régulièrement et chasse autour de graoully. Il faut dire que nous faisons fuir beaucoup de poissons volants devant nous.





Dans l’après-midi Michael nous alerte car il y a une troupe de dauphins autour de nous. Quel plaisir de les voir sauter et nager le long des coques. On ne se lasse pas de ce spectacle.


Flo nous cuisine un couscous revisité avec ce qui reste de légumes. Heureusement que notre parcours s’achèvera dans deux jours ! J’exagère nous avons une grosse réserve de conserves c’est uniquement le frais qui commence à manquer et encore en légumes. Il reste encore des fruits. Vraiment pas de quoi s’inquiéter.


Nous sommes toujours au moteur et les prévisions de Michel, que j’ai finalement reçues en fin de matinée, ne nous laissent pas l’espoir d’une brise pour naviguer à la voile avant au moins 24H !



Vers 21H comme un rituel bien établi chacun regagne sa cabine excepté Marie qui prend  le 1er quart de 20H à 22H. 

La nuit restera calme ponctuée de quelques grains sans vent mais très arrosés.



Jour 10 Jeudi 9 février 2023



Ce matin quelqu’un vient me tirer par les pieds je suis en plein rêve et les images sont confuses dans mon esprit. 

C’est Marie qui me sort de mon sommeil car nous sommes à quelques minutes de passer l’équateur ! Compte à rebours ça y est nous franchissons le cap géographique et pas moins symbolique de cette ligne de partage entre les deux hémisphère. C’est une première pour nous deux. 

Je vais chercher une bouteille de mirabelle et nous sacrifiions une gorgée à Poseïdon en le remerciant pour cette traversée sur son royaume et en lui demandant la permission de continuer notre route sans encombres… et en nous fournissant un peu de vent si possible. Un petit peu de vent alizés de sud-est nous irait bien ! 

Nous sommes émus avec Marie de franchir cette ligne. Ce n’est pas rien tout de même. La mirabelle à 6h40 du matin c’est difficile à avaler ! On sait pas pour Poséïdon…

Nous sommes bien déçus que nos équipiers n’aient pas eu envie de se lever et de partager cette cérémonie que tous les marins sans exception font… mais ce ne sont pas des marins, nous ne partageons pas la même histoire et nos motivations n'ont rien en commun ! 


Je reçois le bulletin météo de Michel, il nous annonce des alizés de sud est !!! Nos voeux vont-ils être exaucés !


 Vers 11H nous levons la grand voile et maintenons en place un ris tout de même car la journée devrait être riche en grains, toujours d’après Michel. 


C’est bon de couper le moteur qui tournait depuis pile 36 heures !

Il fait chaud, plus de 30 degrés et 85% d’humidité relative à l’hygromètre ! Pas de doute nous sommes en climat équatorial !


J’ai des nouvelles de Quentin qui est bien arrivé à Dakar hier soir Il va y rester une semaine et doit aller dans un parc ce week-end.  Son boulot le conduit de plus en plus souvent à l’étranger. 


Nous allons un peu moins vite à la voile qu’au moteur car le vent reste faible 8 à 12 noeuds et non régulier pour le moment. Notre ETA (Estimated Time of arrived = estimation de l’heure d’arrivée) est évaluée par le logiciel à samedi 11 à la mi-journée. Il nous reste à parcourir à 11h30, 220 milles nautiques.


Nous venons d’avoir des nouvelles d’un bateau copain (Imagine) parti le 14 janvier de Fogo qui vient seulement d’arriver hier au Brésil. Ils ont mis près d’un mois !! On se demande ce qui s’est passé ?! Pour ce qui nous concerne nous sommes bien contents d’avoir pris un routeur à terre car notre parcours a été irréprochable ! On fera de la pub pour Michel.


Fin de journée Marie et moi cuisinons le repas du soir, poulet et risotto de champignons. 

On s’installe à table avec la proximité d’un gros grain ! Les éclairs illuminent le ciel noir. La lune ne se lèvera que plus tard et l’ambiance est particulière. Un autre orage strie le ciel de ses éclairs juste en face de nous. Je mets le radar en marche, celui sur notre bâbord se rapproche vite de nous. Je décide de changer de cap et de foncer vers lui. Sur le radar j’estime sa taille à 8-10 km de long mais la masse d’eau semble moins dense au nord. Je le verrouille en cible et voit sa vitesse d’avancée à 15 à 20 noeuds. En 10 minutes nous entrons dans le front et une pluie diluvienne s’abat sur Graoully, dès que nous sommes sur son bord opposé je reprends notre cap au sud pour longer l’orage mais comme il va vite et se déplace vers l’ouest il s’éloigne de nous. 



Celui en face se déplace lui aussi vers l’ouest et rapidement. Je baisse la vitesse pour le laisser s’éloigner et ça fonctionne bien. Le reste de la nuit sera sans grain mais le vent est désormais de face ainsi que la mer avec des vagues de 3 mètres avec une période courte. Nous sommes vraiment malmenés, projetés de droite et de gauche et c’est difficile voir impossible de dormir.



Jour 11 Vendredi 11 février 2023


On a l’impression d’être dans une machine à laver sur position essorage c’est dur voir violent d’être secoués comme ça !! J’ai rejoins Marie qui m’a appelé car le pilote auto lançait des alertes de limite de barre. Il y a trop de contraintes, entre les vagues et le vent qui poussent vers le nord-ouest et le moteur bâbord qui pousse dans le même sens ! Je mets le deuxième moteur en route et cale le régime des deux moteurs à 1500 tours par minute. Aussitôt l’indicateur de la barre se place au milieu précisant que les safrans sont dans l’alignement du bateau. 


Je prépare le petit dej. Marie n’a pas dormi trois heures dans la nuit. Elle a passé la plus grande partie à lire. Personnellement j’ai dormi un peu comme d’habitude même si j’ai été réveillé plus souvent. 


Je reçois les bulletin météo de Michel pour les deux prochains jours. Hélas notre traversée va se terminer avec cette mer hachée et nous allons en « savourer » l’amertume durant les 24 dernières heures. C’est dommage nous avons été vagues arrière pendant 10 jours et le dernier ce sera de face !  Faisons contre mauvaise fortune bon coeur il ne reste qu’une journée ! 


Je n’en parle pas aux autres mais j’espère que le mouillage de San Fernando est protégé un minimum des vagues et de la houle ! Sinon ce sera deux jours de mer en plus pour atteindre directement le continent ! Ce serait une déception… mais nous ne sommes pas maîtres des éléments et visiblement notre rasade de gnôle offerte à Posséïdon n’a pas été considérée comme suffisante aux yeux de sa majesté et nous en payons le prix ! 


Les équipiers arrivent dans le désordre dans le cockpit avec des mines de déterrés ! Pour eux aussi la nuit fut visiblement compliquée. Anaïs a sa cystite qui récidive, elle me demande des antibiotiques que je sors de notre trousse de secours. Sont-ils adaptés ? Sans analyse c’est compliqué de le savoir. Nous en avons 5 sortes différentes, on choisit l’amoxicilline qui de mémoire nous parle le plus ! 


A midi chacun mange comme il peut. Moi je mange une petite boite de pâté de porc tirée d’un lot de dégustation que Quentin et Mathilde m’ont offert avec une bouteille de Savigny les Beaune que je garde par contre pour plus tard.


Pratiquement tout le monde dort autour de moi. Je tape le blog sur mon ordi. Je tirerai bien quelques conclusions déjà de cette traversée mais les mouvements répétés du bateau me fatiguent et mes idées sont loin d’être claires ! Ce sera pour dans quelques jours d’autant que cette traversée n’est pas achevée et peut encore réserver des surprises !


Tout le monde est éteint il est temps que cette traversée se termine ! Heureusement que nous ne sommes pas allés direct aux Antilles nous aurions encore une semaine de navigation ! 

Aller haut les coeurs dernière nuit. Les quarts s’organisent comme à l’accoutumée, Babaz et Anaïs dorment dehors. 


La nuit s’écoule conforme à la journée précédente c’est à dire secoués. A deux moteurs notre jauge de gasoil descend bien vite. 



Jour 12 Samedi 12 Février 2023


A midi cela fera 11 jours que nous sommes partis de Mindelo et ce matin lorsque je rejoins Marie, l’aube naissante nous dévoile l’île de San Fernando de Norona dans toute sa splendeur. On distingue nettement le pain de sucre qui se découpe dans le ciel mais a 10 Mn des côtes les couleurs sont encore toutes dans le spectre des bleus.






Nous sommes émus, ça y est nous avons presque réalisé notre transatlantique ! Nous l’avons fait !


Nous sommes particulièrement déçus de l’absence des équipiers dans leur ensemble pour cette arrivée. Nous ne partageons pas la même histoire. Graoully est pour eux un moyen de transport, la mer ne les intéresse pas. Tant pis nous apprécions cette arrivée entre nous ! 


Nous jetons l’ancre vers 9h00 heure locale. Nous avons désormais 3 heures de décalage par rapport à la France. Nous sommes 4 bateaux au mouillage dans la baie de Saint Antoine. 3 Français et un américain.  Notre bateau voisin, un couple de Français, viennent d’Afrique du sud par Saint Hélène. Un autre, Mathieu et Inès, que nous avons rencontré à Mindelo, ont mis 13 jours pour traverser dans des conditions difficiles. Beaucoup de grains violents parfois plus de 24 heures durant sans interruption, avec des éclairs partout autour d’eux ! Quel bonne idée j’ai eu de faire appel à un routeur météorologue pour notre traversée. En nous faisant contourner le pot au noir par l’ouest nous avons éviter ces désagréments !

Le troisième bateau Américain nous reste inconnu.






Difficile de faire une synthèse mais ce qui m’a le plus marqué c’est notre changement d’appréciation du temps. Habituellement nous nous référons sans cesse à l’heure que nous indiquent nos montres, téléphones… par contre en mer l’heure n’a aucune signification. 

Le rythme est très simple et très naturel, c’est le jour et la nuit et rien d’autre.


Un autre interrogation concerne les équipiers. Certes, le fait qu’ils fassent les quarts entre minuit et 6 heures nous a facilité la traversée mais la contre partie n’est pas toujours aisée. Etre en promiscuité avec des gens qu’on ne connait pas s’avère parfois une épreuve !  

Il est certain que lorsqu’on se présente on a tendance à se montrer sous son plus beau jour et c’est bien ce qui s’est passé pour nos équipiers. 

On avait pensé avoir embraqué une bande de musiciens qui allait égayer la traversée de notes de musiques et de chants. Rien de tout ça. Un coté plutôt autiste pour l’un d’entre eux, qui se lève à 14H déjeune à 16h et dîne la nuit pendant son quart… en bref quelqu’un en marge des autres. Deux soeurs qui passent la journée collées l’une à l’autre à bavarder sans interruption et le dernier finalement le plus communiquant et le plus musicien. 

Et surtout aussi des tensions entre eux dont nous faisons les frais. je suis étonné de constater que l’un d’entre eux peut passer plus de 4h à coté de sa compagne et de ses amis sans leur adresser la parole une seule fois. Signe évident d’un malaise !


Marie s’énerve à devoir demander que soit faite la vaisselle, qu’elle soit rangée au fur et à mesure car en navigation tout peut voler très vite, de rappeler à économiser l’eau, l’électricité. A bord la sobriété est de mise dans tous les domaines et ce point a visiblement du mal à passer des oreilles au cerveau !

Aucun engagement collectif, pas une fois la gazinière n’a été nettoyée, pas une fois le carré, pas une fois le cockpit pourtant plein de miettes, de cheveux, de cendres….


Sans polémiquer, ce qui n’est pas le fond de ce blog, nous ne garderons pas un bon souvenir de cette traversée avec des équipiers. Nous n’en prendrons probablement plus ou peut-être sous certaines conditions pour le pacifique si tant est que nous nous lancions dans sa traversée !

 

De toute façon en grande traversée le nombre de bateaux croisés est vraiment minime et avec notre AIS en mode alarme, nous aurions parfaitement pu dormir la nuit dans le carré à proximité des instruments de bord. En conséquence de quoi prendre des équipiers nous apparait plus comme une contrainte qu’un plus. 

Nos motivations ne sont pas les même ! Après 11 jours de mer il me semble qu’en arrivant le dernier matin à destination on a envie de vivre l’arrivée, de la partager avec toute l’équipe, c’est un moment fort. 

Mais là ! rien !! trois qui dorment ! 

Si pour nous c’est l’accomplissement d’un projet préparé depuis 10 ans, nous nous sommes rendus compte que pour eux c’est un ticket qu’ils ont acheté 20 euros par jour, nourris-logés transportés !  

C’est une grosse déception, et leur désintérêt atténue notre enthousiasme personnel ! 

Je leur en veux pour ça, principalement pour ce désintérêt. Ils se veulent en marge de la société, ils veulent être différents de tous ces « cons » qui bossent mais finalement leur comportement se résume à une banale transaction commerciale ! Je ne ferai pas plus de commentaires ça n’en vaut pas la peine.


Les 4 équipiers sont prêts à 11H pétantes pour aller à terre jamais ils n’ont été si matinaux depuis notre départ de Mindelo ! Nous leur demandons avant d’aller à terre de laver les passavants plein de cendres de cigarettes, et de rincer le cockpit qui ressemble à une étable. Il faut également remettre en place le moteur sur le dinghy. Je crois bien qu’ils boudent comme des enfants qui trépignent d’impatience avant d’aller à la fête foraine. Ils m’agacent et me gâchent le plaisir d’atterrir !!


Nous ne savons pas trop où accoster avec l’annexe, les deux pontons flottants semblent investis par les day-boats (bateaux promenades de touristes à la journée), finalement nous optons pour la plage et remontons le dinghy assez haut vers la jetée pour ne pas gêner les baigneurs.


Nous nous dirigeons ensuite vers le bureau de police et de l’immigration.




Le bureau est fermé mais nous croisons dans la rue deux policiers qui nous accueillent très courtoisement en nous serrant la main comme des potes ! Inimaginable en France ! 

Nous faisons une partie des formalités de police puis ils nous donnent rdv à 14h avec l’officier de l’immigration. Nous buvons un coup au petit bar situé en face. Les équipiers décident de rester manger sur place, marie et moi décidons de rentrer au bateau trop contents de nous retrouver un peu seuls et de pouvoir nous baigner.


A peine à l’eau pour la baignade derrière Graoully un dinghy nous approche, c’est Inès et Mathieu qui viennent nous saluer et nous raconter leur traversée un peu épique et nous prodiguer quelques tuyaux pour visiter l’île.

Nous devrions les retrouver à Jacaré sur le continent sud américain puisque nous avons la même destination. 


A 14H nous rencontrons l’officier de l’imigration, très cool, très accueillant et en 5 minutes nos passeports sont tamponnés avec un visa touristique de 90 jours. Nous pouvons donc rester trois mois puis nous devrons quitter le pays au moins trois mois pour pouvoir revenir une deuxième fois pour trois mois.

Ceci change un peu la donne de notre programme car nous avions prévu de revenir en France mi juin mais finalement ce sera avant le 11 mai !

Comme toujours on s’adaptera, pas de souci.

Un officier de police profite que nous soyons là pour me faire remplir un nouveau formulaire concernant le bateau avec une égale courtoisie. Ils nous précisent que nager avec les dauphins et les tortues est strictement interdit et passible d’une amende puis nous saluent en nous serrant la main et en nous lançant un « soyez les bienvenus » en Français et avec de grands sourires !  La preuve que l’on peut faire son travail de police ou d’immigration en restant courtois.


Nous allons à pieds jusqu’à une petite bourgade où nous retirons de l’argent Brésilien, le taux de change est sensiblement de 5. Il faut 5 réals pour un euro. 



La vie sur l’île est très chère. Entièrement axée sur l’écotourisme les dispositions de protections ont un coût qui est payé par les touristes qui sont limités sur l’île à 500 personnes par jour.

Par contre l’île est superbe, pas un plastique sur l’ile. Le plastique y est d’ailleurs strictement interdit. 

En faisant des courses Marie a sortie du sac à dos un sac en plastique que nous réutilisons chaque fois. La caissière lui fait des gros yeux en précisant que c’est interdit et que nous risquons donc une amende sévère si un garde du parc nous voit avec ce sac à la main !

Ça ne rigole pas ! 


Nous trouvons sur les conseils d’un bateau copain un supermercado de fruits et légumes où nous pouvons un peu ravitailler. 

Au retour nous nous arrêtons dans un magnifique bar cerné de cocotiers avec une vue grandiose sur la baie. 

Marie prend un jus de fruit moi une Pina escolada. Nous commandons quelques bruschettas version Brésilienne en accompagnement. Très bon mais cher. 

Visiblement c’est bar branché et les prix vont avec le standing du lieu. On ne boude pas notre plaisir pour autant. On ne viendra ici qu’une fois dans notre vie.






Nous rentrons au bateau, Marie cuisine un Dahl et à 19h je retourne chercher les équipiers au ponton. Nous dinons tous ensemble et pour la première fois nous avons une discussion animée et sympa ! Dommage que cela n’ait pu être le cas pendant la traversée.


Nous faisons le point pour les deux jours qui viennent. Marie et moi partirons le matin à 10h pour la journée et les équipiers soit partiront avec nous où pas mais s’ils restent à bord seront bloqués pour la journée.

Nous prévoyons de partir pour Jacaré mardi matin à l’aube.


Nous allons nous coucher, je m’endors comme une masse après cette journée très riche et très longue ! Je ne me souviens d’ailleurs même pas m’être couché ! Ce n’est pas peu dire !



Dimanche 13 Février.


La journée était programmée pour nous depuis la veille, ballade le long des plages du nord, prendre notre temps, trouver un petit resto et lire à l’ombre sur une plage choisie.

Florient et Ophélie ont un programme similaire. 

Anaïs et Michael nous annoncent qu’ils restent à bord. Anaïs est parait-il fatiguée et a des trucs à faire …. Je n’aime pas trop laisser quelqu’un à bord sans que nous y soyons nous-même ! Mais je me laisse faire…! 


Une fois à terre Marie et moi allons prendre le bus collectif qui fait le tour de l’ile toutes les demi-heures. C’est pratique et pas cher. 5 Réals par personne (1 euro) quelque soit la distance. Si on descend et que l’on remonte plus tard on paie de nouveau. Ce bus est gratuit pour les locaux donc plutôt bondé.

Nous descendons un peu avant le pain de sucre dans une toute petite bourgade plutôt fournie en bars. Nous prenons une petite route pavée qui descend vers le centre historique qui se résume à une ancienne église et une ancienne maison coloniale. Deux canons de la dernière guerre mondiale complètent le décor. 

Nous entrons dans l’église en très mauvais état et à l’intérieur très austère.

Nous continuons le chemin qui conduit sur le littoral. Nous enjambons un petit muret et descendons sur une plage faite de roches, de galets et de sable jaune oranger, bordée de  cocotiers qui confère à l’ensemble beaucoup de charme. 




Sous un arbre un homme assis a coté d’un congélateur qui lui sert de glacière nous vend justement une noix de coco, ouverte à la machette. 

L’eau de coco est très fraiche et nous la buvons avec une paille en carton. Le plastique étant interdit sur l’île. Vraiment on se régale !


Nous poursuivons notre chemin vers la plage suivante, pour l’atteindre nous empruntons un sentier caillouteux sous les frondaisons. Il fait frais sous l’épaisse couche végétale d’un arbre aux milles racines qui pendent de toutes les branches. Des lézards noirs tachetés de blanc viennent très près de nous, ils semblent très curieux de notre présence. J’ai posé mon sac à terre et ils s’en approchent à le toucher. J’approche ma main mais ils ne sont même pas effarouchés.

On s’amuse avec eux quelques instants. 







Nous sortons de ce petit bout de forêt pour découvrir Praia Maio. Superbe plage avec une eau turquoise. Nous posons nos affaires et allons nous glisser dans une eau très chaude, les vagues nous massent le corps, c’est très bon. Marie me montre un petit requin d’une cinquantaine de centimètres qui chasse dans les rouleaux. 






Je vais m’allonger dans 20 cm d’eau et laisse les vagues me bercer tranquillement. Si l’instant est vraiment agréable nous ne tardons pas à nous éloigner car le soleil est cuisant et nous sentons sa morsure sur les épaules. Nous approchons d’un petit bar restau situé à l’extrémité de la plage sur une hauteur.

Le cadre est sympa, nous prenons une table pour boire un verre et manger. Depuis la terrasse où nous sommes nous apercevons la plage suivante qui fait bien deux kilomètres et d’une beauté époustouflante avec le pain de sucre qui la surplombe !


Pas de commentaire sur le repas, médiocre et de plus cher ! Nous savions que San Fernando était une étape couteuse, entre les droits d’accès à l’île et les couts des repas et boissons élevés ! Nous sommes tout de même aux anges surtout après ces 11 jours de navigation !






Après le repas nous allons donc marcher sur cette belle plage ! Un jeune loue des parasols avec des chaises de jardins. Idéal pour passer quelques heures à lire. Nous nous installons confortablement avec une bouteille d’eau minérale. Ces deux heures passées à lire tranquillement dans ce cadre nous font le plus grand bien ! Toutes les demi-heures environ nous allons sauter dans les rouleaux.  Je regarde aussi les surfeurs dompter les vagues, et suis admiratif de l’adresse de deux équipes de volley -foot  qui jouent pendant plusieurs heures sans faiblir malgré le soleil qui cogne !


L’après-midi touche à sa fin et il nous faut faire le chemin inverse, nous avons rendez-vous avec Florient et Ophélie à 19h au port pour retourner ensuite au bateau.

Nous commettons une erreur de compréhension dans le sens de rotation du bus ce qui nous fait faire un parcours complet avant de nous retrouver au Port de Saint Antoine. 50 minutes au lieu de 15. Finalement nous ne regrettons pas car nous avons pu ainsi avoir un aperçu de San Fernando dans son ensemble.

Nous arrivons au port encore 30 minutes avant le rdv, nous hésitons sur le fait d’attendre ou pas… Marie me dit que de toute façon ils ne seront pas à l’heure. Nous retournons au bateau ou nous retrouvons Michael et Anaïs. ET c’est là que tout bascule... !


Michael est en train de répéter un morceau à la guitare qu’il accompagne d’un chant. Pendant une demi heure il répète les deux même vers, ce qui devient une rengaine de plus en plus pénible. Je suis fatigué, de plus j’ai une infection à la jambe gauche qui t’inquiète. 

Ma jambe est enflée, rouge, chaude. J’ai contacté un ami médecin navigateur (Vincent Délire de Médidistance, qu'il soit ici une fois encore remercié) qui me conseille de prendre des antibiotiques… bref je suis très agacé et explique à Michael que sa répétition me fatigue et devient pénible, que ce serait sympa s’il pouvait arrêter ou passer à autre chose. 

Je n’ai pas le sentiment à cet instant d’avoir été agressif mais il le prend mal m’explique qu’ils sont musiciens et que c’est leur job etc… Je lui répond que je conçois parfaitement la chose mais qu’ils ont été à bord seuls toute la journée et qu’ils avaient donc tout leur temps pour travailler sur ce genre de répétitions mais que désormais nous sommes plusieurs à bord et qu’il pourrait peut-être arrêter. 

Il continue de jouer autre chose, la pression monte en moi dangereusement, et je l’entends rire sous cape avec Anaïs. Je comprend qu’il se fiche de moi. 

Sur ceux les autres sont arrivés à quai avec 30 minutes de retard, ils ont eu me disent-ils un problème avec le bus. Je leur répond que nous avons pris le même circuit et qu’il suffisait de partir à temps et pas à la dernière minute ! 


Arrivés au bateau, je sors l’annexe de l’eau et vais directement dans notre cabine. Ma tolérance a atteint ses limites je n’en peux plus et afin d’éviter une explosion je préfère m’éclipser! Je sens qu’une page s’est tournée et que demain sera un jour difficile dans notre relation.


Lundi 14 Février.


Je vais passer sur les détails mais une suite de propos et la tension palpable fait que nous nous retrouvons tous autour de la table pour « laver notre linge sale en équipe » !


Je fais un topo de la situation, reprend la genèse de notre relation et la façon dont s’est déroulée la traversée. La descente progressive aux enfers et ce point que nous venons d’atteindre qui est pour nous un point de non retour.


C’est Florian pour le groupe des équipiers qui accapare la parole, avec beaucoup de suffisance et nous rend responsable de tout.

Il nous parle de problèmes liés à notre manque de communication, nos maladresses... En fait il nous met tout à charge, aucune auto-critique... lui qui a passé la majeure partie de son temps cloitré dans sa cabine nous donne des leçons ! ... 

Cela m’aurait fait rire si l’heure n’était pas si grave ! 


Il prétend au nom du groupe des équipiers qu’ils ne sont pas des enfants et n’ont pas apprécié de se faire reprendre concernant l’eau et l’électricité, la vaisselle...


Les deux filles ont muettes ou presque, Michael très peu clair.


Je coupe la conversation pour dire qu’il est inutile de faire pendant des heures un inventaire stérile de ce qui s’est passé puisqu’ils nous déclarent de toute façon responsables ! Leur comportement associal ne serait que la conséquence de notre communication inadaptée ! 


Je leur dit qu’il semble évident que nous ne pouvons finir ce voyage ensemble et qu’ils envisagent de prendre des dispositions pour trouver un autre moyen de transport pour rejoindre le continent. 

Ils sont parfaitement d’accord et ne souhaitent pas continuer à notre bord jusque Jacaré, la décision est donc collégiale et nullement unilatérale comme ils le prétendront quelques heures plus tard.


Nous laissons tout le monde sur le quai et nous sommes sensés avoir de leurs nouvelles dans la journée.


Nous passons Marie-Claire et moi une une mauvaise journée sur les deux dernières plages du nord de l’île que nous n’avions pas encore vues car cette histoire nous ronge, nous culpabilise et nous avons le sentiment d’un vrai gâchis. 

Nous avions préparé cette traversée depuis 10 ans et nous nous sentons volés ! 


Nous avons été sous tension dès le troisième jour et ce jusque’à la fin, ce mal-être permanent  nous enlevant cette part de joie que nous espérions vivre ! 

Finalement en réfléchissant bien nous avons surtout fait les frais de dissensions entre eux et il est facile au bout du compte d'occulter ce problème et de nous rendre responsables de tous leurs maux !


A postériori nous regrettons d’avoir pris des équipiers c’est certain mais notre première et principale erreur est surtout d’en avoir pris 4 qui plus est des gens qui se connaissaient. 

Cela a créé un déséquilibre. Il y avait nous deux et eux quatre en face ! Un erreur que nous avons payée cache !


Nous avons découvert des gens individualistes et égoïstes sans aucun savoir vivre alors que rien ne le laissait présager au départ ! 

Ils n'ont pas intégré le fait qu'ils étaient accueillis sur notre bateau et non en colocation comme ils nous ont affirmer l'être nous retirant ainsi la propriété du lieu !  


Sur cette dernière journée passée sur San Fernando il restera une chose positive et j’espère que sur le long terme c’est celle-ci qui prédominera, c’est la découverte de la plage dite des « américains » sur laquelle nous voyons les traces d’une dizaine de très grosse tortues venues pondre la nuit précédente.


Marie et moi rentrons au bateau vers 17h et à 19h dans la nuit noire je vais les rechercher au ponton. 

Arrivés sur Graoully ils nous confirment qu’ils font leur bagages, nettoient leur cabines et quittent le bord. 

Une discussion s'engage de nouveau sur le fait qu'ils prétendent que nous les éjectons du bateau alors que le matin même tout le monde à bord avait conclut qu'une séparation s'imposait ! Encore une fois nous sommes désignés responsables et eux victimes ! 


Je mets un terme à cette discussion complètement stérile, et leur demande de charger leurs sacs sur le dinghy, bien chargés nous quittons Graoully et je les ramène sur le quai du port où nous nous quittons sur un adieu murmuré du bout des lèvres. 


Je disparais dans la nuit pour rejoindre Marie. Je me sens soulagé de ce départ, j’ai le sentiment d’ouvrir une valve d’où s’écoule la pression que j’ai accumulée ! 


Nous n'en revenons encore pas de cet épisode et nous persuadons de ne plus en parler pour tourner la page. On fera le point dans quelques jours quand la tension aura disparue complètement. 


Nous faisons quelques préparatifs en vue de notre départ demain matin vers 8h. Destination Jacaré avec environ 48h de navigation, 445 Milles nautiques. L’aventure continue… mais à deux et c'est tant mieux ! 


Mardi 15 et mercredi 16 Février:


Ce mardi matin à 8h30 nous remettons le moteur du dinghy sur son support à l'arrière de Graoully, puis nous levons l'ancre.


Nous hissons la grand voile avec deux ris et déroulons le génois. Les alizés soufflent à 15 noeuds nous avançons à près de 8 noeuds, la mer est belle.


Nous aurons une navigation jusqu'aux cotes brésilienne sur un seul bord à 100 degré du vent. Un seul souci c'est que nous avions prévu de mettre 48h donc d'arriver vers 8h à l'entrée du fleuve Paraïba mais notre tradeur nous indique qu'avec notre vitesse nous arriverons vers minuit ! Et nous ne savons pas si les balises du chenal du fleuve sont éclairées, ni si nous pourrons jeter l'ancre devant la marina sans risque aussi nous affalons la grand voile en fin d'après-midi, enroulons même le génois à 50% et c'est à la vitesse de deux noeuds que nous finissons le parcours.


A cinq heure du matin le jour se lève et nous passons les balises verte et rouge de l'entrée du fleuve. Nous remontons ainsi le cours d'eau pendant une vingtaine de kilomètres avant d'atteindre la marina où nous jetons l'ancre à coté d'Agapé le bateau de nos amis Ines et Mathieu arrivés un jour plus tôt.








Ça y est notre traversée est désormais vraiment achevée et nous nous sentons fiers et surtout heureux d'avoir fini à deux sans cette oppression permanente que nous avions connue lors de la première partie.



Extrait du carnet de voyage Marie:








 









































 


 




 



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