CHAPADA DIAMANTINA 15 - 16 - 17 Mars 2023
Nous reprenons la route ce matin pour le parc de Chapada Diamantina où nous allons randonner trois jours. Nous retrouvons les convois de camions de grande longueur et pour les doubler il faut s’armer de courage !
Après 6 heures de route nous atteignons la petite ville de Lençois où nous galérons un peu pour trouver notre auberge. Marie s’arrête au bureau des guides qui nous orientent vers notre hébergement.
C’est une auberge de jeunesse en fait mais nous avons pris une chambre double, la nuit en dortoir ne nous attire pas plus que ça ! Nous allons faire un petit tour à pieds le long de la rivière pour nous dégourdir les jambes. Le bord de la rivière est très joli.
Nos amis Isabelle et Bruno arrivent quelques heures plus tard et nous allons dans la soirée diner dans un très petit resto autour d’un repas Brésilien excellent.
Le matin après le petit déjeuner, débriefing avec nos guides sur le programme des 3 prochains jours qui est bien chargé. Nous sommes 11 personnes, un groupe de 7 jeunes de 25-30 ans qui randonneront deux jours et un groupe de 3 qui feront une troisième journée.
Nous embarquons nos sacs à dos dans les 4X4 et c’est parti pour 2h30 de voiture dont 1h30 de piste ! Je ne pensais pas que le 4X4 était aussi épuisant ! Nous sommes secoués de partout et il faut se cramponner pour ne pas tomber sur le voisin !
Nous faisons une halte dans une petite ville avant d’aborder la piste. J’en profite pour acheter quelques barres de céréales dans un mercado afin d’avoir quelques provisions en cas de coup de pompe pendant la marche qui risque d’être ardue par moment. Je m'installe pour boire un café en terrasse où je suis rejoins par Bruno.
Un kilomètre pour atteindre la pente escarpée et nous attaquons la montée par 40 degrés au soleil ! Le chemin qui au début serpente, se redresse et nous grimpons presque de face au milieu des rochers. Les marches sont hautes et les quadriceps sont sollicités ! Surtout boire beaucoup pour rester hydraté et éviter un incident musculaire.
Évidemment rapidement un écart se creuse entre les jeunes de moins de 30 ans et les « vieux » de plus de 60 ! Ah vieillir, vieillir !!
Isabelle est particulièrement à la peine et souffre de ses genoux ! Ça ne s’annonce pas trop bien pour la suite car nous n’en sommes qu’au tout début. Une fois en haut nous arrivons sur un beau plateau et faisons une pause avant de poursuivre la randonnée qui se poursuit sur un terrain relativement plat.
Nous apprécions particulièrement la végétation d’altitude (environ 1000 mètres au dessus de la mer). Marie est aux anges et n’arrête pas de solliciter les guides pour connaitre le nom de telle ou telle plante.
Le plateau a une fin et nous faisons une pause pour prendre un repas qui est le bienvenu !
Après avoir traversé le gué d’une rivière aux eaux d’un rouge très foncé dû aux oxydes de fer et aux tanins contenus dans le sol nous nous préparons à descendre.
Zé notre deuxième guide nous dit de profiter de la rivière pour remplir nos gourdes car l’eau d’après lui est parfaitement potable même si elle est rouge ! Je remplis ma bouteille et j’ai un peu de mal à boire cette eau d’une couleur impressionnante ! Je crois que la dernière fois que j’ai bu de l’eau de montagne directement dans une rivière date de 35 ans dans les alpes. Depuis je n’ai jamais osé en boire sans la désinfecter avec des pastilles au préalable. Notre copain Bruno qui est médecin préfère ne pas en boire. Personnellement je fais confiance aux guides et suis persuadé que dans une rando de cette difficulté et avec la chaleur que nous avons, il faut boire 4 à 5 litres d’eau par jour et que donc nous n’avons pas d’autre choix que de faire comme les guides.
Tout ce qui a été monté doit être descendu et l’inverse est vrai aussi, c’est la loi de la montagne ! Le chemin qui redescend du plateau est aussi escarpé qu’à la montée et l’écart se creuse de nouveau, les genoux grincent et sont douloureux, les équilibres sont parfois instables !
Mais après une heure de descente nous atteignons le fond d’une vallée recouverte d’une végétation luxuriante dans laquelle serpente un petit ruisseau. Les premiers ont pu voir un serpent engloutir un crapaud, lorsque j’arrive je ne peux voir que la queue du serpent qui s’enfuie dans un bosquet !

Le ruisseau rejoint une belle rivière que nous longerons pendant encore plus de 3 heures jusqu’à notre auberge du soir. Nous marchons presque tout le temps dans le lit de la rivière, il n’y a pas vraiment de chemin sauf aux endroits où il y a des cascades alors un chemin a été taillé dans la forêt pour les contourner.
Nous profitons d’ailleurs d’un arrêt au pieds d’une cascade pour se baigner dans une eau qui nous parait plutôt fraiche par rapport à la chaleur ambiante ! Les lieux sont superbes et beaucoup d’arbres sont en fleur. On se régale et l’eau froide apaise les douleurs musculaires.
Nous arriverons juste avant la nuit à notre pousada (auberge en portugais), sous ces latitudes vers 18h la nuit tombe très vite et personnellement je me régale de marcher dans la pénombre de la forêt avec tous les bruits de la nuit qui commence. Les crapauds sonneurs qui chantent sur la rivière, les oiseaux nocturnes qui cessent leur chants le temps que nous passions et qui les reprennent juste après, le bruit de l’eau qui ruisselle sur les cailloux. Et en cadeau cette odeur de terre et de plantes humides à laquelle s’ajoute la fraicheur nocturne. Un monde s’éteint et un autre, celui de la nuit s’éveille !
Les jeunes arrivés depuis une heure nous attendaient et disent nous avoir réservé les meilleures chambres ! Ils sont une bande très joyeuse et sympa. Il y a 4 Français qui se connaissent de par leurs études, un belge flamand prof de français à Bruxelles, et un couple de deux norvégiens. A ce groupe s’ajoute Jean-Louis que nous avons surnommé petit poussin un gars de Cahors de notre âge mais qui a beaucoup marché ces derniers mois en Colombie et au chili et qui a donc plus la frite que nous qui venons de passer les 10 derniers mois sur un bateau… et ce n’est pas à bord d’un voilier que les jambes travaillent !
Nos 3 guides qui non seulement portent des sacs à dos dignes de sherpas de l’Himalaya font à manger le midi et le soir. Pendant que nous récupérons confortablement installés devant une caïpirinha ou un jus de maracuja (fruit de la passion) eux cuisinent pendant deux ou trois heures les aliments (pour trois jours et 10 personnes !!) qu’ils ont trimbalé toute la journée pour nous servir un diner exceptionnel ! Nous proposons d’aider ce qu’ils refusent catégoriquement !
Le soir après le repas il y un topo avec Kevan. Il y aura trois groupes demain. Les jeunes qui finissent leur deuxième jour et repartent, un groupe constitué de Jean-Louis, Bruno et moi avec Kévan comme guide qui monteront au sommet de la montagne proche et un groupe constitué de Marie et Isabelle avec Zé comme guide. L’ascension au sommet étant jugé trop difficile pour Marie et surtout Isabelle qui a vraiment mal aux genoux. Les filles sont déçues car elles auraient préféré Kévan que Zé car ce dernier ne parle que Portugais et les échanges seront donc quasi inexistants. Nous nous retrouverons le soir à la pousada.
Le matin après un petit dej’ aussi exceptionnel que le repas du soir nous faisons nos adieux au groupe des jeunes que nous avons vraiment beaucoup appréciés.
Comme nous repasserons par la pousada après notre ascension du sommet voisin nous nous allégeons au maximum. Brunon et moi partageons un seul sac à dos avec uniquement de l’eau. Nous avons bien fait car l’ascension est effectivement éprouvante. Par endroit on est plutôt en escalade qu’en randonnée, personnellement je suis aux anges. Nous croisons un macaque qui nous observe depuis la cime d’un arbre. Il fait peut être 1m20 de haut il est superbe mais cette vision restera fugace car il s’enfuit vite d’arbre en arbre .
Sous le sommet nous traversons la montagne par une grotte d’effondrement sur deux cents mètres environ. Je fais appel à mes cours de géologie lorsque je pratiquais la spéléologie et j’explique à mes compagnons la formation de cette grotte.
La grotte débouche sur l’autre versant dans une grosse zone d’éboulis que nous escaladons pour atteindre le sommet. Waouh !! Quelle vue incroyable nous avons alors !
Tout est exceptionnel ici jusqu’au repas que nous prépare Kévan qui rape des légumes frais pour nous faire une salade digne d’un palace !
Quoiqu’il en soit nous atteignons le bas de la pente et notre chemin du départ qui nous conduit à la pousada où nous récupérons nos affaires.
Par le chemin boisé du fond de vallée nous rejoignons les filles à la deuxième pousada qui est très jolie nichée au milieu des arbres en fleurs. Elles ont bien marché elles aussi même si le dénivelé était moindre.
Le lendemain matin au programme retour jusqu’à la voiture. Cela signifie remonter sur le plateau et en redescendre. La marche prévue est de 21 kilomètres ! Je suis un peu inquiet pour Marie et Isabelle car nous avons souvent fait plus de 20 kilomètres en France et je sais qu’avec le dénivelé ça va être dur pour elles. Kévan qui a bien senti la chose propose deux groupes un qui va faire le parcours prévu avec le passage à une grande cascade et le deuxième qui prendra un autre chemin pour raccourcir à 17 kilomètres.
Bruno et moi décidons de rester solidaire des filles, Petit poussin ira seul avec Kevan jusqu’à la grande cascade. La montée jusqu’au plateau est progressive et finalement se fait en douceur.
Dans un pli du terrain nous franchissons une petite rivière sur un petit pont improvisé. Arrivés sur l’autre berge je me baigne un peu mais personne ne m’accompagne.
Nous repartons sur ce vaste plateau qui ressemble à une lande. Beaucoup de zones marécageuses qui me rappellent les tourbières d’Irlande. Quelques chevaux broutent par endroit.
Après quelques heures nous atteignons la lèvre du plateau et nous apercevons au loin dans la plaine le 4X4 qui est déjà à nous attendre. Zé déballe les dernières provisions et nous prépare un repas qu’il nous sert sur une nappe à fleurs qu’il étale sur une roche plate ! On se croirait au restau !
Quelques oiseaux font des allers et retours dans les branches voisines attendent qu’on déguerpissent pour venir glaner quelques miettes.
Rassasiés nous entamons la descente que nous avions empruntéedans l’autre sens il y a deux jours. En 1h15 nous arrivons au 4X4 et chargeons les sacs à dos dans le coffre. Kevan et Jean-Louis nous hèlent en criant depuis la lèvre du plateau et sans s’arrêter ils nous rejoignent en moins d’une heure.
Nous reprenons la route, 1h30 de piste et une heure de route goudronnée. Arrivés à l’auberge nous filons sous une douche fraiche et nous reposons un peu avant d’aller diner dans un restau avec Petit poussin. Nous sommes très contents de ces trois jours dans la Chapada même si le niveau était un peu élevé pour nos jambes aux muscles un peu atrophiés par 10 mois de navigation.
Encyclopédie: Le parc national de la Chapada Diamantina (en portugais : Parque Nacional da Chapada Diamantina) est un parc naturel du Brésil situé dans l'environnement de la chapada Diamantina, dans l'État de Bahia (Nord-Est du Brésil) ; le parc est situé à environ 400 km de Salvador, la capitale d'État. Créé en 1985 après décret fédéral, il couvre une région de 1 520 km2 et comprend les municipalités principales d'Andaraí, Ibicoara, Itaetê, Lençóis, Mucugê et Palmeiras.
Le nom du plateau a été donné par le géologue allemand Ludwig von Eschwege au xixe siècle. Le terme chapada est un mot brésilien faisant référence à un type de formation géologique d'une hauteur dépassant les 600 m et qui présente une partie plane en son sommet ; cette formation se détache du reste du paysage, généralement de faible altitude. Le nom Diamantina fait référence à l'activité de recherche de diamants qui a eu lieu dans la région, au milieu du xixe siècle.
Géologie:
La chapada Diamantina a subi plusieurs changements géologiques et climatiques jusqu'à aujourd'hui. La région est composée de roches sédimentaires qui se sont déposées il y a 1,8 à 0,7 milliard d'années. Autrefois, la région était recouverte d'eau salée et l'érosion a créé jusqu'à aujourd'hui un terrain très accidenté, avec de grands sommets rocheux, des pentes abruptes, des vallées étroites et profondes, de grandes surfaces planes et de haute altitude (chapada), un système de grottes, de canyons et de rivières2. L'altitude moyenne dépasse les 1 000 m, le pic de la Barbade culminant à 2 033 m. La région contient des gisements de fer, de manganèse, de bauxite, de diamant et d'or. L'eau de certaines rivières apparaît rougeâtre dû à la présence de tanins.
Cette région est constituée de roches silicoclastiques et volcaniques du Protérozoïque. Ces roches sont stratigraphiquement divisées en quatre groupes comme suit: Rio dos Remedios Groupe (Paléoprotérozoïque), les groupes de Paraguaçu et Chapada Diamantina (Mésoprotérozoïque) et le groupe Una (Néoprotérozoïque)3.
Histoire: Les premiers habitants de la chapada Diamantina étaient des Indiens. Au xviie siècle, vinrent les Africains et les Portugais, qui lancèrent une économie basée sur l'exploitation de l'agriculture puis sur l'extraction de l'or et des diamants. La chapada a été progressivement peuplée par les grands exploitatants agricoles et les communautés de marronnage (anciens esclaves, descendants des communautés formant les quilombos) jusqu'à la découverte de gisements d'or et de diamant. L'exploration minière pour l'or a duré près d'un siècle. À cette époque, fut créée la route Estrada Real pour transporter le minerai, celle-ci reliant le nord et le sud de la chapada, de Jacobina à Rio de Contas. Avec le déclin de la production d'or a commencé l'exploitation de diamant, renouvelant la population de la région, et entérinant les négoces avec les commerçants français, anglais et allemands, sur une période de 26 ans. L'exploration a commencé à Mucugê puis s'est répandue aux colonies de Barra da Estiva, Rio de Contas, Igatu, Andaraí et Morro do Chapéu, définissant ainsi la région aujourd'hui connue sous le nom de chapada Diamantina, faisant allusion à l'abondance de minerai et sa formation géologique. Entre 1980 et 1996, l'extraction de diamant est mécanisée, puis interdite par la création du Parc National de la Chapada Diamantina, qui lança le tourisme et son économie
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